Depuis la crise, les sociétés chinoises recourent de plus en plus aux transactions à crédit

En deux ans, les groupes chinois ont singulièrement augmenté leur recours au crédit en matière de paiement domestique. Les agences informelles prolifèrent, note Coface.
Copyright Reuters

Devenue la principale source de financement des entreprises en Chine, les ventes à crédit sont en forte progression depuis deux ans. C'est du moins le constat que livre Coface dans une récente étude réalisée auprès de plus de 1.000 sociétés chinoises d'horizons très divers. Selon le spécialiste de l'assurance-crédit, 88 % des sociétés sondées auraient eu recours à ce type de transactions, soit 23 % de plus qu'en 2008.

Que faut-il conclure de ce phénomène ? Sans doute que la Chine tend à « adopter progressivement les standards internationaux en matière de vente à crédit », résume Thierry Graffin, directeur adjoint de l'arbitrage à Coface. En cela, rien de très inquiétant, d'autant que, des signes d'amélioration sont tangibles. Les entreprises concernées par des retards de paiement sont moins nombreuses qu'en 2008 (64 % contre 91 %). Par ailleurs, les deux-tiers des crédits sont payés avant 60 jours, soit la moyenne mondiale.

Inquiétudes

Pourtant, l'avenir n'est guère rassurant aux yeux des sociétés sondées. Environ 44 % d'entre elles anticipent même une dégradation de la situation des paiements à court terme. « L'an dernier, 25 % des sociétés ont consenti du crédit pour faire face aux problèmes de liquidités de leurs clients, contre 8 % il y a cinq ans », poursuit Thierry Graffin.

Le contexte macro-économique explique en partie cette tendance. « Après une année 2010 très favorable, les sociétés sont aujourd'hui soumises à une série de chocs négatifs : retrait du stimulus budgétaire, crédit plus rare et plus cher, accélération de l'appréciation du yuan, inflation et salaires en hausse », ajoute Constance Boublil, économiste de Coface. Une situation qui met à mal les sociétés les plus fragiles. Plus particulièrement, celles issues des secteurs qui avaient été maintenus sous perfusion en 2010 comme le textile, le jouet ou l'acier.

Parmi les différents types d'entreprises, les groupes privés sont considérés comme étant les plus risqués en matière de paiement. Souvent familiaux, plus opaques, et plus nombreux (4,5 millions sur un total de 5 millions), ces groupes sont également moins bien capitalisés. « Près de 70 % du crédit bancaire reste alloué aux entreprises d'état et aux collectivités locales », rappelle Coface. En conséquence, les sociétés privées se voient de plus en plus contraintes de se financer auprès de sociétés de crédit informelles qui pratiquent des taux relativement élevés. Le phénomène n'est pas à prendre à la légère. La Banque centrale chinoise est la première à s'en inquiéter. Elle a d'ailleurs entrepris de lancer un indicateur en vue de capter la progression de ce crédit dit informel.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.