Le géant Brasil Foods dans le collimateur des autorités de la concurrence

Le numéro un de l'agroalimentaire, né d'une mégafusion voilà deux ans, risque d'être obligé de vendre des activités. Son sort sera scellé le 15 juin.
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Elle avait soutenue voilà deux ans par le gouvernement Lula qui souhaitait faire du Brésil un pays de grands conglomérats sur des secteurs stratégiques. Toutefois, la constitution de Brasil Foods, numéro un de l'agroalimentaire issu de la fusion entre Perdigao et Sadia, pourrait bien achopper d'ici à quelques jours sur un vote négatif de la part des autorités de la concurrence (Cade).

Mercredi, l'un des membres des autorités de la concurrence, en l'occurrence Carlos Ragazzo, son directeur, a fait savoir qu'il était opposé à cette fusion. Selon lui, Brasil Foods accaparerait une part de marché trop importante dans un secteur d'activités où les barrières à l'entrée sont élevées, et son pouvoir de fixation sur les prix porterait préjudice aux consommateurs.

Suite à cette annonce, le titre Brasil Foods a fortement chuté mercredi (6,3 % en séance puis 2 % à la clôture) à la Bourse de São Paulo. Un mal pour un bien pour la société puisque cette baisse a incité la Cade à reporter son vote définitif au 15 juin. « Ce délai est un bon point pour nous, il va permettre aux membres de la commission d'examiner le réel impact que risque d'engendrer cette recommandation », a réagi la direction de Brasil Foods dans un communiqué alors qu'elle ne cache pas vouloir mettre à profit ce laps de temps pour convaincre les quatre membres restants de cette autorité.

Deuxième employeur du pays

Pour sa défense, Brasil Foods aura à coeur de faire valoir qu'il est le deuxième employeur du pays derrière le groupe minier Vale et le troisième plus grand exportateur brésilien. Ce vendeur de surgelés et autres produits de charcuterie réalise 42 % de son chiffre d'affaires à l'étranger. Une position qui l'exonère, selon les dirigeants du groupe, des dommages dont on l'accuse vis-à-vis des groupes nationaux.

Ces arguments ne suffiront cependant peut-être pas à convaincre les autorités antitrust. Auquel cas, Brasil Foods aura vraisemblablement l'obligation de se désengager de certaines de ses activités.

Les analystes évoquent par exemple les branches « charcuterie » ou « margarine », deux secteurs sur lesquels le groupe opérerait un réel monopole selon Carlos Ragazzo. D'autres scenarii plus noirs encore pour le groupe évoquent même la cession totale de Sadia par l'ex-Perdigao.

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