Demain, tous monteurs professionnels ?

VU DE LA SILICON VALLEY. Si la démocratisation de l'usage des smartphones a rendu accessible à tout un chacun la possibilité de produire des vidéos, l'étape qui consiste à monter les images afin d'obtenir une séquence probante demeure une compétence technique propre aux professionnels. Un état de fait qui pourrait changer grâce à l'émergence de l'intelligence artificielle.
La production de vidéos est l'un des premiers usages des smartphones.
La production de vidéos est l'un des premiers usages des smartphones. (Crédits : Reuters/Mike Segar)

À l'ère des smartphones et des réseaux sociaux, prendre une vidéo et la partager en ligne avec des millions de personnes est devenu un jeu d'enfant.  C'est même devenu l'un des premiers usages des smartphones de nouvelle génération. Mais pour obtenir des résultats vraiment bluffants, la prise d'images n'est qu'une partie du travail. Il faut ensuite en passer par une longue phase de postproduction, étape technique et difficile qui, à Hollywood, mobilise des équipes entières. Or, si de nombreux outils ont aujourd'hui démocratisé le montage photo, permettant d'obtenir des résultats impressionnants même sans être un as de Photoshop, la vidéo, elle, requiert toujours des compétences techniques bien spécifiques.

L'intelligence artificielle peut-elle changer les choses ? C'est en tout cas autour de cette idée qu'une petite industrie est en train d'éclore, avec l'ambition de simplifier le travail des professionnels du montage. Adobe a ainsi, au printemps 2018, sorti plusieurs outils qui permettent d'harmoniser les couleurs sur des prises de vues différentes, ou encore de baisser les bruits environnants par rapport aux dialogues. Depuis la Silicon Valley, la jeune pousse Arraiy, de son côté, automatise une partie du travail nécessaire pour insérer des effets spéciaux dans une scène filmée.

Gare à la manipulation des images

Si ces outils s'adressent à des professionnels, l'IA rend également la retouche vidéo plus accessible au commun des mortels. Étudiante en sciences de l'informatique à Stanford, Mackenzie Leake a ainsi conçu un logiciel capable d'identifier les visages, ou encore de distinguer un grand angle d'une face caméra sur une vidéo amateur. L'utilisateur peut ensuite effectuer des retouches simples, comme centrer l'image sur la personne qui parle ou éliminer certains passages redondants. Reduct.video, un logiciel actuellement disponible en version beta, recourt de son côté à l'apprentissage machine pour transformer les dialogues d'une vidéo en texte écrit. On peut ensuite faire des coupes en supprimant simplement les mots, comme sur un traitement de texte.*

En plus de permettre à tout un chacun d'exprimer sa créativité, ces outils pourraient bien constituer une petite manne économique. Concevoir une vidéo promotionnelle qui, sans être un chef-d'oeuvre du septième art, tienne tout à fait la route pour un usage marketing deviendrait chose facile. La vidéo serait accessible à des entreprises de plus petite taille, avec des budgets moindres. Avec un risque, cependant : il deviendrait du même coup plus facile de manipuler l'image. En novembre dernier, la Maison Blanche a retouché la vidéo d'un journaliste, Jim Acosta, pour donner l'impression qu'il avait violenté une stagiaire durant une conférence de presse. L'objectif : justifier la suspension de son accréditation à la Maison-Blanche, en réalité motivée par des raisons politiques. À l'avenir, ce type de manipulations pourrait bien proliférer. Après les fake news, les fake videos.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 14/03/2019 à 8:42
Signaler
Enfin l'intelligence artificielle dans ce domaine a intérêt à arriver très vite, aucune chance donc, puisque les gens deviennent rapidement tous monteurs car contraints par leur motivation de s'exposer ou d'exposer ce qu'ils font.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.