Polémique autour du redressement judiciaire de Doux

Le Ministère du redressement productif indique que la décision de déposer le bilan est un choix personnel de Jean-Charles Doux, son actionnaire de référence. Barclays, son créancier, la regrette. Les Verts dénoncent « l'absurdité du modèle agro-industriel soutenu à bout de bras par des subventions publiques ».
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A la veille des élections législatives, la mise en redressement judiciaire du groupe Doux n?est manifestement pas du goût du gouvernement. Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, et Stéphane Le Foll, ministre de l?agriculture et de l?agroalimentaire, l?ont clairement fait savoir. Par communiqué, les deux ministres ont fait valoir leur mobilisation « sans relâche ces dernières 48 heures pour trouver une solution équilibrée permettant le maintien de l?activité du groupe et la sauvegarde de ses emplois ». Avant de révéler que « Charles DOUX a pris la décision personnelle de refuser cette solution qui garantissait l?apport de 35M? au groupe, de rompre ces négociations et de déposer le bilan ».

Le gouvernement assure être du côté des salariés

Arnaud Montebourg et Stephane Le Foll s?en désolidarisent. « Cette décision relève de sa seule responsabilité », regrettent-ils, en assurant être désormais aux « côtés des salariés et des éleveurs ». Vendredi matin, Jean-Marc Ayrault avait assuré tout faire pour éviter le dépôt de bilan. Il n?y sera pas parvenu. 

La Barclays regrette cette décision

La banque Barclays est également furieuse de cette « décision unilatérale menée sans consultation des parties prenantes». La banque d?affaires dispose d?une créance de 140 millions d?euros, sur les 437 millions de dettes contractées par l?entreprise bretonne. « Nous sommes extrêmement déçus par la décision de M. Doux d?abandonner les discussions en cours et de déposer le bilan aujourd'hui. [?] Barclays a soutenu le groupe Doux au cours des cinq dernières années et a travaillé en étroite coordination avec le gouvernement français cette semaine pour présenter un plan de sauvegarde du groupe », avance la banque d?affaires.

Une cellule est mise en place

Alors que le groupe Doux promet de mettre au point un plan de continuation « privilégiant l?emploi et la pérennité », les salariés s?inquiètent aussi très sérieusement pour leur avenir. « 3.400 salariés seront touchés mais il n'y a pas que le personnel de Doux , il y aura la sous-traitance qui travaille pour le groupe, les aviculteurs, les fournisseurs, ce seront des milliers d'emplois qui seront touchés au niveau de la région Bretagne », a déclaré la déléguée centrale FO, Nadine Hourmant, dans des propos rapportés par l?AFP.

Le gouvernement sait combien les difficultés de Doux pourraient impacter la filière avicole dans son ensemble. Plus de 800 éleveurs travaillent avec le groupe breton. D?où son zèle. Il prévient maintenant qu?il « poursuivra ses efforts pour faciliter la mise en place de solutions industrielles pérennes pour le groupe, dans le respect des règles fixées par le Tribunal de commerce et en pleine coordination avec l?administrateur judiciaire ». Une cellule d?Appui de la Filière Avicole est mise en place.

José Bové exige une expertise du patrimoine des Doux

Les Verts s?agacent aussi de la mise en redressement judiciaire du géant du poulet. Le mouvement écologique voit dans son échec « l?absurdité du modèle agro-industriel soutenu à bout de bras par des subventions publiques". Criblé de dettes, le groupe breton est le premier bénéficiaire français de la PAC. «Depuis 15 ans, le groupe Doux a fonctionné sous perfusion d'aides publiques en engrangeant plus d'un milliard d'euros d'aides européennes", souligne EELV dans un communiqué, rappelant qu'en 2011, le groupe "a reçu 54,9 millions d'euros de subventions". José Bové exige une expertise financière du groupe et du patrimoine de la famille Doux, propriétaire à 80% de la société.
 

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Commentaires 8
à écrit le 05/06/2012 à 10:58
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Prochains membres du conseil d'administration de DOUX.... je pense à J. BOVÉ,A.MONTEBOURG,C.DUFLOT,M.LEBRANCHU... (elle est du coin) ! Bref des gens compétents en économie !

à écrit le 04/06/2012 à 14:41
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Quand une entreprise ne peut pas payer ses fournisseurs, elle a obligation de déposer son bilan. Si son dirigeant ne le fait pas il peut ètre recherché à titre personnel en comblement de passif. M. Doux n'a fait que ce que la loi l'oblige à faire. Le...

le 05/06/2012 à 9:39
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Les dirigeants d'une entreprise qui a autant bénéficié de la PAC doivent mis en face de leur responsabilités. Le patrimoine des Doux s'est accru de 50 millions d'?uros ces deux dernières années, alors que l'entreprise était dans le rouge. Mr Doux a ...

à écrit le 02/06/2012 à 11:46
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Une façon un peu "grinçante" de commenter cette actualité : http://www.grincant.com/2012/06/02/soyez-tout-doux/

à écrit le 02/06/2012 à 6:57
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Les entreprises agroalimentaires françaises sont en concurrence avec les entreprises allemandes aussi bien sinon mieux équipées mais qui ne sont pas soumises à un SMIC "Le coût horaire d?un salarié agroalimentaire français est de 25,70? en France, c...

à écrit le 01/06/2012 à 22:28
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ce n'est qu'un début ......quand on ne comprend rien aux affaires .....

le 05/06/2012 à 10:49
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Il faut s'attendre à un décret démocratique de MONTEBOURG, "manger obligatoirement 4 fois par semaine du poulet DOUX"

à écrit le 01/06/2012 à 21:16
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Vite une quête pour ces miséreux: 146ème fortune de France : Charles Doux et sa famille Sa fortune en 2011 : 330 M? en 2010 : 280 M? soit une hausse de17.86% (source: challenges.fr)

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