Profits de crise !

Ce matin, le pétrolier Total s'apprête à publier des résultats records pour 2008. Plus de 14 milliards de profits - plus d'un milliard par mois ! En pleine crise, ça frôle l'indécence...

De quoi ! Vous préféreriez que

Total

fasse des pertes, que le groupe pétrolier soit obligé de licencier, que cette belle société française soit sous la menace d'un rachat par un russe ou un chinois. Non. Alors, il faut savoir ce que l'on veut. Les géants du Cac 40 publient en ce moment leurs résultats pour 2008. On voit qu'à l'instar de

Total

, certains groupes comme

Danone

, Sanofi ou Publicis affichent encore, malgré la déprime du moment, de jolis profits. Eh bien, il faut s'en réjouir. Ca veut dire que ces entreprises arrivent à se jouer de la crise. Ils parviennent à vendre leurs produits, à en vendre de plus en plus, à les vendre dans de bonnes conditions économiques.

Les groupes qui perdent de l'argent, il y en a aussi. Plus cette année que les années précédentes. Exemple :

Peugeot

. Ils sont obligés de serrer les boulons, de réduire la voilure, de supprimer des emplois. Les banques aussi. Quand elles perdent de l'argent, quand elles sont en mauvaise santé, on voit ce que cela donne - une récession économique généralisée.

Quand même,

Total

a surtout profité du pétrole cher. Quand le baril a baissé, le carburant à la pompe n'a pas TOTALEMENT suivi...

Total

se chargera de répondre ! Constatons simplement que tous les géants pétroliers du monde, les Exxon, Bp ou Shell, ont fait l'an dernier des profits records. Ils ont bénéficié, c'est vrai, pendant l'été, d'une rente exceptionnelle. Ca, c'est fini. Le vrai problème, pour

Total

comme pour les autres géants du CAC d'ailleurs, c'est celui de l'utilisation qu'ils vont faire de leurs profits. Là, il y a un vrai débat. La semaine dernière, Nicolas Sarkozy a expliqué sa solution, la règle des trois tiers. Il veut que les profits des entreprises aillent pour un tiers à l'investissement, un tiers aux actionnaires et un tiers aux salariés. Une règle universelle qui s'appliquerait à toutes les entreprises, en toutes circonstances, c'est bien sûr totalement stupide. La formule du président a quand même un avantage : elle rappelle bien que les profits, ils doivent servir d'abord à l'investissement, qu'ils doivent aussi rémunérer les actionnaires et les salariés, les deux à la fois...

Ces dernières années, les grands gagnants, c'étaient les actionnaires...

Oui, globalement. Et c'est d'ailleurs peut-être là l'une des principales causes de la crise actuelle. Une répartition des profits très inégalitaire. On l'a vu aux Etats-Unis tout particulièrement. Les actionnaires se sont enrichis, les salariés se sont appauvris. La solution pour faire tourner la machine, ça a été la dette. Les salariés se sont endettés. Massivement. Trop massivement. D'où la crise de la dette, la crise tout court aujourd'hui. Deux conclusions. Un : il faut espérer que les entreprises françaises vont continuer à faire des profits. C'est la condition de leur survie, celle de leur développement aussi. Deux. Si le débat sur le partage du profit est légitime, il ne faut jamais oublier que le profit, c'est ce qui doit permettre à l'entreprise d'investir, de se développer, de se projeter dans l'avenir.

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