Le commerce inégal de Google

Par Jean-Baptiste Jacquin, rédacteur en chef à La Tribune.

Le problème avec Google, c'est qu'ils sont bons ! Il ne se passe guère de semaine sans que le groupe californien n'annonce de nouveaux services. L'innovation est au centre de la stratégie du moteur de recherche. C'est par elle qu'il est devenu la porte d'entrée mondiale du Web, c'est avec elle qu'il pourra maintenir, voire creuser, son avance sur ses poursuivants.

Une preuve que la recherche et développement n'est pas un élément périphérique dans les préoccupations de Google ? Le groupe basé à Mountain View a investi l'an dernier 2,8 milliards de dollars dans la recherche et développement, soit 12,8% de son chiffre d'affaires. Mieux, 35% de ses 20.200 salariés sont affectés à cette mission. En dehors du c?ur du réacteur, le fameux algorithme du moteur de recherche, ils travaillent sur une multitude de projets, dont certains seraient qualifiés d'anecdotiques par notre cartésianisme.

Mais le groupe poursuit aussi des objectifs à long terme dans ses choix d'investissement. Le projet de bibliothèque et de librairie universelle que porte Google en est un. L'énergie qu'il met à convaincre auteurs et éditeurs de l'intérêt de son projet, malgré d'incommensurables obstacles juridiques, illustre la volonté stratégique qui l'anime. Et tel un rouleau compresseur, le projet avance. Une idée géniale qui mettra à la portée de quelques clics l'infinie richesse de cultures et de savoirs qui dorment dans les livres du monde entier.

Mais ici, c'est par la négociation avec les bibliothèques, les éditeurs et les auteurs que le service s'imposera ou pas. Or, si Google a toujours promis de rétribuer les ayants droit (et il tient sa promesse), l'univers du Web nous a jusqu'ici enseigné que le consommateur y gagnait, que les intermédiaires (Google et les fournisseurs d'accès à Internet) aussi, mais que les propriétaires des droits se faisaient laminer. C'est une nouvelle forme de commerce inégal : une myriade de partenaires ou apporteurs d'affaires vivent sous le seuil de pauvreté, mais cette accumulation de petits rus alimente un barrage dont la turbine tourne à plein régime.

Aujourd'hui, des éditeurs mécontents du projet du groupe américain estiment néanmoins qu'ils auraient davantage à perdre à s'en exclure. Le risque à se jeter sans réflexion dans ce projet est pourtant lourd, car les équilibres économiques sont fragiles. Le danger serait que la mise à disposition de livres existants se fasse au détriment de la production de nouveaux livres ou de nouvelles idées.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Nicolas Dupont-Aignan publie son nouveau livre sous licence libreTrès opposé à la loi Création et Internet qu'il juge faite pour "les amis du Fouquet's", Nicolas Dupont-Aignan met ses actes en accord avec ses paroles. Dans la perspective des élection...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Le commerce dans une démocratie sans monopole ne peut pas être inégal. L'acheteur n'est pas obligé d'acheter, le vendeur de vendre. Je ne voie pas en quoi Google empêcherait des auteurs d'écrire, et si cela correspond à un besoin des éditeurs de les ...

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