L'envol de Wang Zhenghua, patron de Spring Airlines

À la tête de la seule compagnie aérienne low cost en Chine, Wang Zhenghua prépare la cotation de sa société en Bourse.
Copyright Reuters

Le rêve de Wang Zhenghua (62 ans), fondateur et président de Spring Airlines, d'être propriétaire d'une compagnie aérienne privée remonte à 1994. Les réactions à l'époque étaient sans équivoque : le marché était complètement fermé, subventionné et réservé à des compagnies d'État. Il n'avait aucune chance. Mais Wang Zhenghua, alors à la tête d'une agence de voyage persiste. « Impossible » ne fait pas partie de son vocabulaire. Il fait du lobby, construit patiemment sa réputation, étudie le marché, élabore une stratégie low cost et lorsqu'en 2004 le marché privé de l'aviation s'ouvre enfin c'est le tout premier à recevoir l'autorisation de voler. Il opère alors un seul Airbus A320.

Sept ans plus tard voici Wang Zhenghua à la tête d'une flotte de 22 A320. Il attend la livraison de 14 autres. Il lorgne désormais le marché international et doit se faire coter à Shanghai d'ici à la fin de l'année. C'est le seul low cost à avoir su résister à la crise (ses trois concurrents ont fait faillite), à l'opposition permanente des grandes compagnies dans lesquelles l'État est actionnaire et à un climat général assez peu favorable au développement de son industrie. En 2010 il enregistre un profit net de 49 millions d'euros dépassant presque tous ses concurrents.

Le succès de ce membre du parti communiste devenu homme d'affaires tient en partie à son parcours : il a toujours bénéficié de l'appui de la ville de Shanghai et d'un réseau de relations politiques. Mais pas seulement. Il sait inventer un marché, créer la demande et n'hésite pas à explorer des terrains encore vierges, délaissés par ses concurrents.

Ses débuts dans l'industrie des services remontent à 1981. C'est seul qu'il monte dans 12 m2 une petite agence de voyage persuadé du potentiel du marché touristique chinois. L'Histoire lui donne raison. En 1994 il devient le premier acteur en Chine. Son agence compte aujourd'hui 4.000 branches. Très rapidement il voit plus grand et ayant vent du modèle low cost aux États-Unis veut élaborer une version chinoise.

Négociation avec le japon

« On me demande souvent quelles sont les raisons de mon succès. J'ai su comprendre ce que signifiait être low cost. C'est pour moi une véritable philosophie de vie », explique Wang Zhenghua dans ses bureaux à Shanghai dont la sobriété détonne dans une ville connue pour ses excès. Dans une industrie où 80 % des coûts sont fixes Wang Zhenghua a décidé de réduire au maximum ceux qu'il pouvait contrôler. Il rémunère ses salariés jusqu'à un tiers de moins que la concurrence, ne se permet aucune dépense inutile, voyage en seconde classe, amène de quoi se nourrir lors de ses nombreux voyages à l'étranger et contrairement à ses homologues hommes d'affaires à Shanghai, ne possède pas de berline noire avec chauffeur.

La recette a fait son succès. Il est convoité par une compagnie coréenne qui souhaite s'allier avec lui. Mais c'est finalement au Japon qu'il va tenter sa chance à l'international. Il y est en négociation pour y créer une joint-venture dans le but de se développer dans le marché local et régional. « Je le répète sans arrêt à mes équipes. Il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers. Mais toujours essayer de comprendre où se jouera la prochaine partie ». La seule limite qu'il s'est fixée ce sont les 6.000 km qu'un A320 peut parcourir.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.