"Il faut supprimer la dette hospitalière"

Dans une lettre envoyée à la ministre de la Santé, la Fédération des médecins de France déplore une concurrence entre hôpitaux publics et médecins libéraux. Jean-Paul Hamon, président du syndicat, prône la suppression de la dette des hôpitaux oublics et de la T2A, qui poussent selon lui les établissements à augmenter leur activité et à concurrencer celle des médecins libéraux, au détriment d'un parcours de soin cohérent.
Jean-Yves Paillé
La dette hospitalière grimpe à 29,7 milliards d'euros.

La FMF veut "déposer les armes".  Le deuxième syndicat de médecins français dénonce toujours une "concurrence déloyale entre hôpital et ville" sur la question du soin des patients, se plaignant de ses effets délétères sur l'activité des médecins libéraux. Une compétition due, selon le syndicat, aux financements parallèles perçus par les hôpitaux publics au titre de la dotation nationale de financement des missions d'intérêt général  et l'aide à la contractualisation des établissements de santé, qui leur permet de dépasser leur objectif national des dépenses d'Assurance maladie. Ou encore, la FMF déplore  des dépenses attribuées à la ville, alors qu'il s'agit de prescriptions en pharmacie provenant des établissement hospitalier. Mais le syndicat a changé de stratégie. Dans une lettre adressée à Agnès Buzyn, ministre de la Santé, il soutient la cause désormais des hôpitaux publics, en parallèle de celle des médecins libéraux.

"Il faut supprimer la dette hospitalière", assène Jean-Paul Hamon, lors d'une conférence de presse, mercredi 6 septembre. Une dette qui grimpe à 29,7 milliards d'euros en 2015, année où le déficit a atteint 400 millions d'euros. Et d'ajouter: "Il faut cesser de demander aux hôpitaux d'être rentables." Il fait ici référence à la tarification des hôpitaux à l'activité (T2A). Avec ce système, les hôpitaux sont financés selon l'ampleur de leur activité, c'est-à-dire le nombre d'actes médicaux effectués.

"Avec ce système, les hôpitaux publics sont obligés de chercher des parts de marché ailleurs, c'est-à-dire du côté de la médecine libéral. Ils ouvrent en grand leur service d'urgence et accueillent des personnes qui n'ont rien à y faire et coûtent cher à la collectivité, regrette Jean-Paul Hamon."

Parcours de soin coordonné

Selon la FMF, mettre fin à la concurrence et permettre un partage des tâches entre les médecins de ville et les hôpitaux ouvriraient la voie à un parcours de soin cohérent, une amélioration du suivi des patients. Et ce, tout en évitant des redondances de soins coûteuses, comme par exemple des radiographies faites dans un cabinet médical et un établissement hospitalier.

Parmi les mesures à mettre en place, Jean-Paul Hamon prône "une communication pour un bon usage de l'hôpital pour les patients", et si possible des arrivées aux urgences "uniquement en ambulance ou avec un courrier d'un médecin traitant" pour éviter que les personnes s'y rendent inutilement. Une nécessité, selon la Cour des comptes qui déplore régulièrement la gestion des urgences en France. Dans un rapport publié en avril, elle estimait que les trois quarts des patients retournent à domicile après consultation aux urgences.

Le syndicat assure également que les médecins libéraux sont nombreux à être prêts à prendre le train du virage ambulatoire, mis en avant dans les derniers PLFSS (projets de loi de financement de la sécurité sociale) pour réaliser des économies.

Les médecins libéraux peuvent également mieux accompagner les patients à la sortie des hôpitaux, ou encore accélérer dans les hospitalisations à domicile, ajoute la FMF. Elle veut notamment promouvoir des initiatives comme celle de la HAD libérale de Lorient-Quimperlé, une organisation qui propose des services d'hospitalisation à domicile faisant coopérer hôpitaux, médecins libéraux et infirmiers pour assurer un parcours des soins cohérents. Jean-Paul Hamon est également favorable à la e-santé, notamment la télémédecine "pour éviter les hospitalisations inutiles dans les Ehpad et dans les déserts médicaux".

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 7
à écrit le 07/09/2017 à 9:06
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Supprimer la dette hospitalière, recapitaliser la SNCF etc. etc. Beaucoup de Yaca? Et où va-t-on trouver les fonds. On est déjà en train de vendre les bijoux de famille pour combler partiellement les dépassements de budget de cette année.

à écrit le 06/09/2017 à 19:44
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La santé devient un business pour les multinationales de la misères malheureusement alors qu'elle se trouve au même titre que la sécurité un bien inestimable pour l'humanité .

à écrit le 06/09/2017 à 17:27
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Il faudrait même supprimer la dette dans son ensemble mais déjà supprimer la dette des hôpitaux serait formidable mais comment engraisser les actionnaires milliardaires dans ce cas ? Bref nous sommes coincés au sein de TINA dont le but est d'érad...

à écrit le 06/09/2017 à 17:07
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le francais qui a achete sa maison il veut aussi qu'on lui annule ses dettes! le politicard verreux qui jette l'argent public par la fenetre pour financer son electorat avec de la dette aussi tt le monde veut se faire annuler la dette, ca evite de ...

le 06/09/2017 à 17:46
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@churchil: annulation de la dette ne veut rien dire, car il faut bien qu'en finale quelqu'un s'appuie la note. Et comme toujours, c'est le contribuable :-)

à écrit le 06/09/2017 à 15:56
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Étant donné que tous les actes médicaux sont soumis aux remboursements de la sécurité sociale ... Comment ce fait il que nous atteignons pour nos hôpitaux publics plusieurs milliards de dette ? Salaire payé par l'état ( ministère de la santé ) - bâti...

le 06/09/2017 à 18:09
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Sans oublier que les hôpitaux ont recours aux emprunts lorsqu'il s'agit de faire des investissements massifs, comme l'immobilier. Le montant de la dette a fortement augmenté ces dernières années car il faut savoir qu'avant 2002, il y avait un sous-in...

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