Crédit : les bons "machins"

Par Valérie Segond, éditorialiste à La Tribune.

Faut-il maintenir à tout prix un dispositif quand son objectif est atteint ? Faut-il conserver le médiateur du crédit quand les prêts aux entreprises ont enfin redémarré après deux ans d'éclipse ? Grave interrogation philosophique qui sera au coeur de la réunion qui va se tenir ce jour à Bercy entre les banques et les représentants des entreprises.

Les établissements financiers français n'ont jamais supporté l'ingérence de ce gendarme du crédit dans leurs relations commerciales, qui, à leurs yeux, les contraint, pour des raisons politiques, à secourir des entreprises qui ne devraient pas l'être. Les praticiens des entreprises en difficulté eux-mêmes doutent de son utilité pour les TPE, les très petites entreprises.

Dès lors, on peut craindre de pérenniser une nouvelle fois un de ces "machins" dont la France a le secret, et dont elle ne sait plus se défaire. Il faut reconnaître que l'ardeur avec laquelle le médiateur Gérard Rameix se cherche de nouvelles missions dans le financement de l'économie, alors que le nombre de dossiers à traiter a beaucoup baissé, est un peu suspecte.

Mais tout bien considéré, c'est peut-être dommage de mettre fin à une méthode qui, en s'appuyant sur tous les acteurs locaux pour soutenir l'écosystème des sociétés en détresse, a permis d'en sauver plus de 12.000 depuis deux ans, et plus de 200.000 emplois. Et ainsi de limiter la casse dans la tempête. La méthode, de surcroît, a contribué à rééquilibrer le difficile face-à-face entre les chefs d'entreprise et leurs banquiers. Alors que la France souffre de n'avoir pas suffisamment de grosses PME capables d'exporter pour doper sa croissance, c'est peut-être un peu tôt pour les laisser nager sans bouée.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.