Le "e-commerce", un levier de croissance précieux face à la crise

Par Jean-Thomas Lesueur, délégué général de l'Institut Thomas More.

L'année 2009 s'annonce sévère. Baisse - sinon recul - de la croissance, retour du chômage et nouvelle contraction du pouvoir d'achat risquent bien de composer le cocktail amer d'une année difficile pour les entreprises comme pour les ménages. Comment y faire face ? Quelles réponses formuler ? Après l'annonce du plan de relance par le président de la république le 4 décembre dernier, qui en constituerait en quelque sorte le préambule, il conviendrait de mettre en ?uvre sans attendre une stratégie de soutien à l'économie visant à valoriser et favoriser tous les leviers de croissance identifiés, tous les secteurs à fort potentiel de développement, toutes les initiatives créatrices d'emplois. Face à la crise, l'"union sacrée" économique est de mise. Les potentiels sont immenses dans l'environnement, dans les services à la personne, dans l'économie de la connaissance, les nouvelles technologies et l'Internet.

A ce dernier égard, le plan France Numérique 2012, présenté en octobre dernier par Eric Besson, secrétaire d'Etat chargé de la prospective, de l'évaluation des politiques publiques et du développement de l'économie numérique, a eu le mérite de rappeler le gisement de croissance formidable que constituent les nouvelles technologies : elles ne représentent que 6% du PIB en France, contre 12% aux Etats-Unis et jusqu'à 18% dans les pays les plus en pointe comme la Finlande.

Si l'économie numérique a déjà révolutionné la vie et l'organisation des entreprises, elle bouleverse aujourd'hui les habitudes de vie, les formes de communication mais aussi les modes de consommation des Français. Une partie de la réponse à la crise se joue sur la toile, où s'échangent les informations comme les biens, où vendent et achètent de plus en plus de Français. C'est cette révolution du "e-commerce" qu'il s'agit aujourd'hui de ne pas manquer, tant le potentiel de croissance en est grand.

Dans un climat morose, le commerce en ligne fait en effet preuve d'une santé insolente, avec une croissance annoncée de 27% pour 2008 et de 22% en 2009. Son modèle économique, fait de souplesse et de réactivité, se révèle adapté aux temps de crise. D'abord parce qu'il soutient la consommation et préserve le pouvoir d'achat à travers la réduction des coûts de structure, l'augmentation de la concurrence entre distributeurs et les possibilités de comparaison offertes aux internautes - pour preuve, l'inflation dans le secteur au premier semestre de l'année était limitée à 1,5%, contre 3,3% pour l'économie générale... Ensuite, parce qu'il offre de nouveaux débouchés aux producteurs, la possibilité d'atteindre un public plus large et la multiplication des références que permet l'espace infini d'un magasin virtuel.

Mention particulière doit être faite des sites d'échanges entre particuliers, outils précieux de soutien au pouvoir d'achat. Car, outre les avantages écologiques, d'offrir une seconde vie aux objets, et social, de permettre un équipement à moindre coût, ils donnent l'occasion à un nombre croissant de particuliers de tenter, sur l'exploitation d'une idée originale, l'aventure de la micro entreprise, de développer leur activité et, pour certains, de créer les conditions de leur sortie du chômage. Une partie des points de croissance à conquérir est entre les mains de ces entrepreneurs d'un nouveau type.

Autre atout du "e-commerce", il s'internationalise : en France, 24% des internautes ont acheté à l'étranger dans les six derniers mois et 75% des sites réalisent une part de leurs ventes hors frontières. Le marché européen, qui concerne déjà 105 millions d'acheteurs, avec un potentiel de 200 millions et une activité qui devrait tripler d'ici 2011, constitue aux yeux de tous les acteurs un véritable enjeu pour demain. C'est là encore un levier de croissance à ne pas négliger. Pour qu'il révèle tout son potentiel, l'Union européenne doit veiller à offrir à tous les intervenants - particuliers, producteurs, distributeurs - un cadre juridique harmonisé et sécurisé. Tel était le but de la directive de 2000 sur le commerce électronique.

Or, sur ce plan, capital pour transformer l'essai du grand e-marché harmonisé, beaucoup reste à faire et la France semble parfois jouer à contre-emploi. Les jugements rendus dans deux récents procès contre e-bay en Belgique et en France viennent d'en apporter une démonstration spectaculaire : deux affaires semblables, deux décisions opposées, sur deux questions cruciales théoriquement tranchées par la directive.

C'est là un mauvais signal adressé à un secteur qu'on peut qualifier de stratégique face à la crise. Il ne faudrait pas que ces divergences persistantes, ni qu'un trop grand zèle réglementaire, viennent brider le développement du e-commerce, levier indispensable à cette "croissance de demain" pour laquelle, à Douai, le président de la république a demandé la mobilisation de tous.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Entièrement d'accord, les perspectives de croissance du e-commerce sont encore très grandes et favorise les échanges entre particuliers, ce qui permet de réduire les coûts en diminuant le nombre d'intermédiaires. Philippe. EtreProprio.com - Annonces...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Oui pour le E-Commerce...LEGAL, de tout façon sa marche est irréversible, comment l'encadrer au plan mondial pour éviter les dérives des traficants de toute sorte qui profitent de la crédulité des naïfs?

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