Dry4Good, la startup qui veut aider l'agroalimentaire à se passer des additifs

La startup a développé un procédé de déshydratation permettant d'éviter l'ajout de produits "fonctionnels". Il a déjà attiré des clients industriels dans les secteurs du lait, des compléments alimentaires, des snacks apéritifs, des taboulés et des préparations pour la restauration collective.
Giulietta Gamberini
Dry4Good déshydrate déjà une vingtaine d'ingrédients : des fruits et des légumes, des aromates et des champignons.
Dry4Good déshydrate déjà une vingtaine d'ingrédients : des fruits et des légumes, des aromates et des champignons. (Crédits : DR)

L'idée est partie d'un constat : celui de la méfiance croissante de la part des consommateurs vis-à-vis des produits alimentaires industriels, dont les recettes complexes, remplies de sigles qui indiquent des additifs, manquent de transparence. Une suspicion à l'origine du succès d'applis telles que Yuka, qui simplifient le choix dans les rayons des supermarchés en proposant des notes synthétiques de la qualité des produits, et qui a déjà incité plusieurs marques à revisiter leur offre.

Romaric Janssen, qui jusqu'en 2019 travaillait dans le secteur agroalimentaire, se dit alors que pour ceux qui seront capables de proposer aux industriels des solutions leur permettant de simplifier leurs recettes, il y a un marché à prendre. Il connaît en effet le cercle vicieux qui conduit à cette multiplication des ingrédients artificiels. La logistique comme les procédés industriels imposent de remplacer nombre d'aliments frais par des produits déshydratés. Mais puisqu'à cause des techniques utilisées (de hautes températures, l'oxydation ou la surgélation) ces aliments perdent ainsi une grande partie de leurs qualités, ils entraînent l'utilisation d'autres produits « fonctionnels », assurant le goût, les arômes, la couleur, la texture et les qualités nutritionnelles perdus - la plupart venant d'Europe de l'Est voire d'Asie.

Une technologie de séchage à basse pression

Romaric Janssen s'associe alors avec Jean-Gabriel Dijoud, ancien de TechnipFMC. En 2019, après une levée de fonds en amorçage dont le montant n'est pas dévoilé, ils se lancent dans la recherche d'un procédé de déshydratation permettant de transformer les aliments dans des ingrédients aussi légers et facilement utilisables par l'industrie que les aliments secs ou lyophilisés, mais conservant l'ensemble des fonctions du produit d'origine.

Ils conçoivent une technologie de séchage à basse pression qui leur permet désormais d'atteindre leur objectif, à des coûts proches de ceux de la lyophilisation, pour une vingtaine d'ingrédients : des fruits et des légumes, des aromates et des champignons. Une évolution rendue possible par l'utilisation de capteurs et de logiciels optimisant le procédé en fonction des spécificités de chaque ingrédient et des conditions extérieures, précise Romaric Janssen.

Une double démarche d'économie circulaire et de circuits courts

Les deux fondateurs de l'entreprise, nommée Dry4Good, décident aussi d'aller au bout de leur proposition de valeur en s'inscrivant dans une double démarche d'économie circulaire et de circuits courts. Pour s'approvisionner, ils s'adressent alors au Bon Plant, une ferme située à côté de leur site pilote à Cergy-Pontoise, qui distribue également les produits d'autres producteurs du Val d'Oise. L'objectif est de contribuer à la structuration d'une filière locale, tout en évitant le coût du transport des produits non encore déshydratés, donc plus lourds.

Ils privilégient aussi les produits déclassés, que les agriculteurs n'arrivent pas à vendre à la grande distribution puisqu'ils ne correspondent pas à ses standards. Une approche gagnant-gagnant : les producteurs s'assurent un revenu inattendu, alors que Dry4Good sécurise son approvisionnement et profite de meilleurs prix, explique Romaric Janssen. L'industriel qui achètera le produits réhydraté, lui, pourra mettre en avant des ingrédients « made in France », parfaitement traçables et issus de la lutte contre le gaspillage. Une gamme spécifique est d'ailleurs aussi proposée aux clients qui veulent du bio.

Une nouvelle unité de production en 2021

La formule a déjà attiré des clients industriels dans les secteurs du lait, des compléments alimentaires, des snacks apéritifs, des taboulés et des préparations pour la restauration collective, énumère Romaric Janssen. Une vingtaine de kilos d'aliments sont déjà déshydratés chaque jour par Dry4Good, qui compte quatre salariés et deux stagiaires. La phase d'industrialisation doit toutefois être complétée en 2021, lorsque l'entreprise espère plus que doubler ses salariés et mettre en fonction une nouvelle unité de production, afin de déshydrater une demie tonne d'aliments par jour. Située sur le même site à Cergy-Pontoise, elle accueillera également une conserverie du Bon Plant.

À partir de 2022, Dry4Good envisage également d'intégrer d'autres filières locales en France, « dans des zones de production spécifiques » : par exemple de tomates, cerises, fruits jaunes, explique Romaric Janssen, qui dit avoir déjà été contacté par de « gros producteurs locaux » voulant réduire leur gaspillage. Dry4Good espère alors construire une nouvelle usine par an.

Giulietta Gamberini

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Commentaires 3
à écrit le 16/11/2020 à 19:32
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Pour manger sain, il faut acheter et cuisiner des produits de qualité. Ceci sous entend qu'il faut que les femmes restent à la maison pour garder les gosses, faire la cuisine, le ménage et accessoirement servir d'esclave sexuelle. J'ai bon?

à écrit le 16/11/2020 à 11:37
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Uue belle initiative, intelligente et progressiste s'il en est maintenant le problème est que l'agro-alimentaire est d'abord lié aux marchés financiers avant d'être lié à l'alimentation faisant que ceux qui vendent les additifs sont bien souvent ceux...

le 03/11/2022 à 20:28
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