« Moi quand on me dit tu ne peux pas le faire, je fonce » - Nina Métayer, est l’invitée de Sophie Iborra dans Le podcast Les Héritières La Tribune

La délicatesse du cœur. Jeune femme solaire et résolument positive, Nina Métayer est devenue, en un éclair, la reine de la haute pâtisserie mondiale.
(Crédits : La Tribune)

Jean, baskets, les cheveux rassemblés à la hâte derrière son visage souriant et juvénile, Nina Métayer est une femme pressée. Elle dévale les marches de notre studio. Nous nous apprêtons à enregistrer le podcast « Les Héritières » qui lui est consacré pour, dit-elle, « nous raconter l'histoire de sa vie ».

C'est sa sœur Paloma, aussi passionnée de Gastronomie qu'elle, qui l'accompagne. Chez les Métayer, on a le sens de la famille. La grande, celle du sang, mais aussi celle du cœur. Son titre de Meilleure Pâtissière du Monde, c'est à elle et à son autre sœur, Pandora, qu'elle veut le dédier ; À ses parents, à ses filles Anastasia et Adèle, à son mari Mathieu, mais aussi, à toutes celles et ceux qu'elle appelle « la Délicateam », en référence à Délicatisserie, son écrin 100% en ligne de pâtisseries Haute Couture. C'est avec eux qu'elle partage quotidiennement la recette de sa réussite.

« Nina Métayer, ce n'est pas moi, c'est eux, c'est nous » déclare- t-elle. « Ensemble, nous faisons bien plus que des gâteaux, nous partageons du bonheur, de l'énergie, des émotions, toutes ces larmes de joie comme ces larmes d'épreuves ». Elle se souvient des « Délicateufs », fêtes et apéros qu'elle organise sur le toit avec son équipe, des bûches, des galettes, du Concours du Meilleur Ouvrier de France (MOF)et n'oublie pas « toutes ces nuits à travailler ensemble dans la bonne humeur et la rigueur.  Je leur dois tout » confie-t-elle.

Entre innovation et traditions

En créant cette 1ère boutique 2.0, Nina veut résoudre une équation complexe, celle de miser sur la tech et le digital tout en étant la garante d'un artisanat ancestral. Ses parents lui ont donné le goût des produits sains et lui ont appris à cuisiner « maison ». « Les bons produits sont ceux qui viennent de tous ces producteurs, agriculteurs de nos campagnes, pour faire un bon gâteau il faut retrouver tout l'amour qu'ils ont mis dans leur travail ».

Depuis bientôt 4 ans, c'est en skate électrique qu'elle roule, au petit matin, vers son laboratoire d'Issy-Les-Moulineaux, véritable ruche où une trentaine de collaborateurs se pressent pour honorer les commandes, chaque jour, plus nombreuses. Le défi est de taille, car, si l'excellence pâtissière n'est pas une option, il faut aussi que sa clientèle exigeante puisse être livrée en temps et en heure.

L'amour de ses proches et la liberté en cadeaux

Quand Nina revient sur son enfance c'est pour évoquer l'insouciance de ces années, les bêtises entre filles et cette grande liberté que ses parents lui ont autorisée pour s'envoler. À 15 ans elle a des envies d'ailleurs, comme beaucoup d'adolescentes, Nina se cherche « j'étais moyenne en tout, la seule chose que je savais c'est que je voulais choisir ma vie et être heureuse., Mon séjour au Mexique, loin de ma Rochelle natale, m'a ouvert les yeux et le champ des possibles ». Sa curiosité et son goût des autres la met sur le chemin d'un couple de boulangers pâtissiers français. C'est la révélation. Encouragée, là aussi, par ses proches, vient alors le temps nécessaire de l'apprentissage. Elle passe son bac, puis un CAP. Son deuxième voyage en Australie lui fera découvrir la pâtisserie de restauration. À son retour elle vise déjà l'excellence ; Ce sera l'école Ferrandi d'où elle sort major de sa promo avec, à la clé, un passeport pour entrer dans le monde de la haute pâtisserie.

Ses premières armes dans la gastronomie au Meurice, sous la direction de Yannick Alléno et de Camille Lesecq, le Raphaël avec Amandine Chaignot, et même l'obtention des 2 étoiles au guide Michelin du « Grand Restaurant » de Jean-François Piège en tant que cheffe pâtissière, ne lui laissent pas que des bons souvenirs. De cette période Nina gardera les stigmates d'une rigueur et d'une exigence poussées à son paroxysme. « C'était extrêmement difficile, j'ai douté évidemment, mais j'ai toujours beaucoup de tendresse pour ces moments car c'est grâce à cette remise en question sur mes propres capacités que j'en suis là où j'en suis »

Un peu plus tard, après avoir dirigé les créations sucrées à l'international pour les Cafés Pouchkine, Nina veut continuer à voler, mais cette fois, de ses propres ailes.

Elle lance deux boutiques à Londres avant de se consacrer entièrement à La Délicatisserie. Ce goût pour l'aventure entrepreneuriale, elle le doit encore à sa famille, à leur regard et à la confiance qu'on a toujours voulue lui accorder.

Résilience et détermination

Le 25 octobre dernier, l'Union Internationale des Boulangers et Pâtissiers la sacre, à 35 ans, reine de la pâtisserie mondiale à Munich en Allemagne. C'est le Graal ! Fière comme un paon, elle savoure, encore aujourd'hui, son bonheur d'être la première femme à avoir obtenu ce titre. Une revanche pour celle qui avait été recalée lors du Concours du MOF, défi qu'elle s'était lancé parce que certaines mauvaises langues lui avaient dit qu'une femme ne pouvait pas être à la hauteur d'un tel défi. « Moi, quand on me dit tu ne peux pas le faire, je fonce ! » Au moment d'évoquer la place des femmes dans son métier, encore très masculin, elle répond que les choses avancent. « Quand j'ai débuté la boulangerie à 18 ans, j'étais la 3ème fille de l'histoire de mon CFA ! (...) Heureusement, 15 ans après, elles imposent leur talent dans les brigades et sont en train d'exploser le fameux plafond de verre ».

L'heure tourne, après deux éclats de rire et trois selfies, elle saute dans un taxi : « Roue libre ! » s'exclame-t-elle, sa façon de dire, en avant ! L'aventure continue. !

Nina Métayer est l'invitée de Sophie Iborra, dans Les Héritières - le podcast Women For Future by La Tribune. Rendez-vous sur toutes vos plates-formes habituelles et sur latribune.fr

Bonne écoute.

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Commentaires 2
à écrit le 15/04/2024 à 19:17
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Je suis fan de cette nana ! Dynamique , motivée et pêchue. Le talent n’est ni féminin ni masculin. Nina l’a montré . Le talent est inspirant. Women and Men for the future. All different but all together

à écrit le 19/03/2024 à 9:09
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Elle est l'une des meilleurs pâtissières du monde mais sa si belle personnalité en font une égérie forcément et c'est normal. Bravo à elle. Ensuite attention à ce genre d'affirmation manichéenne hein ! ^^

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