Le patron, le banquier et l'actionnaire

Par Valérie Brunschwig-Segond, journaliste à La Tribune.

Comment comprendre que des dirigeants d'entreprise décident de lever des fonds propres dans des marchés qui se sont effondrés de 40% depuis un an ? Et ce, à des prix de moitié par rapport aux prix de marché déjà sacrifiés ? Pour leurs actionnaires, qui se voient ainsi terriblement dilués et n'auront plus droit qu'à une portion des futurs bénéfices par action, cela ressemble fort à une double peine. Et ce, même si ces levées de fonds au rabais leur ont été vendues au guichet de leur banque comme l'occasion à ne pas rater de "moyenner leur prix d'achat à la baisse".

Encore une punition donc, eux qui croyaient avoir déjà payé leur tribut à la crise ! Et d'autant plus sévère qu'elle envoie un message alarmant. Non pas que les entreprises en question aient vu tous leurs plus beaux actifs disparaître. Mais parce que toutes les autres sources de financement leur sont fermées, et risquent de l'être encore longtemps si la sortie de crise se fait attendre : les billets de trésorerie ; l'émission d'obligations pour les valeurs cycliques mal notées ; et, encore aujourd'hui, le financement bancaire, alors que leurs banquiers profitent du moindre accroc pour exiger de leurs clients le remboursement de leurs prêts passés ou le renforcement de leurs fonds propres.

En clair, l'actionnaire reste l'ultime créancier vers lequel tout patron se tourne pour parer la panne de trésorerie. Et qui, pour éviter de tout perdre, ne peut que répondre présent à l'appel. Doit-il pour autant suivre sans rechigner ? Car deux raisons expliquent que certaines entreprises soient contraintes d'émettre dans des conditions aussi ubuesques : primo, d'avoir fait des acquisitions en haut de cycle, donc au prix fort, sans s'être immédiatement refinancées sur le marché dans de bonnes conditions.

A avoir trop attendu pour rééquilibrer leur bilan, les patrons de ces sociétés les ont placées dans une situation à risque. Et de cela, ils sont bel et bien responsables. Secundo, d'avoir souvent à leur conseil d'administration au moins un grand banquier. Or, les administrateurs banquiers ont ceci de reconnaissable que, lorsque tout va bien, ils poussent aux acquisitions financées par de la dette. Et quand tout va mal, ils poussent à des cessions, puis à un transfert du risque du créancier... sur l'actionnaire ! On comprend pourquoi les grands actionnaires familiaux résistent farouchement à la pression de leurs banquiers !

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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je demenderai a l'auteure de cet article de me citer une seule entreprise du cac 40 voire jusqu'au ibf100 un seul patron qui ne fait pas ce que son conseil d'administration lui demande,lui ordonne de faire.d'ailleurs ,chez ces majors ,les banquiers s...

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