Oui, on savait déjà qu'ils s'abstenaient de renouveler leur voiture ou de changer d'appartement, des investissements lourds pour une famille. On constate, avec cette enquête, que les Français ont aussi, avec la crise, profondément, très profondément, modifié, leur consommation courante. Le panier de la ménagère n'est plus aujourd'hui celui d'hier ! Les ruptures sont parfois spectaculaires. Un mot d'ordre : la chasse au gaspi, la course au prix bas.

Des exemples ?

D'abord, les Français ne fréquentent plus les mêmes commerces. Les hypermarchés, les boutiques de centre ville et les petits restaurants sympas sont à la peine : ils souffrent d'une image de prix chers. A l'opposé, le hard discount, le commerce en ligne et les fast food se frottent les mains. Pendant que l'habillement traditionnel voit ses stocks s'accumuler, La Vallée Village, un site de déstockage de marques haut de gamme, en région parisienne, voit ses ventes bondir de plus de 18% ! Des exemples comme cela, il y en a des tonnes.

C'est surtout la composition du panier de la ménagère qui a changé !

C'est vrai. Un. Les Français s'abstiennent de plus en plus du superflu : en témoigne la chute des ventes de champagne, de barres chocolatées ou d'eaux minérales. Deux. Ils sont aussi plus radins sur des biens de première nécessité : ils achètent moins de shampoing, moins de dentifrice, moins de carburants ! Ils boycottent les grandes marques pour leur préférer les marques des distributeurs, moins chères. La lessive par exemple : les Français en ont consommé 7% de moins en volume en 2008 ! Ca fait bien longtemps que l'on n'avait pas vu cela. Les yaourts : ils en ont acheté 5,5% de moins ! Les achats de yaourtières ont en revanche explosé l'an dernier - multipliés par deux en réalité. C'est le grand retour du « fait maison » !

Quand même, il y a beaucoup de monde dans les stations de ski...

Attention. Beaucoup de Français ont préféré cette année le ski dans les Alpes au soleil sur les îles, c'est quand même moins cher.

Dans la tourmente, c'est vrai, quelques postes résistent plutôt bien : celui des vacances, celui des télécoms surtout. Les Français n'ont pas encore rogné sur leur facture de téléphone, sur leurs dépenses culturelles non plus. Ils vont toujours, on l'a remarqué l'an dernier, aussi nombreux, voir plus, au cinéma ou au musée. Comme quoi, il n'y a pas que des aspects négatifs dans cette consommation de crise !

Alors, tous ces changements sont-ils destinés à durer ? Beaucoup d'industriels en sont convaincus. Une fois qu'on a appris à consommer malin, à lutter contre le gaspillage, à faire des économies pour pouvoir consommer plus et mieux mieux, on prend de nouvelles habitudes. On s'y fait, on s'y plaît, on n'y revient plus...