Taxe pro : une difficile mise à mort

Le gouvernement va, c'est exceptionnel, supprimer un impôt, la taxe professionnelle que paient les entreprises et qui pèsent sur l'investissement. Problème : ça fait 8 milliards de recettes en moins. Qui va payer...

Réponse, aujourd'hui. Christine Lagarde présente ce matin les propositions du gouvernement aux organisations patronales et aux associations d'élus locaux.

Alors, supprimer un impôt, c'est toujours une bonne nouvelle. La suppression de la taxe professionnelle, c'est un vieux projet, presqu'aussi vieux que la taxe elle-même. Cet impôt, créé par Jacques Chirac, dans les années 70 avait été qualifié d' « impôt imbécile » par François Mitterrand. A juste titre. Cette taxe pèse sur l'emploi et sur l'investissement. Dans les années 90, DSK l'avait déjà un peu réformé, pour qu'il ne pèse plus sur l'emploi. Aujourd'hui, le gouvernement veut le réformer à nouveau, le supprimer, dit il, pour améliorer la compétitivité de l'industrie française. Bonne idée donc. Sauf qu'il faut trouver les 8 milliards d'euros de recettes fiscales correspondantes, de l'argent qui va aux collectivités locales et que celles-ci ne veulent pas perdre, on les comprend !

On va faire payer les ménages, avec la taxe carbone ?

C'était l'une des pistes envisagées. Elle a, semble t il, était abandonnée. Difficile d'expliquer en ce moment qu'on baisse les impôts pour les entreprises et qu'on les augmente pour les ménages. A l'Elysée, on n'a pas oublié que ce sont les ménages qui votent, pas les entreprises !

La suppression de la taxe professionnelle, ce sont donc les entreprises qui vont la payer ?

Oui. Il y a, aujourd'hui, trois sources de pistes ouvertes. Un. Les grandes entreprises nationales, comme Edf. Elles vont, à priori, bénéficier de la suppression de cette taxe. Pan, on leur imposera un prélèvement nouveau. Deux. Les PME. Elles ne payait pas, bien souvent, cette taxe. Elles vont se voir infliger une cotisation nouvelle, calculée sur la valeur de leur production réelle. Trois. Les entreprises de services.

La réforme doit profiter, c'est sa raison d'être, à l'industrie, lourde consommatrice d'investissement.

On va redistribuer la facture, en quelque sorte...

C'est exactement cela. C'est à priori tout bénéfice pour l'industrie, c'est au contraire une addition alourdie pour Edf, pour les PME et pour les services. Il y a là un certain paradoxe. On nous dit en permanence que l'avenir, que les emplois de demain, ils sont dans l'énergie, les énergies nouvelles notamment, dans les PME et dans les services. Ce sont justement ces activités que l'on va taxer ! Pour amadouer ces futurs payeurs, Bercy a promis des taux et des assiettes qui permettront de prendre en compte les situations de chacun. Avec cette réforme, on risque finalement de passer d'un « impôt imbécile »...à un impôt « com...pliqué ». On finira peut-être par regretter l'impôt initial !

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