Oui, c'est spectaculaire. Quand on leur propose des choses simples, quand on leur donne la possibilité de travailler sans s'embarquer dans des labyrinthes administratifs et sociaux compliqués, les Français applaudissent. Et font le grand saut. En fait, depuis 2003, depuis les lois Dutreil, on a, en France, facilité, par de multiples moyens, la création d'entreprises. Eh bien, ça paie. En cinq ans, entre 2003 et 2007, sous Chirac, il y avait déjà eu un million d'entreprises créées. En 2008, le nombre des créations a encore augmenté, malgré la crise. 326.000 environ, un nouveau record. Les Français sont maintenant parmi les plus actifs en matière de création d'entreprise...

L'auto-entreprise, c'est une vraie entreprise ?

Oui, absolument, une vraie ! L'auto-entrepreneur, c'est la possibilité, effectivement, de se mettre à son compte, de faire son petit business avec un minimum de formalité - inutile par exemple d'aller s'immatriculer au registre du commerce. Avec un régime fiscal et social très allégé aussi - pas d'impôt ni de charge tant qu'on n'a pas de chiffre d'affaires et de bénéfices ! Ce nouveau statut est de fait plébiscité par les Français. 40.000 auto-entrepreneurs s'étaient fait connaître avant le 1er janvier. 2000 par jour depuis. Bercy en attend plus de 200.000 cette année...

Qui sont ces nouveaux auto-entrepreneurs ?

Des actifs surtout, des chômeurs aussi. Ils s'installent dans le commerce beaucoup, sur le Net par exemple, dans les services aussi. En fait, ce statut, chacun l'utilise à sa façon. C'est l'une de ses forces. Pour certains, c'est l'occasion d'un blanchiment d'une activité au noir. Pour d'autres, une manière de compléter son revenu, celui de son job principal - l'application donc du « travailler plus pour gagner plus ». Pour d'autres enfin, l'auto-entreprise, c'est une première étape vers la constitution d'une véritable entreprise.

Beaucoup de chômeurs, faute de mieux, créent leur auto-entreprise...Son succès, c'est aussi le reflet d'une économie en crise !

Bien sûr. La crise renforce chaque jour le vivier de ces nouveaux auto-entrepreneurs. Il y a les salariés insatisfaits de leur sort, il y a ceux qui ont perdu leur emploi. Mais au-delà, ce succès, c'est surtout la confirmation d'une demande d'indépendance chez les salariés. Se mettre à son compte, être son propre patron, ne dépendre de personne, c'est ce que permet, à moindre coût, l'auto-entreprise. Ce sont ces aspirations là qui expliquent d'abord le succès de ce nouveau statut.