Ex-zone Seveso, l’écoparc de la Barillais est devenu le moteur vert du logisticien Idea

A Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire, près de quinze ans après le lancement de sa reconversion, l’ex-friche Seveso, devenue l’Ecoparc de la Barillais produit du gaz vert issus de déchets fournis par des exploitations agricoles et des industriels de l’agroalimentaire voisins. A la tête de cette démarche, le logisticien IDEA en fait l'un des moteurs de sa transition environnementale.
L'entrepôt de stockage d'engrais d'IDEA a permis d'installer sur le toit, 5000 m² de panneaux photovoltaïques.  La Centrale Biogaz de l’Estuaire fournira, elle, chaque année, un gaz renouvelable représentant  9% de la consommation de Montoir-de-Bretagne et 2% du territoire de la Carene (Communauté d'agglomération nazairienne).
L'entrepôt de stockage d'engrais d'IDEA a permis d'installer sur le toit, 5000 m² de panneaux photovoltaïques. La Centrale Biogaz de l’Estuaire fournira, elle, chaque année, un gaz renouvelable représentant 9% de la consommation de Montoir-de-Bretagne et 2% du territoire de la Carene (Communauté d'agglomération nazairienne). (Crédits : IDEA)

Dans l'estuaire de la Loire, un millier d'arbres, aux « essences durables » vient d'être plantés par la société Neosylva, spécialisée dans l'entretien et le reboisement des forêts françaises, pour « renaturer » une partie des vingt-trois hectares de l'ex-friche industrielle Seveso, devenue en une quinzaine d'années l'écoparc de la Barillais. Acquis par le logisticien nazairien Idea, le site, qui accueillait autrefois trois bâtiments de stockage et une usine de production d'engrais chimiques a été entièrement transformé, nettoyé, désamianté et finalement déclassé Seveso en 2021. « C'est à la fois une démarche interne et externe, qui concerne la politique RSE de l'entreprise IDEA et le territoire nazairien. Et un modèle que l'on pourrait dupliquer sur l'un des soixante-cinq sites du groupe. A condition d'y trouver du foncier, des points d'injections, des partenaires... », explique Bénédicte Birgand, responsable RSE du groupe IDEA.

Décarboner la flotte et tendre vers l'autonomie des usages

Le modèle repose sur trois projets d'énergies décarbonées, dont le premier CBest, consiste à transformer des déchets issus de douze exploitations agricoles et d'industries agroalimentaires voisines pour produire du gaz vert. D'une capacité de 28.000 tonnes par an, CBest devrait produire 21 GWh par an, grâce au gaz injecté dans le réseau, soit l'équivalent de 1.900 foyers. Opérationnel depuis avril 2022, l'unité de méthanisation a déjà absorbé 9.000 tonnes de déchets, produit 6,5GWh, et éviter de rejeter 1.157 tonnes de Co2 dans l'atmosphère. Soutenu par le fonds européen Feder, le projet financé par Engie Bioz 70%, Idea 25% et la communauté d'agglomération nazairienne (Carene) 5% aura coûté près de 10 millions d'euros. « L'intérêt de CBest est multiple », souligne Bénédicte Birgand. En premier lieu, il évite à Idea d'acheminer ses déchets organiques à la centrale de biobgaz de Montaigu, située à 86 km et la centrale de biométhane de Chantonnay à 144 km comme elle le faisait auparavant. De plus, le digestat produit lors de la méthanisation est retourné aux exploitants agricoles qui l'utilisent comme engrais naturel en substitution des engrais chimiques classiques. « Parallèlement, l'objectif pour Idea est de tendre vers l'autonomie des usages, de décarboner sa flotte de véhicule et d'allonger la durée de vie des matériels. L'entreprise a lancé plusieurs projets de production de gaz renouvelable dont CBest qui est le plus avancé, », précise-t-elle. « Nous n'avons pas de station de chargement pour nos camions Biogaz sur place. Mais il y a une cohérence dans la volonté stratégique de l'entreprise - de vouloir sortir des énergies fossiles en décarbonant la flotte - et en même temps de produire cette énergie fossile.» A ce jour, 8% du parc de véhicules du logisticien est constitué de camions au biogaz. « Et l'objectif est d'atteindre 40% en 2025. C'est aussi un moyen de répondre à la hausse de l'énergie », dit-elle. Plus largement, la Centrale Biogaz de l'Estuaire fournira, chaque année, un gaz renouvelable à hauteur de 9% de la consommation de Montoir-de-Bretagne et 2% pour le territoire de la Carene.

Se diversifier vers des marchés durables

Pour accroître l'autonomie énergétique et aller plus loin dans la sortie des énergies fossiles, Idea a mené des études sur son foncier et recouvert un premier bâtiment du site avec 5000 m² de panneaux photovoltaïques. Un second de 1500 m² est à l'étude pour accueillir 750 m² de panneaux photovoltaïques. « Derrière la sobriété énergétique, l'idée est de sortir des énergies fossiles pour proposer une logistique durable et nous inscrire dans une stratégie nationale bas carbone en allant vers des marchés durables» explique la responsable RSE d'Idea dont 52% des contrats de gaz proviennent d'énergies renouvelables. « Cette logique de transition énergétique nous a amené à stopper certaines activités, à nous diversifier vers des métiers en phase avec les valeurs environnementales et humaines que nous défendons.» Idea s'est ainsi tournée vers le stockage d'engrais bio, l'éolien off-shore avec GE (Général Electric) et vient de lancer une offre de logistique hospitalière pour le secteur de la santé, de manière à libérer le personnel soignant de la gestion des stocks.

Devenir un lieu d'expérimentation et de pédagogie

Implanté sur 13.000 m², l'Ecoparc de la Barillais, imaginé pour respecter la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette) et être un lieu d'expérimentation de production d'énergies décarbonées a été auréolée, en juillet dernier, du « Grand prix infrastructure durable » des Greens Solutions Awards organisé par la plateforme collaborative Construction 21. Car, au-delà du projet CBest qu'Idea aimerait dupliquer sur l'un de ses autres sites en France, l'écoparc de la Barillais veut permettre de valider les faisabilités techniques et financières de projets innovants et leur permettre un passage à l'échelle industrielle. A l'instar de deux projets d'énergie renouvelable qui pourraient prochainement sortir de terre. L'un, Hymoov, porté par la société Iremia et Ie groupe IDEA pour produire de l'hydrogène à partir de bois de classe B, l'autre GHAMa, piloté par un consortium d'entreprises (GRT Gaz, Leroux et Lotz, Cerema, Nevezus, IDEA) et l'agglomération nazairienne pour, lui aussi, produire de l'hydrogène, mais cette fois à partir de boues d'épuration, transformées en méthane puis en hydrogène. A terme, le site pourrait implanter un lieu pédagogique pour accueillir des visites d'écoles, le grand public et des acteurs du territoire pour faire passer le message.

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Commentaire 1
à écrit le 07/09/2023 à 17:44
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Pour faire simple, on passe du rouge écarlate au vert.

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