L'Allemagne célèbre son industrie touristique à Berlin

L'ITB, salon mondial du tourisme, a ouvert ses portes à Berlin dans une conjoncture euphorique. Les Allemands n'ont jamais autant voyagé. La saison 2018 annonce de nouveaux records avec des réservations en hausse de 18%.
(Crédits : Olivier Mirguet)

La faillite d'Air Berlin, l'échec retentissant du projet de construction d'un nouvel aéroport à Berlin-Brandenburg... Rien n'est venu contrarier la soif de vacances des Allemands, qui ont dépensé 91 milliards d'euros pour leurs voyages au cours de l'année passée. Pour l'industrie touristique nationale, les indicateurs sont au vert : 64,7 milliards d'euros ont été dépensés dans des voyages à forfait ou dans l'organisation de voyages individuels, soit 8 % de plus qu'en 2016 selon l'institut d'études de marché GfK.

"Les Allemands ont passé 1,68 milliard de journées en vacances en 2017. C'est un record absolu", s'est réjoui Michael Frenzel, président de la fédération des entreprises du tourisme (Bundesverband der Deutschen Tourismuswirtschaft, BTW) lors de l'ouverture de l'ITB, le salon mondial des industries touristiques qui se tient à Berlin jusqu'au 11 mars.

Pour sa 52e édition, ce salon qui cumule les superlatifs (10.000 exposants, 186 pays représentés sur 160.000 mètres carrés) célèbre "une industrie en croissance", confirme Christian Göcke, président de la foire de Berlin. Les tour-opérateurs actifs sur le marché allemand ont établi un nouveau record. Ils captent la moitié des achats de prestations touristiques, avec un chiffre d'affaires consolidé de 33,1 milliards d'euros en hausse de 8 % en 2017. "Les croisières et les séjours à l'étranger sont un segment de notre activité particulièrement dynamique", a relevé Michael Frenzel.

"La saison 2018 s'annonce prometteuse, avec des réservations anticipées en hausse de 18%", a-t-il poursuivi, commentant avec délice les prévisions fournies par GfK.

"Cette évolution nous rend optimistes. La prochaine saison touristique devrait apporter environ 5% de croissance", a prévu Michael Frenzel.

En 2017, pour sa précédente édition, l'ITB avait accueilli 170.000 visiteurs, dont 109.000 professionnels. Aux cotés de la Turquie et de la République dominicaine, présents à grand renfort de publicité, le salon accorde cette année davantage d'espace aux exposants venus des pays arabes et asiatiques. Cette évolution témoigne du dynamisme du segment haut de gamme, présent également dans un hall dédié aux séjours aventure. La France est présente, également, sur un stand organisé par l'agence Atout France avec les comités d'animation touristique des collectivités territoriales.

Avides de séjours moyen-courriers dans le bassin méditerranéen, les Allemands seront de retour en 2018 dans la plupart des pays affectés par les conséquences de la crise migratoire et les attentats. Ils plébiscitent la Grèce, leur destination favorite de l'été 2018. Avec 3,7 millions de touristes, les Allemands étaient déjà les premiers contributeurs à l'économie touristique de ce pays en 2017. Après avoir accueilli jusqu'à 5,6 millions d'Allemands avant 2015, la Turquie marquée par les attentats a chuté dans les réservations.

"La Turquie redémarre en 2018. Le volume de réservations a doublé par rapport à 2017", indique Michael Frenzel.

Merkel glorifie le tourisme "made in Germany"

L'Égypte, le Maroc et la Tunisie, dont les activités touristiques ont également été impactées par des attentats, repartent à la hausse.

"Il n'est pas exact de dire que les touristes allemands ont la mémoire courte. Ces pays proposent un rapport qualité-prix sans équivalent. Notre marché est demandeur de ce type de produit", juge Michael Frenzel.

La chancelière Angela Merkel, venue inaugurer l'ITB, s'est réjouie du dynamisme d'activités réceptives dans son pays. Les secteurs de l'hébergement touristique et de la gastronomie ont généré l'année dernière un chiffre d'affaires de 290 milliards d'euros. Le secteur marchand de l'hébergement a fourni 460 millions de nuitées en 2017, et le tourisme dans son ensemble représente 2,9 millions d'emplois.

"L'Allemagne bat un record après l'autre", a observé la chancelière.

Répondant à une requête insistante des syndicats patronaux, la chancelière a confirmé la présence, au prochain gouvernement de coalition, d'un référent pour les industries touristiques. Mais ce référent n'aura, à l'instar des formations passées, pas le rang de ministre. Dans leur pacte de coalition, les chrétiens-démocrates de la CDU et les socialistes du SPD ont déjà prévu de céder au lobby des transporteurs et des voyagistes. Le document qui servira de base à la politique gouvernementale prend en compte "l'augmentation nécessaire des capacités aéroportuaires" et réaffirme la nécessité de boucler le chantier controversé de l'aéroport de Berlin. Il prévoit aussi la prise en charge par l'Etat d'une partie des coûts de la sûreté aérienne, une mission régalienne actuellement financée par les voyageurs.

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