Système antimissile russe S-400 : Trump ne va pas du tout aimer la livraison à la Turquie

La Russie commencerait à livrer à la Turquie son nouveau système de défense antimissile S-400 à partir de 2019.
la livraison du système de défense antimissile S-400 à partir de 2019 est le principal sujet d'inquiétude de Washington en Turquie
la livraison du système de défense antimissile S-400 à partir de 2019 est le principal sujet d'inquiétude de Washington en Turquie (Crédits : Maxim Shemetov)

Entre l'Iran, la Chine, la Russie et la Turquie, sans oublier la Corée du Nord - cinq puissances qu'il veut mettre au pas -, Donald Trump est actuellement au four et au moulin. Et le président américain ne va pas aimer, mais vraiment pas, les dernières déclarations du fabricant d'armes russe Rosoboronexport, qui a annoncé que la Russie commencerait à livrer à la Turquie son nouveau système de défense antimissile S-400 à partir de 2019, a rapporté l'agence de presse Interfax. Rosoboronexport a fait savoir que le paiement de ces équipements militaires se ferait en devises locales et non en dollars, a pour sa part indiqué l'agence Ria.

C'est le principal sujet d'inquiétude de Washington en Turquie. Les Etats-Unis ont d'ailleurs fait part à plusieurs reprises de leur préoccupation à l'idée que ce pays membre de l'OTAN dispose de systèmes de défense russes qu'ils jugent incompatibles avec la sécurité d'armes de fabrication américaine utilisées par l'armée turque. Les relations entre la Turquie et les Etats-Unis se sont très nettement dégradées après que Donald Trump a décidé de doubler les taxes douanières sur l'acier et l'aluminium turcs et a brandi la menace de sanctions supplémentaires. Cette décision a accéléré la chute de la livre turque face au dollar et le président Recep Tayyip Erdogan a accusé Washington de mener un "complot économique" contre son pays.

Les F-35 turcs en otage?

Le Congrès américain a voté début août un budget interdisant au Pentagone de remettre à la Turquie le moindre avion de combat F-35 tant qu'Ankara ne se serait pas engagé à ne pas finaliser ses négociations sur l'achat de S-400. Le Congrès américain a par ailleurs adopté en 2017 une loi, soutenue par les républicains et les démocrates, afin de punir la Russie pour son attitude en Ukraine et pour son ingérence dans l'élection présidentielle américaine. Cette loi, baptisée Caatsa (Counter America's Adversaries Through Sanctions Act), impose des sanctions économiques contre toute entité ou pays qui conclut des contrats d'armement avec des entreprises russes. Elle menace donc la Turquie si elle confirme l'achat de systèmes de défense antiaérienne S-400.

Les Etats-Unis ont pourtant livré fin juin le premier F-35 à la Turquie, malgré les tensions croissantes avec ce pays. Mais ces appareils vont dans un premier temps rester aux Etats-Unis pendant toute la formation des pilotes turcs, un processus qui peut prendre un à deux ans selon le Pentagone. "Les Etats-Unis restent en possession de l'avion jusqu'à son transfert qui intervient normalement après un long processus de formation", a toutefois expliqué fin juin Wess Mitchell, chargé des relations avec l'Europe et l'Otan au département d'Etat américain. Il estimait que Washington pouvait juridiquement mettre fin à la transaction, notamment en lien avec "des préoccupations de sécurité nationale".

"Une acquisition de S-400 aurait inévitablement des conséquences sur l'avenir de la coopération militaro-industrielle turque avec les Etats-Unis, y compris concernant les F-35", avait affirmé Wess Mitchell. "Nous avons été on ne peut plus clairs, en privé comme en public: une décision sur les S-400 changera les relations américano-turques de manière difficilement remédiable".

Washington tente de convaincre Ankara d'acheter le Patriot

Par ailleurs, les Etats-Unis tentent de convaincre la Turquie d'acheter leur système antimissiles Patriot au lieu du russe S-400. "L'objectif de notre point de vue est, avant tout, de faire en sorte que les systèmes achetés par nos alliés soient conformes aux relations stratégiques entre nous et nos alliés", avait récemment expliqué la chargée des affaires politico-militaires au département d'Etat américain, Tina Kaidanow. Et d'ajouter que "nous voulons qu'ils comprennent quels sont les inconvénients, les inconvénients réels et graves, de certains achats, notamment de l'acquisition de S-400 aux Russes, et qu'ils continuent plutôt de s'intéresser à nos systèmes pour donner la priorité à l'interopérabilité".

"Dans le cas de la Turquie, ce sont, de notre point de vue, les Patriots, et nous essayons de fournir aux Turcs une vision de ce qu'on peut faire au sujet des Patriots", avait-elle précisé en juillet lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes depuis le salon aéronautique de Farnborough au Royaume-Uni.

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Commentaires 15
à écrit le 23/08/2018 à 19:05
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Tout état qui fait des transactions hors dollar se révèle être indépendant de la loi américaine qui poursuit quiconque dans le monde . Sauf que nous, on a Macron : la finance internationale ; il n'a n'en rien à faire des entreprises françaises .

à écrit le 23/08/2018 à 0:32
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Convaincre les turcs d'acheter de quoi vous taper dessus? Un autre accord en préparation?

à écrit le 22/08/2018 à 18:46
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On assiste à un renversement des alliances sur fonds d, elle avance à petits pas avant des plus grands et la Turquie semble vouloir recréer l'Empire Ottoman. Que les pays concernés y réfléchissent bien, est-ce que la Russie ou la Turquie seront de m...

à écrit le 22/08/2018 à 16:22
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Comment voulez vous réduire la nuisance de l'OTAN, si vous n’éliminez pas les "alliés" un par un? Sur ce coup là, Trump ne se trompe pas!

à écrit le 22/08/2018 à 15:35
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La Russie a de nombreux défauts mais elle est un allié fiable capable de tenir tête aux USA dans la région. Quant aux russes, il vont s'allier avec un pays de l'OTAN, d'un point de vue militaire cette alliance n'a pas de prix.

le 22/08/2018 à 18:22
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Pourquoi ...?

à écrit le 22/08/2018 à 13:22
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D'une il me semble que la Turquie a demandé pendant près de 10 ans à acheter des Patriot et on le le lui a dédaigneusement refusé et de deux le fond du problème est que si les turcs opèrent le F-35 "furtif" et les S-400 ils risquent de s'apercevoir q...

à écrit le 22/08/2018 à 12:46
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Je me demandais bien pourquoi Trump s'acharnait sur la Turquie: en fin de compte, un business pris par les Russes et pas payé en dollar.... un brèche majeure qui créerait un dangereux précédent, inacceptable pour le lobby des marchands de canons US ...

à écrit le 22/08/2018 à 12:06
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Vite un tweet de Trump ? Si les Russes réussissent à botter en touche les US en Turquie, ça risque de poser quelques questions de la sécurité de l'Europe sur son flanc est.

à écrit le 22/08/2018 à 11:01
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bah la turquie est plus ou moins en conflit avec la grèce qui est aussi une alliée. Occupe le nord de chypre qui est aussi une alliée, de toute façon il n y a pas de futur pour une alliance avec eux, comme il n y a pas de futur à cause de la polluti...

à écrit le 22/08/2018 à 8:24
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"les inconvénients réels et graves"= ah, la jolie et douce menace d'ingérence ainsi formulée. Traduction : "Si vous ne voulez pas voir débouler d'ici peu une révolution créée, organisée et équipée par la CIA, merci de faire un gros chèque pour les m...

à écrit le 22/08/2018 à 8:23
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On peut se demander quel est l'objectif de R.T Erdogan. Cordialement

le 22/08/2018 à 9:20
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Erdogan met en concurrence ses fournisseurs pour avoir le meilleur tarif. Et comme il vient de se faire prendre par Trump, il s'est rendu compte que les Ricains ne sont pas fiables et ne recherchent en fait dans leurs "partenaires" et "alliés" que de...

le 22/08/2018 à 9:22
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Erdogan a tjrs deux fers au feu. C'est sa strategie, merdique, mais il s'en fout.

le 22/08/2018 à 12:40
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De se découpler des states prédateurs et interventionnistes depuis trop longtemps, c' est essentiel et ce que l' UE aurait du faire depuis très longtemps..

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