Éolien flottant : 13 éoliennes et presque un milliard de budget pour le parc de Bretagne Sud

Lauréat de l’appel d’offres lancé par l’État pour le parc éolien flottant de Bretagne Sud, le consortium formé par l'allemand BayWa r.e et le belge Elicio a dévoilé quelques détails de son projet prévu pour fin 2031 et dont le coût se situera entre 800.000 et un milliard d’euros. Remporté sur une offre à prix cassé de 86,45 euros du mégawattheure, le projet doit encore trouver la bonne équation économique. Et le profil du consortium interroge.
Avec ses 42 éoliennes, le parc éolien en mer de Rente, en Mer du Nord, ouvert en décembre 2018, fait partie des trois sites offshore exploités par la société belge Elicio, membre du consortium Pennavel qui vient de se voir attribuer le marché du futur parc éolien flottant de Bretagne Sud.
Avec ses 42 éoliennes, le parc éolien en mer de Rente, en Mer du Nord, ouvert en décembre 2018, fait partie des trois sites offshore exploités par la société belge Elicio, membre du consortium Pennavel qui vient de se voir attribuer le marché du futur parc éolien flottant de Bretagne Sud. (Crédits : Elicio)

L'issue de l'appel d'offres AO5 portant sur la création d'un premier parc éolien flottant de 250 mégawatts au Sud de la Bretagne était attendue. En désignant, lundi 15 mai, le consortium Pennavel lauréat avec une offre proposée à 86,45 euros le mégawattheure, soit un tarif 38% plus bas que le prix plafond fixé par les pouvoirs publics, le gouvernement a mis fin, par surprise, au suspens. Mais il n'éteint pas les questions quant à la faisabilité économique de ce projet dont le coût est évalué par les deux initiateurs, l'allemand BayWa r.e et le belge Elicio, entre 800.000 et un milliard d'euros.

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 « Sur ce montant, dix millions seront ouverts au financement participatif.  Les partenaires financiers sont encore à trouver », a juste indiqué Aldrik de Fombelle lors d'une conférence organisée à Lorient le 16 mai. Concernant le prix de revente, le directeur du développement Éolien en mer d'Elicio France (3,3 millions d'euros en 2022) a précisé qu'il prendra « en compte l'évolution du coût des matières premières ». La pérennité du projet n'est pas seulement d'ordre financier puisque, à ce stade, tout reste à faire sur le plan industriel.

Maximum de treize éoliennes flottantes

En vue d'une livraison du parc attendue pour fin 2031, les deux partenaires disposent donc de sept ans pour dépasser leurs hypothèses et mettre en route des partenariats industriels. Surtout, c'est ensemble que les deux entreprises vont développer leur expertise sur le flottant.

L'activité d'Elicio, société de 80 personnes productrice d'énergie éolienne et filiale du groupe wallon Nethys, détenu à 100% par l'intercommunale pure de financement (IPF) Enodia (un milliard d'euros de chiffre d'affaires), est d'abord fondée sur le terrestre (en Bretagne notamment) et le offshore posé (144 éoliennes en mer du Nord). Pas encore sur l'éolien flottant. Quant à BayWa r.e (5,8 milliards d'euros en 2023, 5.400 salariés en Europe, 350 en France), il s'agit d'un développeur d'énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque) qui n'a pour l'heure à son actif aucune réalisation dans l'éolien en mer. En revanche, les deux partenaires développent de concert un projet d'éolien flottant de 960 MW au large de l'Écosse.

Pour le parc de Bretagne Sud, situé sur 45 km2 à 20 kilomètres au large des côtes de Belle-Île-en-Mer, et qui sera le premier champ commercial équipé d'éoliennes flottantes au monde, les porteurs du projet tablent sur un maximum de treize éoliennes flottantes. Les pales devraient culminer à 250 ou 300 mètres mais aucun choix technique n'est encore fixé en termes de hauteur ou de taille de flotteur.

Maintenance à Lorient et Brest, éoliennes européennes

« La phase de construction et de réalisation ne viendra qu'après la première étape qui sera de constituer et de déposer les autorisations environnementales. Celles-ci seront instruites par les services de l'État, avec possiblement des recours juridiques », anticipe Aldrik de Fombelle.

« Les travaux ne devraient pas démarrer avant 2029 et dureront deux ans », ajoute-t-il, soucieux de mettre l'accent sur le travail préalable de concertation qui sera établi avec les habitants, les pêcheurs et les collectivités locales.

Le consortium s'est engagé à travailler avec les ports de Lorient, Brest et Saint-Nazaire pour la maintenance des installations et la construction du parc, et prévoit 5 millions d'euros de dépenses socio-économiques en Bretagne et en Pays de la Loire. La construction du parc devrait générer « 4,5 millions d'heures de travail et plus de 30 emplois permanents pendant la phase opérationnelle ».

Aux observateurs du secteur qui estiment que la tentation pourrait consister à se tourner vers la concurrence asiatique parce que la filière industrielle européenne a une santé financière fragile et que la technologie des éoliennes flottantes est moins mature que celles des éoliennes posées, le consortium répond indirectement qu'il souhaite faire fabriquer ses éoliennes en Europe plutôt qu'en Chine.

Aldrik de Fombelle, dont la société Elicio travaille déjà avec les turbiniers Siemens Gamesa et Vestas, se déclare même confiant, persuadé de la « capacité des turbiniers européens à relever le défi ».

Travail avec les collectivités mais suspicions sur la faisabilité

Tandis que ministère de l'Industrie et de l'Énergie estime que le futur parc « permettra de produire l'électricité nécessaire aux besoins d'environ 450.000 habitants », et devrait générer environ 30% de la production actuelle d'énergie renouvelable en Bretagne, la Région s'est déclarée satisfaite de ce choix, sous réserve que le projet industriel se fasse bien « avec nos ports, celui de Brest mais aussi avec celui de Lorient pour la maintenance des installations ».

« Le lauréat a pris des engagements auprès du territoire et a signé une charte de contenu local. La Région Bretagne et l'ensemble de l'écosystème breton sont prêts à travailler aux côtés de Pennavel », a assuré Loïg Chesnais-Girard, le président du Conseil régional, dans un communiqué.

Pour leur part, les opposants au projet sont plus dubitatifs sur sa faisabilité. Si les organisations du Réseau Énergies Terre & Mer (RETM) jugent « étonnante l'attribution du projet au groupement germano-belge en raison de l'absence de références des deux entreprises en éolien flottant en mer et de leur surface financière », l'association Les Gardiens du large se positionne vent debout. Outre le profil des sociétés retenues, car « ni l'une ni l'autre n'a le savoir-faire exigé par ce projet », elle dénonce « une arnaque économique » et critique « l'absence d'étude préalable au choix du site sur les impacts environnementaux, l'illégitimité de l'aide de l'État français de 2,08 milliards d'euros ».

Accompagné par Bretagne Pôle Naval

Depuis le lancement de l'appel d'offres en 2021, le consortium Pennavel, dont le nom en breton est composé de penn (le cap) et avel (le vent), s'emploie à mettre toutes les chances de son côté. En septembre 2022, il a signé une charte d'engagement de contenu local industriel avec les cinq clusters régionaux français. Depuis deux ans, il est aussi présent en Bretagne, à Lorient, où il a installé début 2022 deux ingénieurs dédiés au projet (un aujourd'hui).

En avril 2023, le projet a obtenu le label « Breizh Content » mis en place par Bretagne Pôle Naval (BPN). Ce cluster industriel a accompagné la candidature du consortium à l'appel d'offres AO5 afin de contribuer à la montée en puissance d'une filière industrielle française.

« Pennavel a été développé et structuré par les équipes expérimentées du consortium et a mobilisé un vaste réseau d'experts nationaux et internationaux de l'éolien en mer, aboutissant à un projet robuste », font valoir les porteurs du projet.

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Commentaires 2
à écrit le 25/05/2024 à 11:23
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Si les chiffres sont justes ...au début de l'article on parle d'un coût de 1 milliard. Mais on ne voit pas pourquoi cela nécessiterait une aide d'état de 2 milliards (à la fin de l'article). Quelqu'un le sait-il? Et on ne dit rien des coûts de raccor...

à écrit le 25/05/2024 à 8:54
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Une énergie gratuite et éternelle sera toujours bridée, taclée, agressée, imposée, ponctionnée sous une forme ou sous une autre, je vous suggère d'apprendre au son des mascarades lobbyistes qui sont obligés d'avancer à découvert grâce à internet. Nie...

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