Neelie et les deux Christine

L'heure est au "women's power". Voyez plutôt. Mercredi, Neelie Kroes envoie une facture d'un milliard d'euros à Paul Otellini, le patron d'Intel, de la part des "millions de consommateurs" européens qui se font racketer depuis dix ans par le géant mondial des processeurs. La veille, on apprenait qu'Obama avait demandé à Christine Varney, l'homologue américaine de Neelie Kroes, de hausser elle aussi le ton face aux monopoles. On découvre pour finir qu'une autre Christine, la ministre française de l'économie marcherait dans les pas de Neelie...

En cinq ans au poste le plus exposé - et le plus puissant - de la Commission, l'ancienne femme d'affaires néerlandaise a su balayer les soupçons de complaisance à l'égard du "big business" qui la frappaient. "Quand Neelie Kroes est arrivée, certains ont pensé pouvoir souffler. Ils s'imaginaient qu'ayant travaillé dans l'industrie, elle serait plus coulante que Mario Monti [son prédecesseur]. En réalité, elle s'est montré au moins aussi sévère", explique un lobbyiste. Neelie a studieusement creusé le sillon dessiné ses prédécesseurs en y ajoutant une "Kroes touch" qui ne se résume pas aux flamboyantes broches qu'elle porte pour les grands jours et dont elle semble posséder une variété infinie. Cette touche, c'est avant tout une rhétorique plus tournée vers la protection des consommateurs que celles des deux professeurs d'économie qui l'ont précédée, lesquels se lançaient volontiers dans des démonstrations académiques sur la régulation des marchés.

Voilà un credo qu'elle partage avec une autre "wonderwoman" de la concurrence: "Christine", comme elle l'appelle. Christine Varney, la nouvelle patronne de l'antitrust du ministère de la justice américain avait annoncé la veille qu'elle s'apprêtait à lancer une croisade contre les abus des monopoles. Fini le laxisme de l'administration Bush.

Et voilà que déjà une autre Christine se profile à l'horizon. Le même jour où est infligé l'amende record à Intel, Die Welt nous apprend que Christine Lagarde s'apprêterait à enfiler les habits de gendarme européen de la concurrence que Neelie Kroes quittera fin octobre, aux termes d'un accord secret entre Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso. La ministre de l'économie et finances est "pénétrante et peut être très charmante", assure le quotidien allemand. Et en plus elle "s'entend bien avec le ministre des finances Peer Steinbrück", note le journaliste, qui aurait pu ajouter que ce n'était pas si courant parmi les membres du Conseil Ecofin vu le tempérament vif de l'intéressé. Reste à savoir si l'autre Christine fera également sien le slogan de "Rosie la Riveteuse", qui remplaçait son homme à l'usine alors qu'il était au front en Europe : "We Can Do It".

F.A.

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