Le pari de Sergio Marchionne semble fou. Le patron d'un constructeur italien que tous les experts de l'automobile donnaient pour mort voilà cinq ans, avale l'américain Chrysler et lorgne sur Opel. Venant d'un autre dirigeant, l'audace ferait ricaner. Là, elle suscite le respect. Car, depuis son arrivée à la tête de Fiat, Sergio Marchionne n'a cessé de remporter des batailles jugées perdues, redressant l'image du groupe et mettant fin aux grèves qui paralysaient ses usines.
Loin de considérer l'automobile comme un monde à part, il applique à Fiat les principes du monde industriel. Ainsi qu'il l'a déjà fait dans d'autres secteurs, il secoue l'organisation vieillotte, s'attaque aux surcoûts, remet les bureaux d'études au travail. Avec discrétion mais efficacité. La confiance revient, et avec elle le succès, dont témoigne l'envolée des ventes de la petite Fiat 500.
Ensuite, il saisit toutes les occasions pour assainir les finances de son groupe et le développer. Dès son arrivée, il négocie avec General Motors. Le géant américain, qui a promis quelques années plus tôt de racheter l'activité automobile de Fiat, veut se dédire. Il paiera finalement 2 milliards de dollars pour se libérer, renflouant d'autant les caisses du groupe turinois ! Même opportunisme dans la crise. Alors que ses rivaux sont tétanisés, cet italo-canadien de 56 ans flaire aussitôt les bonnes affaires. Peu lui importe que les cibles soient américaines et que les mariages transatlantiques dans l'automobile aient tous échoué.
Avec Chrysler, il s'ouvre le marché américain pour presque rien. Il a le soutien de Barack Obama. Et il compte, tel un Carlos Ghosn chez Nissan, sur la fierté de salariés humiliés pour redresser rapidement la marque. De la méthode, de l'audace? un classique du management.
Mais à voir la frilosité actuelle des dirigeants, on pouvait se demander si la recette n'était pas tombée aux oubliettes. Sergio Marchionne la remet au goût du jour. Il faut lui souhaiter bonne chance.
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