Rénovation énergétique : 200.000 postes sont à pourvoir d'ici 2030

La rénovation énergétique du bâti en France nécessitera d'ici 2030 environ 200.000 ouvriers et cadres du bâtiment supplémentaires, selon France Stratégie. Ces besoins majeurs de recrutement imposent des efforts sur la formation, mais aussi sur l'attractivité et la qualité de ces métiers.
Les régions comptant une grande proportion de passoires énergétiques et de chaudières au fioul sont particulièrement concernées par la rénovation énergétique.
Les régions comptant une grande proportion de passoires énergétiques et de chaudières au fioul sont particulièrement concernées par la rénovation énergétique. (Crédits : Mike Fouque)

Service de prospective de Matignon, France Stratégie tire la sonnette d'alarme. Pour mener à bien la rénovation énergétique du bâti en France, il va falloir mettre les bouchées doubles en matière de recrutement et de formation d'ici 2030. Au total, les besoins sont estimés entre 170.000 et 250.000 emplois supplémentaires, indique la projection, basée sur les différents scénarios de montée en puissance des rénovations, nécessaires à la transition climatique de la France (scénarios de la Planification écologique rattachée à la Première ministre, Ademe, Negawatt...).

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Les régions comptant une grande proportion de passoires énergétiques (quart Nord-Est, Centre) et de chaudières au fioul (autour du Massif central, Est), selon ce rapport réalisé après six mois d'auditions, sont particulièrement concernées. Le défi est double, souligne Hélène Garner, de France Stratégie : il faut plus d'effectifs, et améliorer la qualité de l'offre de rénovation.

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Renforcer l'attractivité de la filière

Sur les compétences, il faut aider les entreprises, pour beaucoup individuelles, à se former dans la rénovation « performante ». A ce jour, le taux de labellisation RGE (Reconnu garant de l'environnement, ndlr) reste « relativement faible ». En outre, un chantier sur trois contrôlés présente des non-conformités.

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Encore faut-il, au préalable, renforcer l'attractivité de ces métiers, qui pèche du côté des ouvriers : les écoles manquent de candidats. Dans le bâtiment aujourd'hui, beaucoup de personnels partent (par exemple pour la logistique ou l'industrie), en tout cas avant la retraite notamment pour des raisons de santé, note le rapport.

« On n'y arrivera pas qu'avec de la formation, ce sont aussi des enjeux de qualité de l'emploi », souligne Hélène Garner (France Stratégie)

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En revanche, pour la fonction de cadre, plus attractive, plus de classes et des formations nouvelles sont déjà nécessaires, pour des métiers émergents (chargé de projet, coordinateur de travaux...).

Des incertitudes

Ces projections comportent encore des incertitudes, liées notamment à la demande de rénovations. Aujourd'hui, les aides publiques soutiennent des rénovations partielles, comme le changement d'une chaudière vieillissante. Tout l'enjeu est désormais que les aides solvabilisent les rénovations globales, projets souvent coûteux.

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Autre inconnue : le rythme de décroissance de la construction neuve. Pour autant, même dans une hypothèse de forte décrue des chantiers dans le neuf, il ne faudra pas compter sur un transfert de ces ouvriers pour répondre à la demande dans la rénovation. Selon France Stratégie, moins 20% de chantiers libéreraient 50.000 emplois, loin des besoins.

« Dans le secteur du bâtiment, on s'attend à voir des rénovations complètes de plusieurs centaines de milliers de bâtiments par année et on a au mieux 66.000 rénovations complètes par année. Sans ce rythme très très élevé, on ne pourra pas être à la neutralité carbone en 2050 », a résumé la climatologue Corine Le Queré, présidente du Haut Conseil pour le Climat, fin juin, lors de la présentation d'un rapport à la presse.

Les installateurs de pompes à chaleur très demandés

Pour Ariane Komorn, PDG de La Solive, interrogée par La Tribune, l'un des principaux freins aux travaux vient du manque de professionnels dédiés. Elle détaille : « Parmi les professions en tension, en lien avec la rénovation énergétique, il s'agit des artisans et des  techniciens spécialisés dans les énergies renouvelables. Nous formons, par exemple, des installateurs de pompes à chaleur qui sont très demandés ».

« Et pour atteindre les objectifs du gouvernement et répondre à la demande, il faudrait au minimum 21.000 installateurs de plus qu'actuellement en France, avait-elle chiffré. Il faut aussi des techniciens de maintenance qui peuvent entretenir et dépanner les équipements dans les maisons et des installateurs de panneaux photovoltaïques qui manquent aussi. »

(Avec AFP)

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Commentaires 9
à écrit le 05/07/2023 à 9:25
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Des postes de vendeurs de Ma prime rénov ou similaire, ou des postes de vendeurs de PAC ? Il y en a déjà trop

à écrit le 05/07/2023 à 7:44
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Et tout ces pays de l'est aux salaires à 100 balles par mois qui nous rejoignent, génial ! Et arrêtez de censurer cette vérité les dernières vagues d'embauche se sont toutes accompagnées de dumping social via leur obsurantiste travail détaché.

à écrit le 04/07/2023 à 20:08
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Ne pas confondre vitesse et précipitation .Si c'est pour restaurer à marche forcée et à l'arrivée avoir les mêmes résultats qu'avec la fibre où une installation sur trois est défectueuse .

à écrit le 04/07/2023 à 18:54
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Curieux que ne soit pas un seul instant évoqué les capacités financières des propriétaires des biens à restaurer !! Au final 20.000 professionnels qualifiés seront peut être suffisants .

à écrit le 04/07/2023 à 12:51
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"environ 200.000 ouvriers et cadres du bâtiment supplémentaires" On a le distingo entre les deux car si c'est pour avoir 190.000 cadres et 10.000 ouvriers ,c'est pas la peine.

à écrit le 04/07/2023 à 11:06
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La révolution ecolobobogauchiste dans la tolérance, c'est parfait pour donner des bons boulots bien payés à des gens sans compétence qui vont te surfacturer tout ça dans la justice ! Et entre les malfaçons, les non économies, et le fait que le poly...

à écrit le 04/07/2023 à 9:11
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Combien d'incompetents pour évoquer les métiers du bâtiments alors que ka plupart n'ont jamais touché une truelle, monté ne serait ce que 30 cm de mur ou de cloison, ni réalisé une isolation murale, sous toiture ou par l'extérieur. Inconscients de...

le 04/07/2023 à 9:58
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"Inconscients de la réelle pénibilité de ces métiers et des incidences à long terme sur la santé des opérateurs. " Emmanuel Macron supprime le terme de "pénibilité" sur demande du patronat en 2018 pour ... simplifier le dispositif !, en supprima...

le 04/07/2023 à 11:00
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Et dans 10 ans certains s'étonneront à nouveau de l'absence de gains résultant de rénovations énergétiques réalisées sans les compétences nécessaires.

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