Non, la guerre en Ukraine n'est pas finie, mais le chef de l'OTAN ne veut pas rempiler une quatrième fois

Malgré l'insistance des États membres de l'Alliance qui saluent sa « réussite exceptionnelle », Jens Stoltenberg, le chef de l'OTAN, souhaite quitter ses fonctions en octobre prochain. En poste depuis 2014, l'ex-Premier ministre de la Norvège cumule déjà neuf années à la tête de l'Alliance Atlantique, ayant déjà accepté de prolonger son mandat en raison du début de la guerre en Ukraine.
Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN, au cours d'une visite le 9 novembre dernier à Rishi Sunak, est allé rencontrer les membres de l'opération Interflex, un programme de formation dirigé par le Royaume-Uni pour les forces armées ukrainiennes, lors d'une visite au camp de Lydd, dans le Kent.
Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN, au cours d'une visite le 9 novembre dernier à Rishi Sunak, est allé rencontrer les membres de l'opération Interflex, un programme de formation dirigé par le Royaume-Uni pour les forces armées ukrainiennes, lors d'une visite au camp de Lydd, dans le Kent. (Crédits : Reuters)

Citant des sources diplomatiques, le journal allemand Welt am Sonntag (édition dominicale du grand quotidien Die Welt) a rapporté ce dimanche matin que le mandat de Jens Stoltenberg, qui doit se terminer en septembre 2023, serait prolongé jusqu'en avril 2024 en raison de sa « réussite exceptionnelle » et afin de garantir la stabilité de l'alliance alors que le conflit perdure en Ukraine.

Mais l'intéressé veut-il vraiment rester ? se demandait tout haut le quotidien, comme s'il interpelait ses lecteurs (voir note en pied d'article*).

Pour rappel, le mandat de Jens Stoltenberg, économiste de formation qui a été Premier ministre de Norvège de 2000 à 2001 et de 2005 à 2013, a déjà été prolongé l'an dernier pour la troisième fois, pour totaliser neuf années de mandat.

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Entre 75e anniversaire de l'OTAN et présidence de la Banque Mondiale, pourquoi pas une prolongation de plus ?

Les sources diplomatiques du Welt am Sonntag indiquent que la prolongation aurait deux vertus pour les États membres: d'une part, donner à Stoltenberg l'occasion de présider le sommet anniversaire de l'OTAN pour le 75e anniversaire de l'Alliance, qui devrait avoir lieu en avril 2024 à Washington.

Et d'autre part, le calendrier serait alors raccord avec une nouvelle opportunité de poste : le chef de l'OTAN a en effet de « bonnes chances » de devenir le prochain président de la Banque mondiale.

En mars 2022, Jens Stoltenberg était alors pressenti pour prendre la tête de la banque centrale de Norvège (Norges Bank qui gère le fonds souverain norvégien, le plus important au monde), mais après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les dirigeants de l'Alliance avaient proposé de prolonger le mandat de Jens Stoltenberg jusqu'au 30 septembre 2023 et il avait décliné l'offre pour accepter ce troisième mandat de prolongation à la tête de l'OTAN qui se termine en septembre.

«  Honoré par la décision des chefs d'État et de gouvernement de l'OTAN de prolonger mon mandat de secrétaire général jusqu'au 30 septembre 2023 », avait écrit M. Stoltenberg sur Twitter jeudi (24 mars 2022) après que les dirigeants de l'OTAN se sont réunis pour un sommet d'urgence à Bruxelles, rapportait Euractiv ce 24 mars 2022.

« Alors que nous sommes confrontés à la plus grande crise de sécurité depuis une génération, nous sommes unis pour que notre Alliance reste forte et que nos peuples soient en sécurité », avait-t-il ajouté.

Et donc, aujourd'hui, une nouvelle prolongation de quelques mois, jusqu'en avril 2024, semblait cohérente au regard de ces sources avec la fin du mandat de cinq ans du président de la Banque mondiale David Malpass, qui a débuté en avril 2019, et doit s'achever... en avril 2024.

Fin du suspense, Stoltenberg ne prolongera pas

Le suspense n'aura pas duré longtemps, une porte-parole de l'Alliance atlantique annonçant officiellement ce même dimanche la renonciation du secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg : en fonction depuis 2014, il ne souhaite pas prolonger une nouvelle fois son mandat, au-delà du terme prévu d'octobre.

Jens Stoltenberg « n'a pas l'intention de demander une nouvelle prolongation de son mandat », a déclaré Oana Lungescu, la porte-parole de l'OTAN. « Le mandat du secrétaire général a été prolongé trois fois, et il a servi pendant un total de presque neuf ans », a-t-elle précisé.

Un mandat marqué par la crise afghane mais surtout l'Ukraine dès 2014

L'ex-Premier ministre norvégien, qui aura 64 ans en mars, avait pris la tête de l'Alliance atlantique en octobre 2014. Premier chef de l'OTAN issu d'un pays frontalier de la Russie, son mandat a commencé sur fond de confrontations entre la Russie et l'Ukraine -déjà- quelques mois après l'annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée.

Avec la gestion de la crise afghane et celle des critiques américaines adressées à l'Otan sous la présidence Trump (2017-2021), ses neuf années auront en grande partie été marquées par le conflit entre Russie et Ukraine aux portes de l'Europe.

Sous sa direction, l'Otan a entamé une profonde mue pour s'adapter et répondre au défi russe.

« Sous la direction de M. Stoltenberg, l'OTAN, confrontée à un environnement de sécurité plus complexe, a procédé au plus grand renforcement de sa défense collective depuis la fin de la Guerre Froide, a accru la disponibilité opérationnelle de ses forces et a déployé des troupes de combat dans la partie orientale du territoire de l'Alliance », peut-on lire sur le site de l'OTAN.

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Qui pour le remplacer à la tête de l'OTAN ?

L'an dernier, lorsque les rumeurs allaient bon train sur sa nomination à la Banque centrale de Norvège - qu'il finira par décliner -, RFI, faisant le point sur les potentiels successeurs de Jens Stoltenberg, premier chef de l'OTAN issu d'un pays frontalier de la Russie, rapportait que, selon certaines sources, les noms de deux anciennes présidentes baltes circulaient : l'Estonienne Kersti Kaljulaid et la Lituanienne Dalia Grybauskaitė.

Le média ajoutait au passage, que si cela se réalisait, la nomination d'une personnalité non seulement issue d'un pays frontalier mais en plus ex-membre de l'Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) pouvait constituer un irritant supplémentaire pour le géant russe.

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Un ex-Premier ministre en exercice lors des attentats d'Oslo et d'Utøya

Rappelant notamment que lorsqu'il était Premier ministre, il avait augmenté les dépenses de défense de la Norvège, le site signale que Jens Stoltenberg est celui qui a mis fin à un différend vieux de 30 ans avec la Russie en signant avec Moscou un accord sur la délimitation  des frontières maritimes en mer de Barents et dans l'océan Arctique.

Le site de l'OTAN rappelle aussi que Jens Stoltenberg était Premier ministre le 22 juillet 2011, jour où Oslo et Utøya ont été frappées par des attentats terroristes, qui ont fait 77 morts.

Il avait alors préconisé, en réponse à ces actes de violence, de faire preuve « plus que jamais, de sens démocratique, d'ouverture et d'humanité, mais jamais de naïveté » :

« J'ai un message pour celui [Anders Behring Breivik, Ndlr] qui nous a attaqué et pour ceux qui sont derrière tout ça: vous ne nous détruirez pas. Vous ne détruirez pas la démocratie et notre travail pour rendre le monde meilleur. Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d'ouverture et de tolérance. »

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(*) Lire aussi : Nato-Staaten wollen Amtszeit von Jens Stoltenberg verlängern - aber will er auch bleiben? (en français : « Les pays de l'OTAN veulent prolonger le mandat de Jens Stoltenberg - mais veut-il rester ? »

(avec AFP, Reuters et Die Welt)

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Commentaires 7
à écrit le 14/02/2023 à 14:17
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Il est le mieux placé pour savoir que l'on fait une énorme co....ie ! ;-)

à écrit le 14/02/2023 à 12:49
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cette guerre va durer 10 ans; meme si les ukrainiens ' perdent' la guerre, ca continuera en guerilla, et on ne voit pas comment les russes peuvent tenir un pays grand comme la france, avec 40 millions d'habitants........les ukrainiens, eux, n'ont rie...

à écrit le 13/02/2023 à 17:05
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Considérer la Russie comme un géant : ok, mais seulement en kilomètres carrés !

à écrit le 13/02/2023 à 11:42
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Quand le poste demande rien à faire ça va mais là il doit bien sentir que ça commence à sentir le roussi. On va y coller un idéologue, dingue et ambitieux ça ferra l'affaire .

à écrit le 13/02/2023 à 0:49
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Ca sent le sapin.

à écrit le 12/02/2023 à 19:10
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"réussite exceptionnelle" est le mot : il a bien poussé la Russie à attaquer l'Ukraine. Et c'est exceptionnel en effet: on n'avait pas eu de guerre en Europe depuis 77 ans.

à écrit le 12/02/2023 à 15:34
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L’OTAN c’est Washington qui attrape des boutons lorsqu’ils entendent le mot communiste ou socialiste ils ne font pas la différence. Si nous prenons le cas de la Russie certes nous n’avons pas le même rapport à l’état de droit même si chez nous il est...

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