Bien sûr, il y a la présomption d'innocence. Mais, à moins de se sortir très rapidement des accusations d'agression sexuelle dont il fait l'objet, Dominique Strauss-Kahn voit s'évanouir, avec cette après-midi dans un grand hôtel new-yorkais, toutes ses chances de concourir à la primaire socialiste et donc à la présidentielle française de 2012. Si les faits sont avérés, c'est son avenir personnel qui est en jeu, dans un pays, les Etats-Unis, où l'on ne badine pas avec les affaires de moeurs, en particulier lorsqu'elles mettent en cause un homme public. L'actuel directeur général du FMI, qui nie farouchement, avec le soutien de son épouse, n'en est pas à sa première chute.
En 1999, déjà, l'affaire (financière) de la Mnef l'avait obligé à quitter le gouvernement Jospin. En 2008, une aventure avec une collaboratrice du FMI avait failli le faire tomber. A chaque fois, il s'est relevé et en est ressorti plus fort qu'avant. Dans son livre, "La flamme et la cendre", inspiré par une citation de Jaurès, DSK écrivait en 2002, à propos de la parenthèse de la Mnef : "j'en ai tiré des leçons. J'ai médité sur mes faiblesses (...) Je sors de l'épreuve plus averti et plus endurci". Comment le même homme, candidat putatif à la magistrature suprème, a-t-il pu tomber ainsi dans un nouveau scandale qui éclabousse jusqu'à son pays ?
Sauf nouveau coup de théâtre, on ne le voit pas se relever. C'est un coup dur pour les socialistes, qui risquent de se déchirer à nouveau pour élire leur candidat. A moins que la chute de DSK ne les fasse réfléchir et ne les pousse à s'unir derrière le mieux placé d'entre eux, aujourd'hui François Hollande. C'est un coup dur pour l'Europe, où Dominique Strauss-Kahn, germanophone et germanophile, apparaissait, à la tête du FMI, comme un des plus ardents défenseurs de l'euro. Son absence aujourd'hui à la réunion de sauvetage de la Grèce laisse les Européens seuls face à leurs responsabilités.
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