Entre les mesures générales de soutien à toutes les entreprises, comme la prise en charge du chômage partiel en France, et les mesures spécifiques au transport aérien, l'Europe va probablement être la zone géographique où le soutien des États aux compagnies aériennes sera le plus important.
Berlin veut entrer au capital
Quinze jours après l'annonce du plan de soutien à Air France d'un montant de 7 milliards d'euros, Lufthansa a annoncé ce jeudi négocier avec l'État allemand un plan de sauvetage "de 9 milliards d'euros", qui pourrait inclure une nationalisation partielle du groupe, afin de lui éviter la faillite. Ce soutien s'ajoute à celui obtenu en Suisse et en Autriche où sont basées des compagnies membres du groupe (Swiss et Austrian Airlines). L'État helvète va en effet garantir 1,2 milliard d'euros de prêts à Swiss et Edelweiss, tandis qu'en Autriche, Austrian a demandé une aide publique de 767 millions d'euros.
La direction est réticente
Les négociations en Allemagne "en cours" portent sur un crédit mais aussi "sur une entrée de l'État au capital de l'entreprise" allant jusqu'à 25% et une action, c'est-à-dire une minorité de blocage, explique Lufthansa dans un communiqué. Le groupe ajoute que l'État "vise à obtenir un siège au conseil de surveillance" du groupe.
Les négociations sont serrées. Lufthansa refuse d'être influencée dans sa stratégie par les pouvoirs politiques des pays où sont basées les compagnies du groupe.
"Nous avons besoin d'aide publique, mais pas d'une direction nationalisée", a réitéré cette semaine le patron de Lufthansa, Carsten Spohr, lors de l'assemblée générale des actionnaires.
"Le processus pour trouver un accord politique dure toujours", note Lufthansa.
10.000 salariés sur la sellette
Actuellement, le groupe a encore quelque 4 milliards d'euros en cash, a expliqué Carsten Spohr.
Perte d'un million d'euros par heure
Comme le reste des compagnies aériennes européennes, les transporteurs du groupe allemand sont quasiment à l'arrêt. Sur 760 appareils environ, quelque 700 sont actuellement cloués au sol, et plus de 80.000 de ses 130.000 salariés sont au chômage partiel. Engagé dans une restructuration visant à réduire durablement la voilure du groupe et à se séparer de près de 100 avions, Carsten Spohr a récemment estimé avoir 10.000 salariés en trop au regard de la crise actuelle.
La crise va durer plusieurs années
Cette aide va permettre au groupe allemand de se projeter dans cette période de reprise qu'il prévoit, depuis plusieurs semaines déjà, longue et douloureuse. Début avril, Lufthansa prenait le contrepied des scénarios optimistes qui prévoyaient une reprise de l'activité en 2021 en affirmant au contraire ne pas s'attendre à un retour rapide du secteur du transport aérien au niveau d'avant la crise avant plusieurs années. "La levée totale des restrictions de voyage durera des mois" et le retour de la demande à la normale "des années", précisait-il. Depuis, un grand nombre de compagnies ont adhéré à ce diagnostic.
Trois milliards d'euros pour Alitalia
De son côté, le gouvernement italien s'est dit prêt jeudi à injecter au moins trois milliards d'euros dans la compagnie aérienne en difficulté Alitalia, où 6.600 employés seront au chômage technique jusqu'à fin octobre du fait de l'impact de l'épidémie de coronavirus.
"Le capital initial de la nouvelle compagnie ne pourra pas être inférieur à trois milliards d'euros", a annoncé le ministre de l'Industrie Stefano Patuanelli, lors de la présentation du projet de nationalisation de la compagnie devant les sénateurs.
"Le gouvernement n'a pas l'intention de procéder à un nouveau sauvetage, nous voulons relancer la compagnie", a-t-il ajouté.
Le gouvernement italien a annoncé, il y a deux semaines, son intention de constituer en juin une nouvelle société publique pour sauver Alitalia. Cette compagnie, qui sera au moins dans un premier temps nationalisée, devrait disposer d'une flotte de plus de 90 appareils contre 113 actuellement, avait expliqué alors M. Patuanelli.
Concernant l'emploi, il avait rappelé la volonté du gouvernement de le protéger au maximum. "Mais parler de zéro suppression de postes, je pense, est très difficile", avait-il ajouté. Alitalia accumule les pertes depuis des années et a dû être placée sous tutelle de l'administration en 2017, mais la crise liée à la pandémie a aggravé sa situation, comme celle de toutes les compagnies aériennes.
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