Croisade française au G7

Par Valérie Brunschwig-Segond, éditorialiste à La Tribune.

La France qui, à la différence de ses voisins, n?est pas mobilisée par la lourde tâche de créer une "bad bank" pour soulager ses établissements financiers, voulait rappeler aux pays du G7, réunis ce week-end à Rome, l?urgence de s?attaquer à la régulation financière. Une initiative nécessaire tant les risques sont réels que l?on reparte dans la fuite en avant de la dette, dès que l?activité aura redémarré. Mais, malgré les souhaits de la France, le communiqué final du G7 ne fait mention ni des "hedge funds", ces fameux fonds spéculatifs, ni des paradis fiscaux.

Trop tôt?? Les prochaines réunions des grands argentiers de la planète pourraient y faire allusion. Reste à savoir de quelle façon. Vouloir limiter l?endettement des "hedge funds", conduits à vendre massivement leurs titres quand le marché financier s?est retourné, paraît certes sage. Et imposer, pour cela, davantage de fonds propres aux banques qui leur font crédit est plus astucieux que de procéder à une limitation autoritaire de leur endettement. Avec un crédit sensiblement plus cher, les "hedge funds" seront amenés à prendre moins de risques, et les banques à se montrer plus responsables.

Mais pourquoi stigmatiser les seuls "hedge funds"?? Des grands patrons aux hommes politiques, l?establishment français n?a jamais été convaincu de leur utilité. Parce que leur gestion est opaque, ils sont désignés à la vindicte populaire. Pourtant, quand plus personne ne veut acheter, ou plus personne ne veut vendre, les "hedge funds" sont là. Ils assurent la liquidité du marché. En les stigmatisant, Paris se serait posé en rénovateur du capitalisme financier mais se serait dispensé de regarder là où se cache le vrai catalyseur de la crise.

Par exemple chez les banques et les compagnies d?assurance, qui spéculent avec des effets de leviers dix fois supérieurs et des encours cent fois plus importants que ceux des "hedge funds". Si ces établissements en principe contrôlés prennent de tels risques, c?est qu?ils se servent de véhicules spécialisés domiciliés dans des paradis fiscaux, hors de toute régulation, et logés hors de leur bilan. S?attaquer aux paradis fiscaux, comme le souhaite également Paris, suffira-t-il à limiter leur capacité de nuisance??

Même si l?élection d?Obama, plus volontariste sur le sujet que son prédécesseur, offre peut-être une opportunité, ce combat-là paraît hasardeux, car les places "offshore" sont nombreuses et protégées. Tout se passe comme si, en s?attaquant aux "hedge funds", Paris s?attachait à l?accessoire en négligeant l?essentiel, et ne voulait décidément pas faire l?inventaire des vrais responsables de la crise.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Bonjour , la société capitaliste , se doit de se réformer d'urgence , mais le milieu politique n'est pas capable de prendre des résolutions sans un accord mondial , et là mystére et boule de gomme , les avis des uns et des autres sont diamétralement...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.