Conseil de l'Arctique : le duel (attendu) entre États-Unis et Russie débute ce mercredi soir

Alors que le secrétaire d'État américain Antony Blinken a semblé vouloir faire de l'Arctique, un nouvel enjeu géopolitique au coeur de la réunion régionale qui les rassemble mercredi et jeudi à Reykjavik -la capitale islandaise-, un laboratoire d'une certaine coopération ciblée sur des défis communs comme la lutte contre le réchauffement climatique, son homologue russe Sergueï Lavrov a fait monter la tension avec des propos tonitruants. Avant la réunion de ce soir, état des lieux des positions américaines et russes.
Mercredi, en Islande, en prélude à la réunion du Conseil de l'Arctique ce soir, le ministre des Affaires étrangères américain Anthony Blinken a rencontré (à gauche, sur la photo) son homologue canadien Marc Garneau. À cette occasion, face aux prises de positions belliqueuses de la Russie à propos de l'océan Arctique, il a réaffirmé vouloir préserver cette région en tant qu'endroit de coopération pacifique en matière de climat ou d'avancées scientifiques.
Mercredi, en Islande, en prélude à la réunion du Conseil de l'Arctique ce soir, le ministre des Affaires étrangères américain Anthony Blinken a rencontré (à gauche, sur la photo) son homologue canadien Marc Garneau. À cette occasion, face aux prises de positions belliqueuses de la Russie à propos de l'océan Arctique, il a réaffirmé vouloir "préserver cette région en tant qu'endroit de coopération pacifique" en matière de climat ou d'avancées scientifiques. (Crédits : Reuters)

Les ministres américain et russe des Affaires étrangères se rencontrent mercredi soir en Islande pour jauger la profondeur du fossé qui sépare leurs deux pays rivaux et confirmer la tenue d'un sommet très attendu entre Joe Biden et Vladimir Poutine.

Les déclarations qui ont précédé le face-à-face ne laissent pas présager la "désescalade" que Washington et Moscou disent appeler de leurs voeux au moment où leurs relations sont au plus bas depuis la fin de la Guerre froide.

Alors que le secrétaire d'État américain Antony Blinken a semblé vouloir faire de l'Arctique, un nouvel enjeu géopolitique au coeur de la réunion régionale qui les rassemble mercredi et jeudi à Reykjavik -la capitale islandaise-, un laboratoire d'une certaine coopération ciblée sur des défis communs comme la lutte contre le réchauffement climatique, son homologue russe Sergueï Lavrov a fait monter la tension avec des propos tonitruants.

"Il est clair pour tout le monde depuis longtemps que ce sont nos terres, notre territoire", a-t-il en effet lancé lundi au sujet du Grand Nord, défendant une sorte de pré carré russe et dénonçant notamment les velléités "offensives" des Occidentaux via l'Otan et la Norvège.

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L'"activité militaire" de la Russie dans l'Arctique est "parfaitement légale et légitime", a-t-il plaidé.

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La mise en garde russe a inévitablement suscité une réponse d'Antony Blinken, qui a appelé mardi à "éviter" ce genre de "déclarations", mais aussi "une militarisation" de l'Arctique, un vaste territoire aux conditions extrêmes, riche en ressources naturelles, autour du Pôle Nord.

Un affrontement attendu entre les deux superpuissances

Mercredi, au cours d'une rencontre avec son homologue canadien Marc Garneau, il a réaffirmé vouloir "préserver cette région en tant qu'endroit de coopération pacifique" en matière de climat ou d'avancées scientifiques.

Le décor du tête-à-tête en Islande est donc planté.

Il est prévu pour commencer à 21H15 (hzure locale et GMT) après un dîner d'ouverture du Conseil de l'Arctique - qui réunit les huit pays riverains de la région (Etats-Unis, Russie, Islande, Canada, Danemark, Finlande, Suède, Norvège).

Depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier, le président Biden affiche une grande fermeté à l'égard de la Russie de Vladimir Poutine, qu'il est allé jusqu'à qualifier de "tueur" - pour mieux marquer la rupture avec son prédécesseur Donald Trump, accusé de complaisance à l'égard du maître du Kremlin.

Moscou et Washington ont échangé vives accusations et sanctions dès le début du mandat du démocrate.

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Mais depuis, les deux capitales assurent vouloir une forme d'apaisement.

Calcul ou geste d'apaisement, le possible recul américain sur Nord Stream-2 ?

Faut-il y voir un signe ? Juste avant la rencontre de Reykjavik, une information a filtré dans des médias américains selon laquelle la Maison Blanche a finalement décidé de ne pas sanctionner la principale société impliquée dans le projet controversé de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, Nord Stream AG, et son directeur général.

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Des sanctions sont prévues contre des entités mineures, mais le gouvernement Biden veut éviter de se fâcher avec Berlin, selon le site internet Axios et la chaîne de télévision CNN.

Concrètement, cette décision, si elle est confirmée, revient à laisser le champ libre à ce gazoduc dont les États-Unis ne veulent pourtant pas. Mardi encore, dans un appel à son homologue allemand Heiko Maas, Antony Blinken, qui menace de sanctions depuis des semaines, avait ainsi "mis l'accent sur l'opposition américaine au gazoduc", assurant vouloir travailler avec les pays alliés "pour contrer les efforts russes visant à saper" leur "sécurité collective", selon le département d'Etat.

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L'avertissement d'Anthony Blinken depuis l'Islande

Plusieurs ténors républicains ont fustigé à Washington le recul démocrate sur le dossier Nord Stream 2.

"Nous avons dit très clairement que si la Russie choisissait de prendre des mesures irresponsables ou agressives contre nos intérêts ou nos partenaires et alliés, nous riposterions", a prévenu Antony Blinken en Islande.

Il a toutefois jugé "important de pouvoir parler de cela en tête-à-tête pour voir s'il est possible d'avoir une relation avec la Russie plus stable et prévisible", ainsi que des terrains d'entente en matière climatique ou de désarmement.

Un sommet Russie-USA prévu en juin, quelque part en Europe...

Pour y parvenir, Joe Biden et Vladimir Poutine semblent d'accord pour avoir leur premier sommet en juin dans un pays européen, peut-être dans la foulée, côté occidental, des réunions des dirigeants du G7 et de l'OTAN qui feront la part belle à l'affichage d'un front commun anti-Moscou.

"Nous pensons que cela aura lieu dans les prochaines semaines", a confirmé mardi le chef de la diplomatie américaine.

"Pour l'instant, il n'y a pas d'accord sur l'heure ou l'endroit. Avant de s'entendre sur ces points, il nous faut analyser la position des Etats-Unis concernant l'ordre du jour" d'une telle rencontre, a nuancé mercredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.

(par Francesco Fontemaggi, AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 19/05/2021 à 19:46
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La Russie voudrait-elle se réserver l'Arctique à l'usage exclusif de poubelle nucléaire?

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