CDK Technologies prêt à naviguer au-delà de la course au large

Yannick Bestaven sur Maître CoQ IV, Charlie Dalin sur Apivia, Louis Burton sur Bureau Vallée : le trio de tête du Vendée Globe 2020 a bouclé son tour du monde sur des monocoques 100% CDK Technologies. S’il confirme sa réputation dans le domaine de la course océanique, le chantier naval breton recrute et cherche à diversifier son activité dans d’autres secteurs industriels tels que la mobilité sur l’eau et les EMR. Il fait partie du consortium breton engagé sur le projet Solid Sail / AeolDrive des chantiers de l’Atlantique.
Cet autoclave pour la fabrication de mâts et de pièces en composites fait partie des investissements de 3,5 millions d'euros consentis par CDK Technologies depuis 2016 pour accroître ses capacités de production.
Cet autoclave pour la fabrication de mâts et de pièces en composites fait partie des investissements de 3,5 millions d'euros consentis par CDK Technologies depuis 2016 pour accroître ses capacités de production. (Crédits : B.Philippe_CDK_Technologies)

Lire aussi : Avec Solid Sail, les Chantiers de l'Atlantique veulent verdir la croisière

En monocoque ou en multicoque, de 50 à 130 pieds, CDK Technologies est régulièrement associé aux victoires des plus grands skippers. Lors du Vendée Globe 2020, Yannick Bestaven sur Maître CoQIV, Charlie Dalin sur Apivia et Louis Burton sur Bureau Vallée ont signé un podium 100% CDK.  C'est la quatrième fois consécutive et la cinquième sur neuf éditions, qu'un bateau construit par le chantier naval basé à Port-la-Forêt et à Lorient remporte ce tour du monde.

Chantier reconnu de la « Bretagne Sailing Valley », l'entreprise créée en 1984 par le constructeur Hubert Desjoyeaux, décédé en 2011, est spécialisée dans la construction de voiliers prototypes uniques et la réalisation de pièces composites de haute performance, en carbone pré-imprégné. Ses deux sites ont vu passer dix des trente-trois bateaux au départ de l'édition 2020 du Vendée Globe, soit près d'un tiers de la flotte. Quatre d'entre eux étaient des bateaux neufs et huit étaient des bateaux à foils, ces monocoques nouvelle génération conçus avec des ailerons géants destinés à leur faire gagner de la vitesse.

Si Maître CoQ IV et Bureau Vallée ont été conçus pour l'édition 2016 et respectivement mis à l'eau en 2015 sous les couleurs de Safran et de Banque Populaire VIII, Apivia, a été construit dans l'optique du Vendée Globe 2020. Dessinée comme les deux autres par l'architecte Guillaume Verdier, ce monocoque est le premier bateau entièrement construit sur le site lorientais de CDK Technologies.

« Cette neuvième édition du Vendée Globe a été exceptionnelle pour CDK Technologies » admet Philippe Facque, directeur général du chantier depuis les années 1990. « Les commandes pour le prochain Vendée globe arrivent déjà. Notre industrie montre une grande capacité de rebond malgré la crise sanitaire que nous traversons. 2020 n'a pas marqué de rupture dans le développement de l'activité du chantier. »

3,5 millions d'euros d'investissements depuis 2016

Fort d'un carnet de commande pour 2021 quasiment rempli, le chantier poursuit sa croissance. Si le chiffre d'affaires de 8 millions d'euros montre quand même un recul en 2020, CDK Technologies anticipe une activité 2021 stable au minimum par rapport à celle de 2019, autour de 10 millions d'euros.

Apprécié par les navigateurs de la Route du Rhum ou de la Transat Jacques Vabre pour sa rigueur et ses capacités de fabrication de qualité, CDK Technologies compte des clients fidèles.

95% de sa production est d'ailleurs encore tournée vers la course au large.

Intervenant sur la partie composite des trimarans géants de classe Ultime (32 mètres), qui nécessitent 20 mois de construction et dont les budgets globaux oscillent entre 12 et 15 millions d'euros, la PME accompagne actuellement le futur projet M101 du team Mer Concept de François Gabart, vainqueur du Vendée Globe en 2012 sur Macif. La mise la mise à l'eau du prochain maxi-trimaran Banque Populaire XI d'Armel Le Cleac'h, est pour sa part prévue vers la fin mars. « La réputation du chantier se déploie de plus en plus à l'international. En juillet, CDK livrera un Imoca à l'équipe américaine engagée dans The Ocean Race (ex-Volvo ocean race) 2022-2023 » ajoute Philippe Facque.

La croissance de l'entreprise est notamment portée par l'augmentation de ses capacités de production. Depuis 2016, CDK a investi 3,5 millions d'euros (un million d'euros en 2019-2020) dans la R&D (recherche de formes et de matériaux innovants) ainsi que dans des outils de cuisson de dernière génération. Outre l'agrandissement de ses locaux, elle s'est équipée d'étuves et d'autoclaves de grandes tailles ainsi que de machines de découpe et d'usinage.

30 % du chiffre d'affaires dans l'industrie sous trois ans

Tiré par le marché exigeant de la voile de compétition, cet équipement trouve aujourd'hui des traductions concrètes dans l'industrie, au service de la transition écologique, de la mobilité sur l'eau ou des énergies renouvelables.

Le chantier a déjà transféré son savoir-faire dans la construction de plateformes de yachts de luxe et de pièces industrielles en composite haute performance telles que les mâts, les bômes ou les foils. « Les grosses innovations comme les foils peuvent être adaptées pour les bateaux à passagers afin de limiter la trainée et économiser l'énergie » fait valoir Philippe Facque.

CDK Technologies a aussi fabriqué le prototype de pale nouvelle génération et moins chère des futures hydroliennes D12 que Sabella et Akuo Energy veulent immerger dans le courant du Fromveur dans le cadre d'une ferme pilote multi énergies (projet Phares).

Surtout, l'entreprise fait partie avec Multiplast, AvelRobotics et SMM Technologies du consortium industriel d'entreprises bretonnes engagées dans la conception des gréements et des voiles du projet Solid Sail / AeolDrive présenté par les Chantiers de l'Atlantique de Saint-Nazaire. « Cette solution de propulsion vélique, constituée de trois mâts qui, avec leurs supports, culmineront à plus de 80 mètres de haut, est destinée à de grands navires de 200 mètres de long. Nous construisons un prototype avec un tiers de mât livrable en juin en vue de premiers tests. Si ceux-ci sont concluants, le reste du mât sera fabriqué et testé durant un an sur les quais de Saint-Nazaire » détaille Philippe Facque. « Nous mettons nos compétences au service de l'industrie avec l'objectif que cette diversification représente 30 % de notre chiffre d'affaires d'ici à trois ans. »

Cette stratégie va passer par une réorganisation et une structuration de l'encadrement.

En 2020, l'entreprise, dont l'une des pièces maîtresse est l'actuel directeur industriel, Stéphane Digard, spécialiste du composite, a accru ses effectifs de 10 % et compte près de 100 collaborateurs. Pour mener à bien sa diversification, CDK Technologies entend recruter et constituer un vrai service commercial.

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