Président non exécutif, une retraite dorée

Révélations ce matin dans « La Tribune » : ce que gagnent les présidents « non exécutifs » du Cac 40 - de 200.000 à 3 millions d'euros. Pas mal pour des semi-retraités. Pas mal aussi en temps de crise. Plus en tout cas que leurs homologues étrangers...

Oui, nos présidents non exécutifs, avec leurs émoluemnts substantiels, c'est une autre exception française.

De quoi s'agit-il ? Eh bien, une grande entreprise, en France comme ailleurs, elle peut être dirigée par un PDG, seul maître à bord. Elle peut aussi être pilotée, autre possibilité ouverte par la loi, par un tandem, un duo : un président, non exécutif d'une part, un directeur général de l'autre. Dans ce cas-là, le vrai patron, l'opérationnel, celui qui tient le volant, c'est le directeur général. Le président non exécutif est à ses côtés. Il l'aide. Il anime les conseils d'administration. Il surveille. Il ne dirige pas. Il ne décide pas.

L'objectif de cette conduite à deux, très britannique, c'est au départ d'empêcher toute dérive monarchique à la tête des entreprises. En France, cette double commande, pratiquée par une vingtaine de groupes du Cac 40, a été en réalité détournée de ces objectifs...

Il justifie de jolies retraites pour PDG atteint par la limite d'âge...

Oui, on peut dire les choses comme cela. Ce que montre notre tableau, c'est d'abord que les patrons français ont du mal à décrocher. J'y suis, j'y reste. Quand un PDG atteint l'âge de la retraite, quand son mandat arrive à échéance, il a du mal à partir, à confier les clés de la maison à son successeur, un successeur qu'il a d'ailleurs généralement lui-même désigné. L'astuce, c'est ce statut de président non exécutif. Le PDG quitte le fauteuil du conducteur mais garde un bureau, une secrétaire, la voiture de fonction, d'autres habits du pouvoir encore. Généralement à côté de son dauphin. Il ne décroche pas vraiment. Il continue à agir. Surtout, il touche de substantiels revenus...

Certains restent intéressés aux résultats de l'entreprise...

Oui, et c'est là qu'est la principale aberration.

Déjà, qu'un président non exécutif puisse gagner plus que le vrai pilote de l'entreprise, c'est pour le moins surprenant. Il y en a plusieurs dans la liste que nous publions.

Mais qu'il puisse au-delà rester intéressé aux résultats, là, cela n'a aucun sens. Normalement, le président non exécutif a peu d'influence sur la performance de l'entreprise. Bizarre donc. On ne retrouve d'ailleurs rien de tel à l'étranger. Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en Allemagne, les présidents non exécutifs gagnent beaucoup moins qu'en France. Trois à quatre fois moins en moyenne en Grande Bretagne par exemple. Les « chairmen », comme on les appelle, n'ont en général ni bonus, ni intéressement.

Alors, on peut se demander pourquoi ce sujet, la rémunération des présidents non exécutifs, est absent du code de bonne conduite défini par le Medef et l'Afep, la nouvelle bible sur l'argent des patrons. Le grand déballage actuel pourrait ne pas être inutile - s'il est l'occasion de définir de nouvelles règles, plus saines, pour ce job-là aussi !

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