Quatre idées fausses sur nos retraites

Par Pierre Péchery et François Laurentin, respectivement directeur général et directeur du développement de France Retraite.

L'opinion la plus couramment partagée est qu'en matière de retraite "de toute façon, je n'aurai rien" . La première bonne nouvelle est que, justement, vous aurez une retraite. Les Français, bénéficiaires d'un des meilleurs systèmes au monde, semblent l'ignorer. La ruine de nombreux retraités américains discrédite encore davantage tout système de retraite au lieu de mettre en exergue la qualité et la pérennité du système français. La conséquence de cette erreur fondamentale est que chacun souhaite "partir le plus vite possible".

Or, pour sauvegarder un système français performant, les pouvoirs publics et les partenaires sociaux, qui en sont les gestionnaires, ont engagé un certain nombre de réformes nécessaires, pas toujours populaires et bien comprises, mais réellement efficaces : le principe a été posé de ne pas réduire les pensions, ni d'augmenter les cotisations, ne se laissant alors qu'une voie : celle de la prolongation d'activité. La solution consiste à cotiser plus longtemps et bénéficier de retraites moins longues pour augmenter réellement sa pension. Il existe donc aujourd'hui une vraie variable d'ajustement individuelle, permettant à chaque bénéficiaire de choisir en fonction de sa situation personnelle.

Ensuite et surtout, la vision de cette période de retraite n'est pas évidente à appréhender. La retraite est souvent perçue comme une période homogène dans le temps et semblable pour tous. Or, dans la pratique, elle comporte généralement trois phases : une phase de plaisir les premières années, puis une seconde de sagesse ou de sérénité, malheureusement souvent suivie d'une dernière phase de soucis divers, pouvant aller jusqu'à la dépendance. Non seulement ces trois phases ne font pas appel aux mêmes besoins financiers, mais elles dépendent en plus du choix individuel de chacun.

La troisième erreur commise par presque tous est que "j'ai bien le temps de m'y préparer". En matière de retraite, une règle technique impose pourtant d'anticiper suffisamment tôt sa retraite, pour pouvoir optimiser sa situation. Epargner, se loger, s'assurer? nécessitent entre dix et vingt ans pour avoir une réelle efficacité. D'autant que la retraite, désormais, est une période longue, durant plus de vingt ans pour les hommes et plus de trente pour les femmes, représentant donc plus de la moitié de sa vie active !

Et s'il paraît normal de passer environ quinze ans d'apprentissage pour préparer sa vie active qui dure quarante ans, nombreux sont encore ceux qui ne s'intéressent à leur retraite que la veille ou le jour de leur départ. Comment optimiser sa situation si rien n'a été préparé ? En période de crise financière et de moindre valorisation du patrimoine constitué, l'absence de préparation du départ à la retraite peut se révéler particulièrement redoutable.

De cette peur du futur, faute de l'avoir anticipé, naît la quatrième erreur: "ma retraite, je préfère ne pas y penser". Pourtant, penser à la vieillesse ne fait pas plus vieillir que penser à la mort ne fait mourir. Combien d'entre nous, en cumulant les trois erreurs précédentes, négligent de vérifier et de valider que tous leurs droits de retraite ont bien été enregistrés, y compris au titre des régimes des travailleurs indépendants, des artisans commerçants, des fonctionnaires, d'expatriés? que les éventuelles périodes de stages, de chômage, de service militaire sont bien intégrées dans le calcul des droits, que les majorations diverses ont bien été prises en compte, que toutes les possibilités de rachat de droits ont bien été explorées ?

Si l'on rajoute aujourd'hui le choix de la date de départ en fonction de sa propre situation et de ses besoins personnels, il devient important de comprendre, pour pouvoir réellement piloter le niveau de sa pension. "Si je pars dès que possible, je suis plus tôt à la retraite, mais si je prolonge mon activité, je bénéficierai d'une pension plus élevée". Savoir devient dès lors indispensable pour adopter, par rapport à son projet de retraite, une attitude dynamique. Toute liquidation est définitive et prise pour la vie. "L'avenir est ce qu'il y a de pire dans le présent", affirmait Flaubert. L'avenir du système français de retraite n'est-il pas finalement ce qu'il y a de meilleur en comparaison de ce que nous croyons aujourd'hui ?

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Commentaires 15
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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la seule solution est l 'abandon de la repartition au profit de la capitalisation , tout le reste es pipau!!!!

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Toute l'hypocrisie de la réforme des retraites est là. En réalité, les Français n'ont aucun pouvoir pour exercer le "choix" de continuer de travailler après 55 ans, voire 50 ans. Donc, le fait de passer de l'exigence de 37.5 années de cotisation pou...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Excusez-moi de vous faire remarquer que votre discours est parfaitement contredit par d'éminents scientifiques : vous savez, ces gens qui ne gagnent pas leur vie avec leurs partis-pris : http://legizmoblog.blogspot.com/2008/10/juste-une-mise-point-s...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Lutin n'a décidément rien compris...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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La retraite se prépare effectivement pendant toute la vie active. Et donc il faut veiller à toujours travailler fusse à un niveau de qualification moindre. Il faut aussi prévoir un budget d'épargne retraite, quitte à mettre une croix sur d'autres obj...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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La retraite se prépare effectivement pendant toute la vie active. Et donc il faut veiller à toujours travailler fusse à un niveau de qualification moindre. Il faut aussi prévoir un budget d'épargne retraite, quitte à mettre une croix sur d'autres obj...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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POUR CAPITALISER IL FAUT POUVOIR EPARGNER. EN PERIODE DE CRISE QUI PEUT EPARGNER AVEC UN SMIC OU DES ALLOCATIONS CHOMAGE. LA REPARTITION RESTE UN MODELE SOLIDAIRE. POUR CEUX QUI LE PEUVENT UNE RETRAITE SUPPLEMENTAIRE PAR CAPITALISATON LEUR PERMETT...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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qu'en pensent les 65% qui sont virés après 55 ans sans retrouver de boulot ??? peuvent-ils prétendre à travailler plus longtemps ???

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Un article qui n'est pas à une contradiction prêt : la répartition c'est génial mais prévoyez de préparer votre retraite le plus tôt possible=> faites donc de la capitalisation ! va comprendre ! Il est mathématiquement prouvé que sur les 40 dernière...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Désolé de poser une question qui fâche, mais c'est quoi les chiffres? Combien sont cotisés et dépensé chaque année, jusqu'à 2050 et en tenant compte de la pyramide des âges et tendances actuelles de natalité et mortalité? La vraie question, c'est qua...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Lutin n'a rien compris ?! C'est pire ! Se rendons compte que pour capitaliser il faut réussir sa vie économique sans aucune période de chômage, sans aucune période de sous payage ! Ah le beau monde que cela serait, du boulot pour tout le monde qui en...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il n'y a pas de système idéal : la capitalisation est sensible aux chocs démographiques (les retraités vendent leur capital, ça doit donc faire baisser les cours quand leur nombre augmente...), la répartition est sensible aux chocs economiques (baiss...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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notre retraite on se la fait nous meme, c'est comme la secu, on est mieux rembourser avec les assurances privee qu'avec la secu. Qu'on arrete de nous emmerder avec de faux problemes, et surtout que les syndicats la mette en veilleuse, en periode c...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Opinion partagée: "De toute façon, je n'aurai rien" est bien sûre fausse, mais si l'on ne fait rien "j'aurai moins serai plus vrai" Pourquoi ? : Parce que la durée de vie augmente de presque 8h par jour (24h) et que les cotisations ne bougent pas, n...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Au lieu de gagner + de 100 fois le Smig les patrons feraient mieux de verser plus de cotisations pour leurs salariés qu'ils virent pour gagner plus !C'est cela la vraie révolution!

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