Le fonds stratégique joue serré

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

On ne peut pas parler de corde raide, non ! Et ce serait caricaturer de dénoncer un certain "équilibrisme" entre des exigences contradictoires. Mais le Fonds stratégique d'investissement (FSI) doit tout de même composer avec une ambiguïté consubstantielle à une naissance aux forceps. Né sur injonction du président de la république, soucieux de doter la France d'un fonds souverain, le FSI doit se contenter d'un maigre pécule, 6 milliards d'euros en "cash", apportés par l'Etat et la Caisse des dépôts (CDC), quand ses homologues moyen-orientaux ou chinois comptent en dizaines, voire en centaines de milliards.

Pour doter leur "jeune pousse" de fonds propres plus conséquents, l'Etat et la Caisse ont dévoilé, hier, la liste des participations qui lui seront transférées mi-juillet pour un montant de 14 milliards d'euros. Une liste à la Prévert allant de 27,5% d'Eutelsat à 20% d'Eiffage ou du tiers des ex-Chantiers de l'Atlantique à 13,5% de France Télécom, pour ne rien dire d'une myriade de petites lignes boursières. N'y figurent, en revanche, ni les grandes filiales de la Caisse des dépôts, comme CNP Assurances, ni certaines participations de l'Etat, comme celles dans Renault, EADS ou Air France-KLM par exemple.

Et ce faisant, la CDC et les pouvoirs publics ont opéré un tri implicite entre ce qui a vocation à être gardé, ou ce qu'ils considèrent comme majeur, et ce qui ne l'est pas. Fragilisant du même coup, l'actionnariat des entreprises transférées. Car la vocation même du FSI est de gérer de façon "dynamique" les participations qui lui ont été apportées pour pouvoir investir, en régime de croisière, 2 à 3 milliards d'euros par an dans des PME innovantes ou des entreprises françaises jugées stratégiques.

On comprend, dans ces conditions, le soin mis par le directeur général du Fonds, Gilles Michel, à se présenter comme quelqu'un n'ayant "pas besoin de tout vendre et, encore moins, de tout vendre demain matin". Reste l'ambiguïté. Il n'est pas facile de faire un fonds souverain sans en avoir tout à fait les moyens.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il n'y a pas grand chose, finalement, dans les fonds de tiroirs qu'on racle...

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