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Nicolas Sarkozy avait dénoncé, jeudi, les bonus fous des traders - ces « jeunes gens qui jouent à spéculer ». Ces bonus vont être sévèrement réglementés en France. Un premier pas en vue d'une moralisation du capitalisme...

Oui. Un premier pas indispensable. C'est vrai que ces bonus, c'était délire. Des montants pharaoniques. Plusieurs traders parisiens ont touché, en 2007, plus de 10 millions d'euros chacun. De la folie ! Ces bonus, c'était des primes souvent sans relation avec la performance réelle de chaque trader, des primes dont les PDG de banque n'avaient pas toujours connaissance. C'était surtout des pousse-au-crime, un système d'incitation à d'énormes prises de risque. Inutile d'insister trop longuement : voir le cas Kerviel ! Alors, les traders ne sont pas les responsables de la crise financière actuelle. Ils y ont quand même bien contribué. Alors qu'on limite leur bonus, c'est sans doute devenu indispensable.

On réglemente les bonus. On ne les supprime pas, on ne les plafonne pas non plus ?

Exact. C'est en tout cas le projet en cours de discussion entre les banques et l'Etat. A priori, on devrait interdire les bonus garantis. La moindre des choses ! Pour le reste, les bonus seront désormais liés aux résultats, à la vraie contribution du travail du trader aux profits de son entreprise. Ils seront soumis au PDG, au conseil d'administration de la banque. Ils ne seront versés qu'une fois la performance réellement enregistrée. Ils pourront être versés pour partie en actions. Bref, toutes ces dispositions, ça va peut-être casser le micro-marché des Ferrari et autres Lamborghini. Ca va ramener un peu de sérénité dans les salles de marché.

Si les bonus sont limités en France, les banques ne vont-elles pas de délocaliser leurs salles de marché à Londres ou ailleurs ?

C'était l'argument de tous ceux qui s'opposaient à toute réglementation des marchés, des bonus notamment. Avec la crise, cet argument est en train de tomber. Partout, les bonus et leurs dérives sont montrés du doigt. Aux Etats-Unis, Barack Obama les a violemment dénoncés, il y a dix jours : il les a jugés « honteux ». En Grande Bretagne, Gordon Brown, le premier ministre les a dans le collimateur. Si la France était seule à limiter les bonus, il y aurait effectivement un danger. Ce n'est plus le cas ; ce pourrait ne plus être le cas. Il pourrait même y avoir, le 2 avril prochain à Londres, lors de la réunion du G20 sur le refondation du capitalisme un consensus sur le sujet. Les bonus ont tellement écoeuré l'opinion publique mondiale qu'il n'est pas exclu que cette fois-ci, sur ce point précis, les dirigeants de la planète puisse trouver un accord. Sur ce sujet, Sarkozy compte sur Obama. Il n'a pas tort. Reste à savoir jusqu'où, dans la réglementation, Obama sera prêt à aller !

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