Situations paradoxales

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, les relations entre Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg, des Lettons peu enthousiastes pour intégrer la zone euro, et Areva trouve des relais de croissance.
Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif. Copyright Reuters

Vu de l'étranger, le gouvernement français doit paraître un brin schizophrène. A l'exemple de la politique suivie. Dimanche, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a indiqué que désormais c'est la réduction des dépenses publiques et l'arrêt de la hausse des impôts qui prévaudraient pour réduire le déficit public. C'était jusqu'alors plutôt l'inverse qui était sinon prôné, du moins suivi.

Baisser les dépenses publiques

Bien sûr, il ne s'agit là que d'une déclaration, et on verra si les actes correspondent aux paroles. Il n'empêche, le signal est clair. Il est vrai que la France a le ratio de dépenses publiques rapporté au PIB le plus élevé parmi les pays de l'OCDE (57% en 2012). Un tabou est en train de tomber.

Dans ces conditions, il est étonnant qu'Arnaud Monteboug n'ait pas réagi à ce propos. Lundi, le volubile ministre du Redressement productif prenait à son habitude le contre-pied de Pierre Moscovici plutôt sur le rôle de la Banque centrale européenne (BCE). Il fustigeait son rôle négatif, son alignement sur Berlin, et la nécessité de monétiser la dette pour réduire le déficit. On voit qu'on revient au sujet par un autre biais.  Pierre Moscovici, au contraire, louait le rôle de Mario Draghi, le gouverneur de la BCE, pour calmer les marchés financiers.

Un rôle plus politique que technique

En son temps, pour signifier un désaccord au pouvoir, Jean-Pierre Chevènement avait eu ce mot passé à la postérité : « Un ministre, ça ferme sa gueule, ou ça démissionne ! ». Le chantre de la « démondialisation » lui aura réussi par son verbe tranchant à imposer paradoxalement sa présence au gouvernement par son rôle plus politique que technique. Le bilan provisoire du « redressement productif » reste pour le moment assez mince. Mais pour le président François Hollande, il est paradoxalement plus sûr d'avoir Aranaud Montebourg au gouvernement que dans l'hémicycle.

Une autre situation paradoxale, est celle des Lettons. Le gouvernement de Lettonie veut en effet accélérer la procédure pour devenir membre de la zone euro dès le 1er janvier 2014. Ce qui signifie que le recours à l'euro pour la population pourrait intervenir rapidement préparant ainsi l'abandon de la devise nationale, le lat.

Moins d'un Letton sur 10 veut adhérer à l'euro

Pour justifier sa précipitation, le gouvernement avance qu'une telle intégration accélérera la croissance économique. Visiblement, la population est loin d'être convaincue puisqu'à peine 8% sont d'accord. Probablement, les Lettons qui doivent s'informer auront remarqué que la zone euro connaît une crise depuis 2010, que certains pays subissent des plans de rigueur et que les membres de cette zone ne sont pas tous sur la même longueur d'onde. Peut-être que le gouvernement devrait se montrer plus pédagogue pour expliquer son paradoxal empressement.

Des services pour améliorer la sûreté

Résoudre les contradictions reste une activité après tout assez naturelle. Prenez le cas d'Areva, le géant nucléaire français. Non seulement il peut construire des centrales atomiques mais aussi faire payer ses services tant pour les sites qui nécessitent une meilleure sûreté (il y avait donc des vices ou des oublis dans la construction ?), un sujet particulièrement sensible, ou encore la possibilité de pouvoir prolonger la vie, et donc l'activité, des centrales (plutôt que de vouloir en acheter de nouvelles).

Son patron, Luc Oursel, a estimé que cela devrait rapporter quelque 200 millions d'euros en 2013. Dans un secteur, où les sites nucléaires ne poussent pas comme des champignons, le développement d'une expertise et de services devient un nouveau créneau de croissance. C'est paradoxal ? Non, c'est pragmatique.

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