Couche-Tard propose un rapprochement à 16 milliards d'euros à Carrefour

Le groupe français de la grande distribution a été sollicité par le Québécois Couche-Tard, devenu géant mondial des magasins de proximité, pour un « rapprochement ». Les discussions n’en sont qu’au stade préliminaire, mais la transaction pourrait être un coup de tonnerre dans le secteur.
Le géant français de la distribution pourrait conclure une « transaction amicale » avec le Canadien Couche-Tard
Le géant français de la distribution pourrait conclure une « transaction amicale » avec le Canadien Couche-Tard (Crédits : Eric Gaillard)

Le géant canadien Couche-Tard a "récemment soumis à Carrefour une lettre d'intention non-engageante en vue d'un rapprochement amical", sur la base d'un prix de 20 euros par action qui valoriserait le distributeur français à plus de 16 milliards d'euros hors dette, selon un communiqué mercredi.

"Les termes de la transaction sont toujours en cours de discussions et demeurent soumis à une vérification diligente, mais la rémunération proposée devrait en grande majorité être en numéraire", précise le groupe canadien, qui se montre prudent: "il n'y a aucune certitude" quanyt au fait que ces discussions "déboucheront sur un accord ou une opération".


Carrefour compte un peu plus de 800 millions d'actions, donc l'offre de Couche-Tard valorise le capital du groupe français à plus de 16 milliards d'euros. Si la transaction était réalisée, le groupe canadien devrait en outre reprendre en outre à son compte la dette de Carrefour, qui se chiffre en milliards d'euros.

Dans une communication interne au groupe Carrefour, que l'AFP a pu consulter mercredi, le distributeur français indique qu'il "va examiner le projet qui lui est soumis par Alimentation Couche-Tard", afin de "déterminer si un projet peut être conçu dans l'intérêt" du groupe.

Selon cette même source, "plusieurs conditions déterminantes devront être satisfaites", notamment le fait de "permettre une accélération du développement du groupe", d'"avoir du sens pour l'ensemble de ses parties prenantes, en particulier les collaborateurs du groupe et être créateur de valeur".

Toujours dans cette communication interne, Carrefour dit voir dans cette approche la preuve du "bien-fondé de la transformation lancée il y a trois ans". Ayant "retrouvé une trajectoire de croissance rentable", il dit désormais "pouvoir envisager de participer à des opérations de consolidation si les conditions de marché sont réunies", est-il encore indiqué.

Carrefour revendique "un réseau multi-formats de 12.300 magasins dans plus de 30 pays" et "plus de 320.000 collaborateurs" dans le monde, pour un chiffre d'affaires de 80,7 milliards d'euros en 2019. Il affichait une capitalisation boursière de 12,64 milliards d'euros à la Bourse de Paris mardi soir.

Lire aussi : Carrefour rachète 172 magasins en Espagne pour une bouchée de pain

Le géant des "dépanneurs"

Créé au Québec en 1980 avec un seul magasin, Couche-Tard est néanmoins devenu en quarante ans un géant mondial des magasins de proximité - nommés "dépanneurs" dans la province francophone -, des supérettes aux heures d'ouverture très élargies proposant une sélection restreinte de produits d'alimentation, des journaux et des cigarettes.

Le groupe s'est établi aux Etats-Unis au début des années 2000 en rachetant de plus petits concurrents, puis en Europe du Nord en 2012 avec l'acquisition du groupe norvégien Statoil, pour 2,8 milliards de dollars américains.

Couche-Tard possède un réseau de plus de 14.000 magasins exploités sous diverses enseignes, dont Circle K, principalement en Amérique du Nord, mais aussi en Europe du Nord, en Amérique latine et en Asie. La plupart de ces magasins sont associés à des stations-service vendant du carburant.

Couche-Tard, qui compte plus de 130.000 employés dans le monde, a fait une entrée remarquée en novembre sur le marché asiatique en rachetant pour près de 360 millions de dollars le groupe hongkongais Convenience Retail Asia.

Lire aussi : Carrefour acquiert Wellcome Taïwan et s'empare de 224 magasins

Couche-Tard a dégagé un bénéfice de près de 2,4 milliards de dollars américains lors de son exercice décalé de 2019, sur un chiffre d'affaires de 54 milliards de dollars. Le groupe affichait une capitalisation de 35 milliards de dollars canadiens (22,5 milliards d'euros) à la Bourse de Toronto mardi soir.

Lire aussi : Carrefour réalise sa meilleure performance en 20 ans et persévère dans la réduction des coûts

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Commentaires 9
à écrit le 14/01/2021 à 7:01
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Il est urgent de se ré-approprier le CAC40, aujourd’hui majoritairement possédé par des étrangers (surtout américains) qui possèdent ainsi les leviers des décisions stratégiques de nos grandes entreprises. Il est plus que temps d’imaginer un disposi...

le 14/01/2021 à 8:24
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N'oublions pas que faute de fonds de pensions capable d'investir dans nos entreprises, ces mêmes entreprises sont sous valorisées sur le marché et deviennent donc la proie facile des capitaux étrangers.

à écrit le 14/01/2021 à 7:00
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On vu ce qu'a donné pour l'emploi en France, et ce qu'il est advenu de Pechiney après le "mariage amical" de cette entreprise avec le Québecois Alcan ...

à écrit le 13/01/2021 à 16:14
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La fortune appartient aux sociétés dont les actionnaires se couchent tard.

à écrit le 13/01/2021 à 16:11
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Faute de fond de pension, nos boites se font racheter par les boites étrangères. Et dire qu'il y a 400 milliards d'Euros qui dorment sur les livrets défiscalisés. Et cela ne saurait tarder que ces mêmes propriétaires de ces livrets commencent à désig...

le 13/01/2021 à 19:06
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Vous ne le dites que trop bien. Actionnariat de couche tard : caisse de dépôt et placement du Québec (gérant le fond de pension de la fonction publique du Québec), Fidelity, Manuvie, RBC, BMO (soit toutes les banques et financières gérant les retrait...

à écrit le 13/01/2021 à 12:57
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"Couche tard", dans un pays où le couvre feu est à 18h, c'est un poil décalé. Humour canadien, probablement... :-)

à écrit le 13/01/2021 à 10:20
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Faute de savoir gérer un groupe aussi complexe, la solution comme d'habitude : la revente. A quel groupe le tour ?

à écrit le 13/01/2021 à 9:22
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Cela pourrait emmener des idées que nos vieux barons financiers ne savent plus générer car trop accaparés par leur pathologique cupidité surtout dans ce domaine de la grande distribution.

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