Aigle Azur : la justice condamne les auteurs de l'incroyable "putsch" en 2019

Près de 18 mois après la disparition d'Aigle Azur, le tribunal judiciaire de Paris s'est prononcé sur la prise de contrôle de la compagnie par un actionnaire mécontent le 26 et 27 août 2019. Retour sur cette histoire unique dans le monde des entreprises.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Benoit Tessier)

Le Tribunal judiciaire de Paris vient de mettre le point final à une histoire abracadabrantesque, unique dans le monde des entreprises françaises. Celle d'une incroyable prise de contrôle d'une société par un actionnaire minoritaire mécontent, déboulant avec quelques personnes au siège social pour destituer manu militari le PDG et annoncer aux salariés et à la presse le changement de gouvernance, avant de s'en trouver délogé deux jours plus tard par le PDG déchu accompagné des forces de l'ordre. Ce dernier avait déclaré avoir été victime d'un "putsch".

Lire aussi : Aigle Azur : l'histoire trépidante d'un fiasco

Aigle Azur en grande difficulté au moment des faits

Aussi surréaliste soit-elle, cette histoire est réelle. C'est celle qu'a connue la compagnie aérienne française Aigle Azur les lundi 26 et mardi 27 août 2019, précipitant la chute de celle-ci un mois plus tard. Et plus précisément Frantz Yvelin, le PDG d'Aigle Azur à l'époque, dont le plan de sauvetage de la compagnie suscitait l'hostilité d'une grande partie des syndicats.

Selon les faits inscrits dans le jugement que La Tribune a pu consulter, ce lundi 26 août, Frantz Yvelin se voit notifier par huissier de justice un courrier daté du 23 août signé par Gérard Houa, actionnaire à hauteur de 19% de la compagnie, "agissant pour la collectivité des associés" d'Aigle Azur (le groupe chinois HNA et David Neeleman, les deux autres actionnaires Ndlr). Dans la foulée, Gérard Houa prend possession du siège social. Selon un procès-verbal du 26 août, un huissier mandaté par Frantz Yvelin a constaté que ce dernier s'était vu refuser l'accès par l'agent de sécurité qui lui a remis deux cartons avec des effets personnels. Ce dernier ira déposer plainte.

 Ancien d'Airbus en Chine, Gérard Houa est accompagné d'un autre ancien du groupe aéronautique, Philippe Bohn. Le premier s'autoproclame président, le second est nommé directeur général. Tous deux assurent apporter 15 millions d'euros et avoir le soutien des syndicats et des salariés. Ils ont en effet bénéficié de l'appui d'un certain nombre de syndicalistes en conflit avec la direction. Le changement de gouvernance est annoncé par un communiqué de presse avec l'en-tête d'Aigle Azur. Une action immédiatement dénoncée par l'un des deux autres actionnaires, David Neeleman, pour qui cette action constitue une usurpation.

Dans le jugement du tribunal judiciaire de Paris, Frantz Yvelin indique avoir été écarté du pouvoir de "manière déloyale, brutale et vexatoire" et parle de "conditions et attentatoires  à son honneur et sa réputation". Gérard Houa a été condamné à indemniser le préjudice moral et à lui verser 15.000 euros, Philippe Bohn, 5.000 euros. S'ajoutent aussi 3.500 euros de frais.

Par ailleurs, une procédure pénale est également engagée à la suite de la plainte déposée le 28 août par l'administrateur Provisoire (Maître Hélène Bourbouloux) nommé au moment de ces évènements par le Tribunal de Commerce pour diriger la compagnie.

Contacté par La Tribune, Gérard Houa n'a répondu à nos sollicitations

Fabrice Gliszczynski

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Commentaire 1
à écrit le 14/05/2021 à 10:25
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Pour connaître les dessous du scandale de la vente à un chinois de l'aéroport de Toulouse et la manière dont la Chine a dépecé un Airbus A320 pour le copier au profit de son avion commercial, lisez "L'empreinte du Dragon" de Jean Tuan chez C.LC. Edit...

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