Covid-19 : ce qu'on sait et... ce qu'on ne sait toujours pas aujourd'hui

Quelques certitudes, pas mal de doutes, beaucoup d'inconnues... après six mois de pandémie de coronavirus, voici l'état des lieux de nos connaissances sur cette pandémie de coronavirus. En outre, face à la recrudescence de cas de Covid-19, le gouvernement dévoilera vendredi ses décisions à l'issue du conseil de défense pour "donner de la visibilité sur les prochaines semaines".
L'Agence européenne du médicament (EMA) estime que cela pourrait prendre au moins jusqu'au début 2021 pour qu'un vaccin contre le Covid-19 soit prêt à être approuvé et disponible en quantité suffisante pour un usage mondial. Et dans le pire des scénarios, il reste possible qu'on n'arrive jamais à mettre un vaccin au point.
L'Agence européenne du médicament (EMA) estime "que cela pourrait prendre au moins jusqu'au début 2021 pour qu'un vaccin contre le Covid-19 soit prêt à être approuvé et disponible en quantité suffisante" pour un usage mondial. Et dans le pire des scénarios, il reste possible qu'on n'arrive jamais à mettre un vaccin au point. (Crédits : Dado Ruvic)

Le Covid-19 fait aujourd'hui partie de notre vie, six mois après avoir été qualifié de pandémie par l'OMS. Un ennemi intime sur lequel on a beaucoup appris, même si nul ne peut répondre à cette question: qu'est-ce qui nous attend cet automne et cet hiver?

___

CE QU'ON IGNORE ENCORE

  • L'épidémie va-t-elle repartir?

Après les grands brassages de population de l'été et alors que le confinement du printemps est loin, les contaminations augmentent fortement en Europe. C'est le cas en France, en Espagne ou en Grande-Bretagne, même si on est très en-dessous du niveau atteint au pic de l'épidémie, en mars/avril.

"Des milliers de cas par jour, c'est beaucoup (...) C'est forcément préoccupant", a estimé le ministre français de la Santé, Olivier Véran, mardi sur la radio France Inter.

Si cette tendance persiste, le Royaume-Uni va vivre "une période mouvementée dans les mois à venir", a renchéri sur la BBC Jonathan Van-Tam, l'un des responsables des services sanitaires britanniques.

Une augmentation du nombre de personnes infectées va entraîner "mécaniquement" une hausse des cas graves, avec quelques semaines de décalage, a mis en garde Olivier Véran. Mais dans quelles proportions? C'est toute la question.

Echaudés par la première vague, nombre de médecins craignent que les hôpitaux et les services de réanimation finissent à nouveau par être débordés cet automne, comme en mars. Actuellement, le virus circule surtout parmi les jeunes, population peu à risque, mais les personnes âgées et celles en mauvaise santé seront inexorablement touchées, préviennent-ils.

Moins pessimistes, d'autres font valoir que le risque de saturation des hôpitaux est plus réduit qu'au printemps, notamment car les personnes à risque respectent mieux les gestes barrières.

Les plus optimistes, enfin, misent sur l'existence d'une immunité acquise lors de la première vague, qui ferait barrage à la seconde et éviterait une réédition de la catastrophe de mars. Mais ce n'est qu'une hypothèse.

Tous insistent en revanche sur l'importance des gestes barrières et du masque.

  • Réinfections et immunité

Quelques cas de malades guéris puis à nouveau infectés ont été recensés ces dernières semaines dans le monde, relançant la lancinante question de l'immunité.

Le premier cas de réinfection confirmé, un trentenaire de Hong Kong, avait été plus malade la première fois que la deuxième. Les spécialistes y voient un motif d'espoir et le signe que son système immunitaire a appris à se défendre après la première infection.

Surtout, ils insistent sur le fait qu'on ne peut pas tirer de conclusion sur la base de quelques cas seulement. Enfin, ils soulignent que la vraie question n'est pas de savoir si on peut être infecté deux fois, mais plutôt à quel point on est contagieux la deuxième.

Plus largement, l'immunité contre le Covid-19 reste mal comprise. On s'est beaucoup focalisé sur les anticorps, mais des chercheurs espèrent qu'un autre type de réponse immunitaire, basé sur des cellules, les lymphocytes T, puisse freiner l'épidémie. Toutefois, ça n'est encore qu'une théorie.

____

CE QUI EST INCERTAIN

  • Le rôle des enfants

Alors que la rentrée scolaire vient d'avoir lieu dans de nombreux pays, on ne sait toujours pas exactement quel est le rôle des enfants dans l'épidémie.

Une chose est sûre: ils tombent rarement très malades du Covid-19. La plupart d'entre eux ne développe qu'une forme légère, voire n'ont pas de symptôme du tout.

En revanche, on ne sait pas s'ils sont aussi contagieux que les adultes.

"Quand ils présentent des symptômes, les enfants excrètent la même quantité de virus que les adultes et sont aussi contaminants qu'eux. On ne sait pas à quel point les enfants asymptomatiques peuvent infecter d'autres personnes", résume le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).

Plusieurs études ont montré que les enfants semblaient peu transmettre la maladie, peut-être car ils ont moins de symptômes (puisque tousser ou éternuer augmente le risque de passer le virus à quelqu'un).

Nombre d'experts appellent toutefois à distinguer les enfants des adolescents, dont le niveau de contagiosité s'assimilerait davantage à celui des adultes.

  • Vaccin: vite et bien, est-ce possible?

Trouver un vaccin efficace et sûr est considéré comme la meilleure manière de mettre un terme à la pandémie. Mais on ne sait pas quand cela arrivera, malgré de nombreux effets d'annonce dans une compétition planétaire aux enjeux financiers énormes.

Dans son dernier point daté de mercredi, l'OMS recense 35 "candidats vaccins" évalués dans des essais cliniques sur l'homme à travers le monde.

Neuf en sont déjà à la dernière étape, ou s'apprêtent à y entrer. C'est la "phase 3", où l'efficacité est mesurée à grande échelle sur des milliers de volontaires.

États-Unis, Russie et Chine se livrent une bataille à distance et accélèrent les procédures dans l'espoir d'être les premiers à disposer d'un vaccin, avant même la fin de l'année.

Mais les spécialistes appellent à ne pas confondre vitesse et précipitation, car brûler des étapes pourrait poser des problèmes de sécurité.

Illustration de cette indispensable prudence: l'un des projets les plus avancés, mené par le laboratoire AstraZeneca et l'université britannique d'Oxford, a été mis en pause mardi. La cause: l'apparition d'une "maladie potentiellement inexpliquée", peut-être un effet secondaire grave, chez un participant.

L'Agence européenne du médicament (EMA) estime "que cela pourrait prendre au moins jusqu'au début 2021 pour qu'un vaccin contre le Covid-19 soit prêt à être approuvé et disponible en quantité suffisante" pour un usage mondial.

Et dans le pire des scénarios, il reste possible qu'on n'arrive jamais à mettre un vaccin au point.

___

CE QU'ON A APPRIS

  • Masques et aérosols

La volte-face a été spectaculaire: jugé inutile pour la population en mars, le masque est aujourd'hui recommandé par la plupart des autorités sanitaires mondiales, dont l'OMS.

Entre-temps, on a découvert que le Covid-19 se transmettait très probablement par de fines gouttelettes en suspension dans l'air expiré par les malades (les "aérosols"), et pas uniquement via les postillons, plus gros, ou les mains souillées.

On ne connaît pas encore précisément la part de ce mode de transmission dans la dynamique épidémique, mais nombre d'études tendent à dire qu'elle est conséquente.

Dans cette hypothèse, respecter une distance de sécurité ne suffit pas et le masque s'impose, d'autant plus qu'on se trouve dans un lieu clos, densément peuplé et mal ventilé. C'est ce type d'endroits qui est aujourd'hui considéré comme le plus à risque, même si certains pays ont aussi rendu le masque obligatoire dans la rue.

  • Les médicaments

On y voit aujourd'hui plus clair, grâce aux essais cliniques. Un seul type de médicaments a montré qu'il réduisait la mortalité: les corticoïdes, qui combattent l'inflammation. Mais ils ne sont indiqués que pour les "formes sévères ou critiques" de la maladie, insiste l'OMS.

Un antiviral, le remdesivir, réduit la durée d'hospitalisation, mais son bénéfice est relativement modeste.

En revanche, l'hydroxychloroquine, défendue par le président américain Donald Trump et, en France, par le professeur Didier Raoult, n'a pas démontré d'efficacité.

___

Flambée du virus : les décisions du gouvernement dévoilées demain

Emmanuel Macron a indiqué jeudi que le gouvernement annoncerait vendredi au terme du conseil de défense consacré au Covid-19 des décisions permettant de "donner de la visibilité sur les prochaines semaines".

"Ce que nous devons faire c'est nous adapter à l'évolution du virus (...) Nous aurons des décisions à prendre, mais voilà, il faut je pense continuer à être exigeants, réalistes, sans céder à quelque panique que ce soit", a déclaré le chef de l'Etat lors d'un déplacement en Corse.

Lors du conseil de défense vendredi, "ce que je souhaite, c'est donner de la visibilité sur les prochaines semaines par les décisions de demain", a-t-il ajouté, alors que "le virus circule beaucoup".

Interrogé sur les propos du président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, pour qui le gouvernement va devoir "prendre des décisions difficiles", M. Macron a estimé que "le conseil scientifique est dans son rôle, qui est technique", et qu'il revient aux dirigeants politiques de "prendre des décisions" en "essayant d'être les plus transparents et les plus clairs possible".

Il faut "essayer de ralentir au maximum et de stopper la circulation" du virus avec les gestes barrières et "l'organisation de la vie sociale que nous devons adapter", tout "en permettant de continuer à vivre", notamment "éduquer nos enfants", "soigner les autres pathologies", a ajouté le chef de l'Etat.

Il a souligné la nécessité de "décliner territorialement" les décisions prises, et a de nouveau appelé les Français à "prendre leur part de responsabilité, parce que nous sommes tous et toutes les dépositaires de cette lutte contre le virus".

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal s'est de son côté de nouveau refusé jeudi matin sur BFMTV et RMC à commenter les hypothèses les plus dures concernant les mesures qui pourraient être annoncées vendredi -- limitation de déplacements, de rassemblement, voire reconfinements localisés -- en se bornant à marteler que cette crise sanitaire démontre "qu'on ne peut jamais rien exclure par principe".

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 10
à écrit le 13/09/2020 à 8:50
Signaler
Pour mémoire les masques chirurgiquaux filtres à 3 microns, les aérosols que l on produit en respirant ou parlant c est 1 micros et moins pour une suspension dans l air de pres de 24h. D ou l importance d aérer mais on voit bien la limite jamais évo...

à écrit le 12/09/2020 à 8:55
Signaler
Pendant ce temps : Frais de bouche, voyages aux États-Unis… L’ex-patron d'un institut de recherche public au cœur d’une enquête préliminaire.Selon le rapport de l'AFA révélé et cité par Marsactu, l'Agence s'est notamment étonnée du fait que M. Moa...

à écrit le 10/09/2020 à 19:22
Signaler
Nos sociétés n'ont jamais accumulé autant de connaissances, de richesses depuis l'apparition de l'homme. A l'heure où les clouds-IA-robots deep learnisés sont présentés comme la panacée à toutes les questions et toutes les activités humaines et sont ...

à écrit le 10/09/2020 à 18:02
Signaler
Ce que l'on sait, c'est que des sociétés en perdition ont été renflouées par l'état juste à temps. La libre concurrence semble ne plus être la règle quand on est perdant. Allons-nous aussi rendre obligatoire le préservatif devant la pandémie de MST q...

à écrit le 10/09/2020 à 17:54
Signaler
Coronavirus : "Les personnes âgées et fragiles restent la cible de ce virus" pour Delfraissy. Faut dire qu’à 72 ans ce personnage est maintenant concerné par le problème comme ça collègue Catherine Hill 74 ans, alors qu'à 20 ans en 1968 lors de ...

à écrit le 10/09/2020 à 16:35
Signaler
"faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais" En visite dans un lycée professionnel pour défendre "l'égalité des chances", Emmanuel Macron a été interrompu dans son discours par une subite quinte de toux. Après avoir bu un verre d'eau, il a...

à écrit le 10/09/2020 à 16:33
Signaler
Autre son de cloche : Hier, Patrick Bellier, pneumologue, était l'invité de Pascal Praud dans "L'heure des pros" sur CNews. Convoqué le 18 septembre prochain devant le conseil départemental de l'ordre des médecins car il refuse que ses patients po...

à écrit le 10/09/2020 à 13:56
Signaler
Arrêtez de trembler et laissez-nous vivre : on ne peut pas continuer éternellement à prétendre vouloir sauver une infime minorité en empêchant de vivre l'écrasante majorité. La vie est en soi une sorte de maladie mortelle, et d'aucuns ont ajouté "....

à écrit le 10/09/2020 à 13:37
Signaler
Merci pour cet article dans lequel en effet on apprend un peu plus que dans les hurlements hystériques et répétés de nos médias de masse. "La cause: l'apparition d'une "maladie potentiellement inexpliquée", peut-être un effet secondaire grave, ch...

à écrit le 10/09/2020 à 13:22
Signaler
Ce que l'on ne sais toujours pas: -Ce que faisait le cabinet si bien payé de MST (Mari Sol Touraine) pendant la mandature précédante. (Non si nombre d'entre eux sont ministres LREM C'est un hasard que l'on vous dit.) -Si lorsque madame Buzin a info...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.