Marée noire : BP installe un dôme de confinement sur le puits de pétrole

BP a réussi à installer un dôme pour confiner la fuite de pétrole. Le groupe pétrolier britannique s'est dit prêt à assumer tous les coûts et les conséquences de la marée noire qu'il a provoqué dans le Golfe du Mexique. Même si l'addition atteint des niveaux spectaculaires.

Jeudi soir, les garde-côtes américains ont annoncé que les robots sous-marins de BP avaient installé avec difficulté un dôme au-dessus du puits de pétrole endommagé dans le golfe du Mexique, à l'origine de la marée noire qui frappe les côtes de Louisianne.

"La mise en place du dôme de confinement est un nouveau développement positif dans la dernière tentative de BP d'endiguer la fuite", dit l'amiral des garde-côtes Thad Allen dans ce communiqué relayé par la chaîne CNN.

"Toutefois, il faudra un peu de temps avant que nous puissions confirmer que cette méthode fonctionnera et dans quelle mesure il réduira l'écoulement de pétrole dans l'environnement", ajoute l'officier. La compagnie pétrolière estime avoir besoin de 24 heures pour connaître l'efficacité réelle du dispositif. Jeudi, elle a annoncé qu'elle avait réussi à couper le conduit à l'origine de la fuite de pétrole ouvrant la voie à la pose de l'entonnoir.

20 milliards de facture pour BP, et une note de crédit dégradée

De son côté, le patron opérationnel de BP, le directeur général Tony Hayward, tente de faire front. Il compte rassurer les investisseurs et souligner que son groupe assumera toutes les conséquences, y  compris financières de la catastrophe - (de 1 milliard de dollars à... 37 milliards selon le Crédit Suisse, plus que les profits annuels de la firme)

Le directeur a également tenté de convaincre que  même si l'addition finale atteignait les 20 milliards de dollars, cela ne fragiliserait pas la firme, dont la capitalisation boursière a pourtant plongé de plus d'un tiers depuis le début de cette affaire.

Jeudi, l'agence de notation Fitch a abaissé de AA+ à AA la note de crédit de la compagnie pétrolière britannique BP, avec perspective négative. Les raisons invoquées : les "risques accrus sur le profil d'activité et financier" du groupe, consécutifs à la marée noire qu'il tente d'étancher dans le golfe du Mexique et qui a été provoquée par l'explosion le 20 avril de sa plateforme Deepwater Horizon. Son homologue Moody's lui a emboîté le pas en ramenant de Aa1 à Aa2 la note de crédit de BP, avec perspective négative.

Marée noire : des dispersants dangereux pour l'environnement

Jusqu'à présent, près de 4 millions de litres de dispersants ont été utilisés pour lutter contre la marée noire. Or, l'emploi de ces dispersants est controversé en raison des risques possibles pour l'environnement. 

Le groupe a annoncé jeudi qu'il allait également débourser 360 millions de dollars pour payer la construction de six sections d'îles artificielles destinées à protéger la Louisiane de la marée noire. La construction de ces îles a été décidée par le gouvernement américain. BP n'a pas l'intention de diriger personnellement la construction ou de passer directement des contrats dans ce cadre, pas plus qu'elle ne souhaite assumer les conséquences imprévues qui pourraient découler du projet.

"Le gouvernement fédéral et l'Etat de Louisiane ont estimé que la construction [d'îles artificielles] était une réponse efficace à la fuite et nous avons hâte de travailler avec eux sur ce projet", assure Tony Hayward, le directeur général de BP.

Le groupe, qui affirme avoir déjà dépensé au moins 1 milliard de dollars à réparer les conséquences de la marée noire , précise avoir déjà consacré 170 millions de dollars à aider la Louisiane, l'Alabama, le Mississippi et la Floride à financer la lutte contre la marée noire et à sauvegarder leur industrie touristique. Elle indique aussi avoir déjà payé environ 42 millions de dédommagement aux populations et aux entreprises affectées par cette pollution.

BP "pas préparé" à une fuite de pétrole en eaux profondes

Tony Hayward a admis jeudi que le groupe n'était pas préparé à un tel problème survenant en haute mer et en eaux profondes.  "Ce qui est incontestable est que nous n'avions pas les instruments qu'il aurait fallu dans notre trousse à outils", a-t-il reconnu dans une interview au Financial Times.

Tout en estimant que BP avait "très bien réussi" à empêcher la marée noire de trop souiller les côtes, il a reconnu "qu'on était parfaitement fondé à faire des critiques à la compagnie" sur son manque de préparation.  Il a noté qu'après la catastrophe provoquée par le pétrolier Exxon Valdez en 1989, le secteur avait mis en place un organisme de réponse approprié aux pollutions de surface, la Marine Spill Response Corporation (MSRC). "Le problème va être de créer la même capacité de réaction [pour une marée noire ] en profondeur", a-t-il dit.

"La situation pour l'environnement est la pire que j'ai jamais vue sans pouvoir évaluer quel en sera l'impact [...] qui se fera certainement ressentir pendant plusieurs années", a résumé Michel Boufadel, président de la chaire d'ingéniérie environnementale à l'Université de Temple en Pennsylvanie, l'un des experts privés consultés par le gouvernement américain.

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