L'assurance maladie est-elle encore utile ?

L'appareil politico-administratif de l'assurance maladie ne fonctionne pas bien. L'Etat doit reprendre la main. Par Gérard Larcher, sénateur des Yvelines, ancien ministre, Fondateur et Président du Cercle Innovation Santé
Gérard Larcher veut donner une plus grande légitimité démocratique à l'assurance maladie

 Notre système de protection de la santé est à bout de souffle. Aucune des réformes successives n'a permis d'équilibrer les comptes de l'assurance maladie. Les déséquilibres d'abord qualifiés de « temporaires » sont devenus aussi permanents que structurels et grèvent la croissance de la France en même temps que la compétitivité des entreprises.

Sans remettre en cause le financement collectif des dépenses de soins, il paraît aujourd'hui légitime de s'interroger sur l'utilité et la pertinence de l'appareil politico-administratif de l'assurance-maladie.

Un système universel, et non une assurance

Celle-ci n'est plus une assurance. Notre système est universel et organise un double transfert : il va du bien portant au malade et du plus riche au plus pauvre par le biais de la CSG et des cotisations proportionnelles aux revenus. De l'assurance, ne restent que le nom et les structures.

 Le Cercle Santé Innovation, think tank indépendant que j'ai fondé avec l'ensemble des fédérations d'offreurs de soins, avance aujourd'hui des propositions pour réformer en profondeur cette institution et lui redonner efficacité et légitimité, tout en sauvegardant ses principes fondateurs de solidarité.  Sa vision est basée sur le postulat qu'il ne faut ni augmenter une fiscalité déjà lourde, ni toucher à la solidarité, tout en rémunérant justement les acteurs du système et en anticipant les révolutions technologiques qui s'annoncent.

 Financer autrement les dépenses de santé

Concernant le financement, le Cercle Santé Innovation propose de réformer non seulement celui de l'assurance maladie, mais plus largement celui des dépenses de santé : déterminer le juste niveau de dépenses, optimiser les processus de soins, intensifier la lutte contre les actes inutiles, mieux coordonner les acteurs. Plus largement, à l'heure où le renforcement de la compétitivité de nos entreprises est une priorité, nous préconisons d'élargir les recettes de l'assurance maladie en mettant à contribution l'ensemble des revenus, ceux du travail comme ceux du capital. Il est urgent de dé-corréler les dépenses de santé des coûts pesant sur la compétitivité économique car seule une diminution du coût du travail permettra une amélioration de la capacité d'investissement des entreprises.

 Redonner de la légitimité démocratique à l'assurance maladie

Au-delà, nous avançons des propositions novatrices pour redonner à l'assurance maladie la légitimité démocratique qui lui fait aujourd'hui défaut. Alors que l'appareil administratif de l'Assurance Maladie a été pensé et créé par ses fondateurs comme organisme de gestion, il s'est érigé au fil du temps comme le régulateur politique du système. Au-delà du double pilotage induit (Etat et Assurance Maladie), cette situation est problématique en raison de l'absence de légitimité démocratique de l'assurance maladie, qui n'a plus connu d'élection depuis le début des années 1980. Si les partenaires sociaux étaient initialement au cœur du pilotage d'un système conçu pour faire contrepoids au système parlementaire, il ne reste aujourd'hui plus grand chose de l'esprit originel de démocratie sociale imaginé par le Conseil National de la Résistance.

 Une agence sous contrôle de l'Etat

Pour pallier ces dérives, le Cercle Santé Innovation propose de réaffirmer les prérogatives de l'Etat dans le pilotage du système et dans les choix de financement. Un pilote unique doit reprendre en main le système : l'actuelle institution Assurance Maladie devrait être remplacée par une agence sous contrôle de l'État, composée de représentants de l'Etat, des partenaires sociaux mais aussi de représentants des patients. Son rôle serait de piloter le système, de répartir les fonds, de décider la politique de tarification et de remboursement, de gérer concrètement le risque, de soutenir des programmes de santé publique, d'animer la politique de prévention…

En un mot, il est urgent que les choix politiques de notre système de santé soient repris en main par les acteurs politiques et que les instances administratives retrouvent leur rôle : celui de gérer le système, de collecter les recettes et de liquider les dépenses.

 Une rupture démocratique

Pour autant, le Cercle Santé Innovation n'envisage à aucun moment d'étatiser notre système. Bien au contraire. Le gouvernement et le Parlement fixent les objectifs mais il est indispensable que les acteurs retrouvent une plus grande autonomie. Sinon, les objectifs ne seront pas atteints, pis, le système sera inefficace car bureaucratisé.

 Au final, c'est bien une rupture que propose le Cercle Santé Innovation. Une rupture démocratique car le citoyen est d'avantage associé ; légitime puisque l'Etat et la représentation nationale fixent les règles du jeu et équitable car elle concerne toutes les sources de revenus et tous les acteurs de santé qu'ils soient publics ou privés, hospitaliers ou libéraux. Une rupture qui ne pourra produire ses effets que si elle est portée politiquement, expliquée aux Français et conduite avec détermination.

>>> Lire aussi Pourquoi ne pas supprimer l'Assurance-maladie?

 _____

 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 43
à écrit le 05/12/2013 à 16:42
Signaler
Mettons à contribution les pharmaciens qui vivent très bien grâce à une large vente de médicaments remboursés par la sécu ! une récente étude montre que c'est un des "commerçants qui gagnent le plus " ( outre les médics il vend des articles de beaut...

à écrit le 05/12/2013 à 16:41
Signaler
Mettons à contribution les pharmaciens qui vivent très bien grâce à une large vente de médicaments remboursés par la sécu ! une récente étude montre que c'est un des "commerçants qui gagnent le plus " ( outre les médics il vend des articles de beaut...

à écrit le 05/12/2013 à 16:40
Signaler
Si il n'y avait que le système de protection de la santé qui est à bout de souffle cela ne serait pas grave mais, c'est toute la France est son " modèle social" qui est à bout de souffle. l' éducation nationale est l'autre exemple. Il faut dégraisser...

à écrit le 05/12/2013 à 16:17
Signaler
ce monsieur veut encore nous ponctionner d'avantage sur nos maigres économies,quelle foutaise ,si l'état reversait toutes les taxes sur les alcools,le tabac et autres la sécu serait en compte positif,dixit la cours des comptes,l'état empoche toutes c...

le 05/12/2013 à 17:16
Signaler
en definitif le ceancier qui creuse le trou de la secu est en premier lieu l'etat ,avec les soins gratuit distribues a tout va par le biais de l'AME qui ne profite pas aux français!!!une honte!!

à écrit le 05/12/2013 à 15:46
Signaler
la lecture de cet article c'est du bla bla bla bla, des formules toutes faites , rien de concret et de chiffré....... Larcher se fait de la pub pour son cercle.....!!!!

à écrit le 05/12/2013 à 12:23
Signaler
ont dit la secu est en déficite, il est une chose anormal quand vous faite un sport une passion genre sky foot parapente et plein d autre activités vous prenez une assurance et bien souvent elles ne servent a rien c est souvent la secu et mutuelle ...

à écrit le 05/12/2013 à 11:38
Signaler
Pour un remède plus immédiat , pourquoi ne pas appliquer cette idée qui rapporterait à la Sécu de substantielles ressources pour pas un sou ? Faire de la Sécu , pour ceux qui le souhaitent , moyennant une cotisation personnelle supp...

le 05/12/2013 à 12:41
Signaler
Ca s'appelle un monopole... Si un tel projet voit le jour, l'europe bloquera... et les lobbyes mutualistes et assurances vont monter au créneau... Bref, ce sera la guerre... Mais c'est vrai qu'en terme de coût de gestion, de coût environnemental et m...

à écrit le 05/12/2013 à 10:17
Signaler
Bonjour, pourquoi autant des mutuelles ????? Suppression immédiate et constitution d'une mutuelle unique par la Sécurité Sociale. Cette opération supprimerait les magouilles des mutuelles actuelles et remplisserait la caisse de la sécu ????

à écrit le 05/12/2013 à 7:07
Signaler
Comment le médecin-referent sait-il que le malade est guéri? réponse: jamais.

à écrit le 05/12/2013 à 6:07
Signaler
Contrairement à un mythe largement répandu le capitaĺ c'est à dire le propriétaire de l'entreprise contribue majoritairement au financement de la protection sociale: les charges patronales sur le salaire sortent de la poche du propriétaire de l'entre...

à écrit le 04/12/2013 à 22:20
Signaler
Au lieu de cette "usine à gaz" Il serait plus simple et mieux pour tous (y compris les médecins" de créer un Service National de Santé inspiré du NHS British que j'ai vu fonctionner pendant mes activités chirurgicales à Londres et Manchester et qui r...

à écrit le 04/12/2013 à 21:24
Signaler
Mr Larcher se trompe, l"Assurance Maladie fonctionne TRES bien pour les immigrés légaux ou illégaux qui sont soignés sur le territoire national au titre de l'AME: Comme l'a montré le député de Paris Mr Goasguen, au titre de l'AME on aura dépensé en 2...

le 04/12/2013 à 22:24
Signaler
Sans doute préféreriez-vous un bon vieux système dans lequel chacun paye pour sa pomme ? Ceux qui peuvent cotiser se soignent, et ceux qui ne peuvent pas... ben qu'ils crèvent ? Ce type de "raisonnement" est malheureusement courant (je le mets entre...

le 04/12/2013 à 22:51
Signaler
800 millions, soit 0,4% de nos cotisations (190 Milliards au total).

à écrit le 04/12/2013 à 21:06
Signaler
Allez voir le blog je quitte la sécu !!!!!!!!!!!

à écrit le 04/12/2013 à 19:45
Signaler
c est si facile de dire , lorsque l ont a un gros salaire il faudrait supprimer tel ou tel chose ou dire cela est inutile

le 05/12/2013 à 10:04
Signaler
vous ne voyez pas qu'ils veulent suprimer la secu ? apres vous vous lamenterer !,allez voir aux U S A !!!!!

le 05/12/2013 à 12:13
Signaler
je me lamente pas, je dénonce que certains gros messieurs du gouvernement voudrait bien supprimer la secu , sous les conseille bienveillant de la toute puissante fédération qu est Bruxelles

à écrit le 04/12/2013 à 19:21
Signaler
Si l'on mettait toutes les cotisations de nos mutuelles dans le budget de la sécurité sociale, on n'aurait plus besoin de ... mutuelle . Bien sûr, il faudrait aussi arrêter la connivence politico-pharmaceutique . Et ça, Mr Larcher n'en parle pas ....

à écrit le 04/12/2013 à 19:02
Signaler
Cet été notre vilipendeur Sécu, le bon sénateur Larcher à fait un malaise alors qu'il se trouvait en Bretagne. Il n'a peut-être pas trouvé à son goût l'intervention des secours pour sa personne, et s'il avait du payer la note, alors peu-être aurait...

le 04/12/2013 à 20:48
Signaler
Pas de rapport entre l'offre de soins et le système de remboursement de ces soins ???

à écrit le 04/12/2013 à 18:29
Signaler
Il est évidemment temps d'abandonner le système bismarckien actuel de la sécu qui va droit au mur pour un système beveridgien fondé sur l'impôt (TVA pour les retraites et CSG + revenu de base pour la solidarité). L'assurance maladie quant à elle doit...

à écrit le 04/12/2013 à 17:45
Signaler
Tout fonctionne mal, il ne faut donc surtout pas que l'état reprenne la main !! Mr Archer démontre encore qu'il est un socialiste conservateur, pardon, une personne de droite : la sécurité sociale n'est pas là pour rembourser les soins de santé, mai...

le 04/12/2013 à 18:34
Signaler
Erreur ! La redistribution ne se fait pas des riches vers les pauvres, mais des jeunes vers les vieux : en moyenne, 70% des dépenses de santé sont effectuées au cours des 6 derniers mois de la vie.

le 04/12/2013 à 19:07
Signaler
Comme toute assurance santé, l'assurance maladie redistribue des bien portants vers les malades. Si elle était privée, les malades auraient des malus (voir l'automobile). La question de savoir si l'abonnement à l'assurance maladie doit être tout ou p...

le 04/12/2013 à 20:50
Signaler
Les assurances santé privées facturent en fonction de l'âge, pas du dossier médical. La solidarité en France est assurée par l'impôt (cmu et ame)

à écrit le 04/12/2013 à 16:42
Signaler
L'assurance maladie est-elle encore utile ?... JE NE SAIS PAS ... MAIS LES PRÉLÈVEMENTS SUR SALAIRES.... PROBABLEMENT !

à écrit le 04/12/2013 à 16:39
Signaler
L'assurance maladie est-elle encore utile ?... JE NE SAIS PAS ... MAIS LES PRÉLÈVEMENTS SUR SALAIRES.... PROBABLEMENT !

à écrit le 04/12/2013 à 14:22
Signaler
combien nous a coûte ce monsieur combien nous coûte encore ce monsieur lui et ses copains a quoi servent ils ...

à écrit le 04/12/2013 à 14:00
Signaler
Belle leçon de démocratie la France ! Affiliation OBLIGATOIRE à la sécu !!!!!!!!

le 04/12/2013 à 18:31
Signaler
On ne peut faire autrement car aucune assurance privée ne prendra en charge les maladies grave à un tarif raisonnable...et pour financer les maladies graves il faut des gens bien portants qui s'abonnent

le 04/12/2013 à 18:35
Signaler
Vous connaissez un seul pays développé où l'affiliation à une assurance santé n'est pas obligatoire ?

le 04/12/2013 à 20:21
Signaler
Les directives Européennes 92/49/CEE 92/96/CEE abrogent le monopole de la sécu ! Claude Reichman.

le 04/12/2013 à 21:01
Signaler
@ Théophile : aucune assurance voiture ne prend en charge les gros sinistres peut-être ? Même chose pour les maladies graves. @ibrunel : les USA, c'est bon ? Et des tas d'autres où l'assurance est obligatoire mais le choix de l'assureur libre.....

le 04/12/2013 à 21:31
Signaler
Auto ou maladie ; les autres états ne nous sont pas interdits !

le 04/12/2013 à 22:57
Signaler
@ Francisco : non, les USA, ce n'est pas bon : quand on signe pour un emploi on est obligé de souscrire à l'assurance santé de l'employeur. Il n'y a que les chômeurs qui n'ont pas d'obligation. De plus les USA ont le système de santé le plus cher du ...

à écrit le 04/12/2013 à 13:45
Signaler
Et il faudrait supprimer la loi waldeck rousseau créée pour le bien des travailleurs et qui a été dévoyée en protégeant le gigantesque systeme de detournement d'argent social en interdisant tout controle sérieux de la justice et des élus .

le 04/12/2013 à 18:28
Signaler
Détournement d'argent social, dites-vous ? La CNAM est la seule assurance santé en France qui reverse 96% des cotisations collectées sous forme de prestations. A titre de comparaison, les complémentaires santé des assureurs privés "détournent" déjà a...

le 04/12/2013 à 20:46
Signaler
D'abord c'est faux, et ensuite, ce qui compte, c'est le rapport cotisation taux de remboursement. Une assurance privée genre amaril coûte trois fois moins cher et rembourse mieux, j'ai le devis sous les yeux, faites de même et rendez vous compte !!!

le 04/12/2013 à 23:06
Signaler
Les comptes de la Sécu et des principales complémentaires sont consultables en ligne. Le rapport 2012 de la Commission des Comptes de la Sécurité Sociale donne 8 Milliards de charges de gestion pour 190 Milliards de cotisations, soit 4,2%. Les rappor...

à écrit le 04/12/2013 à 12:20
Signaler
C'est bien ce que disait le FN , si on revoit tous les systèmes mal gérés , on peut dégager de grandes marges en réformant de façon comptable . Il commence à être temps que des formations qui dirigent le pays depuis 50 ans commencent à regarder ce qu...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.