Il y a un an, nous ne les aimions plus. Nous ne croyions plus en leur avenir. D'ailleurs, nous ne croyions plus en l'avenir tout court. Notre monde arrivait à épuisement et elles n'y avaient plus leur place. Qui avait envie d'acheter une voiture, à l'été 2008 ? Depuis, la crise s'est installée et la filière automobile a souffert plus que les autres. Le chômage a augmenté, les perspectives sont bouchées.
Et pourtant, pour détourner la magnifique phrase de Tristan Bernard à sa femme au moment de leur arrestation par la Gestapo, "Nous vivions dans la crainte, désormais nous vivrons dans l'espoir." Nous accueillons tous les signes de reprise avec bonheur, et en voilà un. En juillet, les immatriculations de voitures neuves ont enregistré une hausse de 3,1 % par rapport à l'an dernier. Mieux encore, les marques françaises ont bondi de 12,4 %.
Près de 189.000 acheteurs ont jugé utile et possible de s'engager sur trois, quatre ou cinq ans pour avoir une voiture neuve. Même si le pétrole remonte. Même s'il faut affronter 800 kilomètres de bouchons en cumulé lors du départ en vacances. À y regarder de près, on voit bien sûr que la réalité a changé depuis la crise. Les modèles qui se vendent sont ceux qui profitent du bonus écologique, et ceux qui sont imbattables en prix comme les Logan de Dacia, la filiale roumaine de Renault.
La prime à la casse joue aussi son rôle, surtout depuis qu'il est clair qu'elle ne sera pas prolongée au-delà de la fin 2009. Les constructeurs, de leur côté, consentent de gros rabais que les consommateurs considèrent maintenant comme un dû. C'est en partie ce qui explique les lourdes pertes de Renault (2,7 milliards d'euros au premier semestre). Mais le rebond de la marque au losange hier à la Bourse (+ 14 %, la plus forte hausse du CAC 40) indique un regain de confiance, auquel a sûrement contribué l'opération de communication bien menée sur la voiture électrique Leaf, présentée dimanche par Renault-Nissan.
Plus classiquement, chacun a pu constater que les nouveaux modèles lancés par les marques françaises, la 3008 pour Peugeot, la C5 pour Citroën, et la gamme Mégane III pour Renault, ont trouvé leur public. C'est loin d'avoir toujours été le cas ces dernières années, et c'est encourageant.