L'ingénieur et l'économie réelle : quelques vérités par gros temps

Par Noël Clavelloux, président du CNISF (Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France), président de l'Association Marius Lavet.

Nous sommes tous témoins d?un décrochage délétère entre le capitalisme financier et l?économie réelle. Il est mis au jour par la présente crise, et le défilé des sommes astronomiques sur les Unes de nos média aura choqué tous nos concitoyens. L?économie mondialisée prend des airs de casino immoral et inefficace : un vaste mécanisme impersonnel sur quoi nul ne semble avoir prise. Au nom des ingénieurs et scientifiques de France, je voudrais saisir l?occasion pour réaffirmer quelques vérités élémentaires.

Un constat laconique : l?innovation scientifique et technologique est le vrai moteur de la croissance

Nos ingénieurs et scientifiques sont scandalisés par le tour des choses : la valeur en Bourse des sociétés a été divisée par deux ou par trois depuis le début de l?année 2008, alors même que les investissements et les moyens de production de biens et de service sont demeurés inchangés. Des fortunes indécentes se gagnent et se perdent au gré de mouvements financiers totalement décorrélés des réalités de l?économie tangible. En contrepoint de cette farce tragique, il y a les véritables forces productives qui drainent la création de richesses. Il est temps de réhabiliter les vrais acteurs de l?innovation, seule pourvoyeuse pérenne de croissance. Les ingénieurs inventent en permanence le matériau dont est faite la prospérité collective.

L?ingénieur avant le trader

Pour nécessaire qu?elle puisse être, la spéculation financière doit être tenue dans les limites de sa fonction : celle d?un moyen, mis au service de nos industries et services. La finalité du système économique mondial doit rester l?innovation scientifique et technologique. Faut-il rappeler que dans l?industrie et les services ? le monde réel ? les ingénieurs savent que pour avoir un résultat net de 1 milliard d?euros, il faut au moins réaliser un chiffre de 20 milliards d?euros et faire travailler pendant un an environ 100.000 personnes qui créent des biens et des services réels! Aussi, la considération de nos ingénieurs est une condition non négociable à la poursuite d?une gouvernance économique efficiente.

Politique de la reconnaissance

En conséquence, il nous faut encourager la reconnaissance des ingénieurs (1). Figures emblématiques du républicanisme élitaire "à la française", ils incarnent la capacité de notre nation à construire la prospérité de demain. Sachons admettre que nos écoles d?ingénieurs ? cette singularité toute française ? recèlent le meilleur capital humain que notre économie puisse rêver pour parvenir à soutenir une croissance durable, à contre-courant des caprices erratiques d?une finance à courte vue.

(1) Entre autres initiatives allant dans ce sens, citons le Prix Marius Lavet, qui chaque année récompense des inventeurs ayant su conduire leurs innovations jusqu?à la réussite industrielle. Son jury s?attache précisément à faire valoir le mérite d?ingénieurs capables d?aboutir des projets ambitieux, comme à l?inverse de nos spéculateurs galopant "le nez dans le guidon", à qui l?on doit notre situation présente.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Noël t'as rien compris au capitalisme. Il faut 100000 personnes travaillant pendant 1 an pour faire un résultats net de 1 000 000 000 ?. Comme il faut 1 trader sur un coup de poker pour faire le même résultats Ce n'ets pas prés de s'arrêter.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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il n'a pas les chevilles qui enflent ce type tout ramener aux ingenieurs ,proteger sa corporation,les autres dans les boites ils existent pas .On va lui rafraichir la memoire de l'emploie que les entreprises font des ingenieurs;ils sont pour la grand...

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