Nos voisins malades

La France va mal, ses voisins ne vont pas mieux. L'Allemagne et la Grande Bretagne, par exemple. Avant la crise, ces deux pays étaient souvent donnés en exemples. Aujourd'hui, ils souffrent davantage. Finis, ces deux modèles...

Oui, l'économie française va mal, c'est vrai. Les économies allemandes et britanniques vont plus mal encore, c'est vrai aussi.

L'Allemagne. Regardez. L'effondrement de l'activité y est d'une violence inouïe. Bien plus forte qu'ici. La production industrielle y a reculé de 20% en quelques mois, la file des chômeurs s'est brusquement gonflée, des fleurons industriels menacent de fermer, Opel, Continental et d'autres. Bref, une chute attendue, cette année, de l'activité qui pourrait atteindre 5% - contre 2% seulement en France.

La Grande-Bretagne, idem. C'est le pays le plus touché de l'OCDE. Là-bas, deux des plus grandes banques du pays ont dû être nationalisées. La livre sterling a plongé à ses plus bas niveaux historiques. La Banque d'Angleterre parle d'une « profonde récession » : moins 4% pour cette année !

Comment s'explique ce décrochage, plus brutal chez eux que chez nous ?

Eh bien, ce qui faisait, en régime de croisière, leur force est devenu, pendant la tempête, leur faiblesse. L'Allemagne, son modèle, c'était tout pour l'industrie, tout pour l'exportation. Sur le long terme, ce choix, ça ne lui a pas mal réussi. L'Allemagne est devenue le premier exportateur mondial. Elle a profité de la demande des pays émergents en biens d'équipements, de celle des pays riches en voitures de luxe. Bref, elle a connu une forte croissance ces dernières, plus forte, plus régulière qu'en France. Aujourd'hui, cette force, cette spécialisation sur l'exportation, c'est sa faiblesse. L'Allemagne souffre de la chute du commerce mondial. Les commandes se sont taries. Les usines ferment.

La Grande Bretagne, c'est autre chose. Sa spécialisation, c'était avec la City et ses grandes banques la finance, l'assurance. La finance mondiale est en crise. Londres est au premier rang.

La France n'a pas de spécialisation de ce type ?

Non. La France n'a jamais vraiment choisi. Elle n'a pas de vraies spécialisations. La France, c'est un pays industriel où les services occupent une place importante. C'est une économie diversifiée qui n'a pas de grands domaines d'excellence mais qui se défend bien dans de nombreux secteurs - aussi différents que l'énergie, le btp, le luxe ou la pub.

Ce profil, on l'avait souvent critiqué. Il est finalement, lui aussi, avec notre protection sociale, un amortisseur de crise. En régime de croisière, nous avons en France une croissance molle - inférieure à celle de nos voisins. Dans la crise, nous avons une récession molle - moins violente qu'ailleurs. Le problème, c'est la sortie de récession. Elle risque d'être molle elle aussi, plus lente que chez nos voisins.

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