Les comparaisons avec l'époque prérévolutionnaire ont été remises à la mode par un ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, qui voit pointer le bonnet phrygien à chaque carrefour. Il a pour lui la symbolique des dates. Demain, nous fêterons le deux cent vingtième anniversaire de l'ouverture des états généraux, vaste consultation organisée par Louis XVI qui préluda à la prise de la Bastille.
C'est vrai qu'entre 2009 et 1789, à trois chiffres près, on peut s'y tromper. Mais l'historien doit se méfier des anniversaires, qui suggèrent à l'esprit des parallèles trompeurs. D'états généraux, il n'y a guère aujourd'hui que ceux des cafés-restaurants, qui célèbrent sur le zinc la baisse de la TVA qui va gonfler leurs revenus. De Grenelle, il n'y a guère que celui des antennes de téléphonie mobile.
Autre temps, autres m?urs. La révolution ? Oui, mais pas dans mon jardin. Et, si possible, pas avant l'heure de l'apéritif. Le problème du grand soir, c'est que cela empêche tout le monde de dormir. Pour être sévère, soyons quand même juste. Il y a bien eu ce 1er mai "historique". Ce n'est pas un échec. Ce n'est pas davantage un succès, puisque la mobilisation a été sensiblement inférieure à celle du 19 mars. La seule chose qu'on puisse dire de ce 1er mai 2009, c'est qu'il n'y a rien à en dire. Il ne change rien au rapport de force politique avec le gouvernement.
Il est vrai que les objectifs étaient peut-être ambitieux : relance immédiate par la consommation, moratoire sur les suppressions d'emplois publics et abrogation de la loi Tepa, dans laquelle figuraient le fameux "bouclier fiscal" et la détaxation des heures supplémentaires. L'abdication de Nicolas Sarkozy n'était pas explicitement demandée ? saluons ici la retenue des syndicats. Les leaders se réunissent ce soir pour examiner quelles suites il faut donner au mouvement. On leur souhaite bien du plaisir.
En ce début mai, l'autre pilier du dialogue social, le patronat, met en place un "comité des sages", censé contrôler la rémunération des dirigeants d'entreprise et moraliser les pratiques, après les abus révélés ces derniers mois. Comité qui n'interviendra qu'à la demande des conseils d'administration et des assemblées générales. Et pas de son propre chef, comme cela eût été souhaitable pour créer une pression discrète mais efficace. On peut parier sur le fait que les sages ne seront pas débordés. Mais, Liancourt, c'est une révolution ? Non, Sire, tout au plus un simulacre.
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