
Carrefour dans le viseur: le groupe canadien Couche-Tard a dévoilé mercredi une offre "en vue d'un rapprochement amical". Tandis que la proposition évalue l'offre à 16 milliards d'euros, le distributeur français a indiqué vouloir l'"examiner". Mais c'était sans compter l'intervention du ministre français de l'Économie Bruno Le Maire qui a dit n'être "pas favorable" à une telle opération.
Il a aussi rappelé qu'un récent décret permettait de bloquer ce rapprochement de géants de la distribution.
Carrefour représente un "chaînon essentiel dans la sécurité alimentaire des Français, dans la souveraineté alimentaire", a martelé Bruno Le Maire à l'antenne de la télévision France 5. D'autant que son statut de "premier employeur privé" de France, rappelé mercredi soir par le ministre, confère au dossier une tonalité très politique dans l'Hexagone.
Depuis janvier 2020, le gouvernement peut bloquer une acquisition lorsque l'investisseur étranger envisage d'acquérir au moins 25% du capital d'une société française. Avant cette date, le seuil était fixé à 33,33%.
Voilà un groupe, Couche-Tard, à 44,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires sur le dernier exercice annuel (2019-20), spécialisé dans la vente d'essence et les magasins de petit format, intéressé par un géant de la distribution alimentaire, historiquement fort sur les très grandes surfaces et qui a réalisé près de 81 milliards d'euros de ventes en 2019.
"Couche-Tard est habitué à grossir par acquisitions mais cela n'a jamais été des fusions de cette taille", observe Clément Genelot, spécialiste du secteur de la distribution à Bryan, Garnier & Co.
Le groupe, qui compte plus de 130.000 employés dans le monde (contre 320.000 pour Carrefour), créé au Québec en 1980, s'est en effet établi aux États-Unis au début des années 2000, en Europe du Nord en 2012 puis sur le marché asiatique fin 2020 via de multiples acquisitions externes.
Mercredi, il a annoncé avoir "récemment soumis à Carrefour une lettre d'intention non-engageante en vue d'un rapprochement amical". Ce, en proposant un prix de 20 euros par action qui valoriserait le distributeur français à plus de 16 milliards d'euros hors une dette de plusieurs milliards d'euros que devrait également reprendre le groupe canadien.
"Les termes de la transaction sont toujours en cours de discussions (...) mais la rémunération proposée devrait en grande majorité être en numéraire", a précisé Couche-Tard, prévenant toutefois qu'"il n'y a aucune certitude" quant au fait que ces discussions "déboucheront sur un accord ou une opération".
Face à Amazon
Avant cela Carrefour, dans une communication interne que l'AFP a pu consulter mercredi, a déclaré qu'il allait "examiner le projet" pour savoir s'il était dans son intérêt.
De son côté, le délégué national CFDT Carrefour hypermarchés Thierry Babot a fait part de sa méfiance vis-à-vis de l'initiative de Couche-Tard.
"On va rester vigilants. Qu'est-ce que cette entreprise veut faire? Un vrai projet à long terme ou juste une opération financière?", s'est-il interrogé.
"On ne voit pas de synergies sur la chaîne d'approvisionnement ou la logistique" dans le cas d'un rapprochement, a estimé pour sa part Yves Marin, expert du secteur de la distribution au sein du cabinet Bartle.
Pour Couche-Tard, l'opération pourrait toutefois présenter l'avantage de s'appuyer sur un maillage géographique plus complet, puisqu'il n'y a qu'en Pologne que les deux enseignes sont toutes deux présentes. Elle permettrait en outre de diversifier ses sources de revenus, alors que l'essor de la voiture électrique menace à terme ses ventes de carburants.
En outre, un autre spécialiste du secteur estime que "face à Amazon et consorts", les volumes d'investissements à réaliser par les distributeurs "sont colossaux". "Il y a donc obligation de trouver une forme d'alliance".
Carrefour, toujours en interne, dit voir dans cette approche la preuve du "bien-fondé de la transformation lancée il y a trois ans" par son PDG Alexandre Bompard, visant à en faire "le leader mondial de la transition alimentaire pour tous".
Ayant "retrouvé une trajectoire de croissance rentable", il dit désormais "pouvoir envisager de participer à des opérations de consolidation si les conditions de marché sont réunies", est-il encore indiqué. Mais le groupe du CAC 40, dont l'action a bondi mercredi de 13,4% sur la séance, se montre lui aussi prudent.
Carrefour n'a aucun intérêt à se faire dépouiller par Couche-Tard qui aurait du se lever plus tôt pour faire une offre plus convaincante qu'une simple opération financière avec zéro synergie à la clé.
Nos grandes entreprises sont sous capitalisées. Il est urgent de se ré-approprier le CAC40, aujourd’hui majoritairement possédé par des étrangers (surtout américains) qui possèdent ainsi les leviers des décisions stratégiques de nos grandes entreprises.
Il est plus que temps d’imaginer un dispositif légal pour inciter nos banques, nos assurances, ou les régions (comme en Allemagne), à participer de manière importante au capital des grandes entreprises qui constituent le socle de notre économie (enfin ce qu’il en reste) et donc de notre richesse et de notre emploi – avec bien sûr en parallèle des incitations à la re-localisation.
Un très gros fond d’investissement public, drainant l’épargne vers nos grands groupes pourrait aussi faire l’affaire.
Également serait très souhaitable la conversion en participation au capital des nombreux prêts accordés par l’Etat à nos grandes entreprises.
"Lève tôt", "couche tôt" et surtout "tais toi" serait bien plus adpaté !
Il faut comparer ce qui est comparable, puisque effectivement l'électrique arrive à grande vitesse.
Pour rappel, on a failli refiler Alstom à l'allemand Siemens Mobility qui avait CA, actifs, carnet de commandes inférieur au français, mais s'appuyait sur la force de l'ensemble Siémens, qui ne cesse de licencier massivement depuis plusieurs années.
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Il me semble qu'après l'acquisition de Bombardier Transport, le classement sera du style :
CRRC, Chine
Alstom (+ Bombardier)
TMH (dont xx% Alstom), Russie
Siemens Mobility
Trinity Industries, Etats-Unis
Stadler ou Hitachi Rail
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Si Siemens avait mis la main sur Alstom, le ferroviaire français était fini au profit de l'Allemagne, puisque Bombardier Transport siège à Berlin.
Pour rappel, Siemens Mobility France était né d'un casse opéré sur Matra Transport par Siemens.
Couche Tard devra pas seulement acheter Carrefour. Il y a beaucoup d’intermédiaires à rémunérer gracieusement. Mais pour le comprendre, il faut être un Lève Tôt.
Dans ce contexte, on peut aussi imaginer que Carrefour ait demandé à Couche Tard de faire une offre...pour voir.
Et lrsq les territoriaux mettrons leur pognon dans leurs entreprise (mr Lemaire a du boulot), ils regarderont de plus près si l'usage qui en est fait est pertinent
Il faut se coucher tard sans doute pour réfléchir un peu?
Cette administration mortifere tuera le pays.
Difficile d'avoir une opinion sur le sujet mais quand on voit que pendant des decennies ils ont laisser filer les ""fleurons"" s'immatriculer a l'étranger, monter des usines a l'est et au maghreb, vendu alstom a GE alors que ça s'est délocalisable, pas comme la grande distribution en france, je vais pas aller faire mes courses au quebec ou en pologne.... Il pourrait bien quand même exister des synergies, des nouveaux produits a distribuer.
Quand a la souveraineté alimentaire, le nono devrait s'inquiéter du rapport du sénat qui montrait qu'on était déjà déficitaire sur l''agri agro hors pinard et bientôt même avec pinard. Qu'il commence par redresser ça avec des moyens publics (arrêter d'emm le monde déjà) au lieu de s'occuper d'affaires privées
Mais qu'est-ce qui lui fait si peur dans l'idée d'avancer bon sang à notre bien trop vieille oligarchie !? Ah ben la réponse doit être dans la question encore une fois.
"Hâte toi déclin !:" Nietzsche