Déficit records

Bercy a annoncé hier un déficit du commerce extérieur record en octobre. L'Allemagne a dégagé ce même mois un excédent record. La crise a bon dos, Erik Izraelewicz ?

Oui, Jean qui rit, Jean qui pleure. Ou plutôt Hans qui rit et Jean qui pleure. La différence entre l'Allemagne et la France, dans ce domaine, n'a jamais été aussi flagrante. L'Allemagne va dégager, cette année, un surplus commercial de plus de 160 milliards d'euros. La France va accuser, elle, un déficit de 60 milliards. Un record de chaque côté. Un record qui ne s'explique pas par les importations. De ce côté-là de la balance, c'est du pareil au même, grosso modo. Dans les deux pays, on achète un peu moins, la facture pétrolière est moins lourde aussi. Non, la différence, elle est à chercher...du côté des exportations.

L'Allemagne reste une redoutable machine à exporter...

Oui, la première puissance exportatrice mondiale. Même pendant la crise, elle continue à vendre à tire larigot dans le monde. Ses ventes à l'étranger font mieux que résister, elles progressent. La France, au contraire, subit de plein fouet la contraction des marchés. Les ventes françaises à l'étranger - celles d'acier, de voitures, de produits alimentaires notamment - sont en fort recul. Moins7% en octobre par rapport à juillet. C'est spectaculaire.

Alors, la faute à l'euro. Non. Les deux pays ont la même monnaie. On ne voit pas pourquoi elle génerait l'un et pas l'autre. L'euro a d'ailleurs plutôt baissé ces derniers mois. Ca aurait dû profiter à nos exportations. De toutes façons, notre déficit, c'est avec les pays de la zone euro qu'il se creuse. Leur excédent, c'est aussi avec la zone euro qu'il s'accroît. Bref, l'euro n'a rien à voir avec tout cela.

Alors, qu'est ce qui explique ces différences entre la France et l'Allemagne ?

Deux choses. L'offre d'abord. Sa nature et sa qualité. L'Allemagne propose sur le marché mondial des produits exclusifs, des biens que personne d'autres ne fabriquent - des machines outils, des auto haut de gamme par exemple. Alors, même pendant la crise, elle arrive à les vendre - cher même parfois. La France, c'est l'inverse. Son offre est assez banale. Ses produits, ses clients peuvent les trouver ailleurs ; ils peuvent aussi s'en passer.

Deuxième différence, elle est énorme. En Allemagne, l'export, c'est vital ; en France, l'export, c'est considéré comme marginal. Il y a deux fois plus de PME allemandes qui travaillent à l'étranger que de PME françaises. Obligatoirement, ça se retrouve dans les comptes !

Une anecdote pour finir. Deux fabricants de chaussures, un Allemand, un Français débarquent en même temps en Afrique. Ils découvrent que les Africains se promènent pieds nus. Réaction du Français : Je repars ? Inutile d'insister. Il n'y a pas de marché ici. Réaction de l'Allemand. Au contraire. Il s'installe, tout sourire. Ils n'ont pas de chaussures ! Le marché, un potentiel gigantesque. En économie, il n'y a pas que les chiffres, il y a aussi le mental. Dans le commerce extérieur comme ailleurs, il peut peser lourd !

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