Camions automatisés et l'avenir du secteur routier

OPINION. La montée en puissance des flottes autonomes, en particulier celle des camions, va bouleverser le marché du transport routier et redéfinir ses enjeux. Par Gary Brooks, CMO, Syncron (*).
Présentation d'un camion autonome utilisé par la poste de Vienne (Autriche).
Présentation d'un camion autonome utilisé par la poste de Vienne (Autriche). (Crédits : Reuters)

Les "flottes autonomes" sont un thème de conversation récurrent dans le milieu du transport routier et de la livraison depuis quelques années. Daimler a testé des camions Freightliner autonomes et UPS a récemment annoncé que l'entreprise effectuait des livraisons avec des camions autonomes depuis plusieurs mois - sans que personne ne le remarque - des marques telles que Waymo effectuent des investissements dans les technologies autonomes, l'avènement des flottes autonomes est enfin arrivé.

Aux Etats-Unis, 65% des biens de consommations sont amenés par camions sur le marché, et avec une autonomie complète anticipée d'ici 2057, les coûts d'opérations devrait baisser de près de 45% - permettant à l'industrie du transport routier pour compte d'autrui d'économiser plus de 125 milliard de dollars (McKinsey). La réorientation vers une autonomie complète représente un changement important pour l'ensemble du secteur, mais génère également une opportunité significative pour implémenter de nouvelles techniques qui améliorent à la fois la performance financière de l'entreprise et l'expérience client.

Voici 3 domaines clés, qui devraient constituer des priorités pour les décisionnaires du transport routier alors qu'un nombre croissant de camions autonomes affluent sur les routes.

Le nouveau rôle des chauffeurs

Alors que les chauffeurs de camions prennent leur retraite, la relève est faible. La demande pour des conducteurs de camions s'élève aujourd'hui à 50.000 postes de nouveaux chauffeurs - un déficit qui pourrait passer à 240.000 d'ici 2022. Les camions autonomes résolvent en partie ce problème, le rôle du conducteur se transformant radicalement à mesure que la technologie des camions s'affine.

C'est la technologie qui prend aujourd'hui le volant, le rôle des routiers est voué à évoluer d' « opérateur » à « superviseur », voire même « technicien ». Bien entendu, de nombreux conducteurs connaissent d'ores et déjà les bases mécaniques pour répondre temporairement aux problèmes éventuels sur la route jusqu'à l'arrêt suivant. Mais avec l'ascension des technologies autonomes, les routiers auront besoin d'être mieux formés au niveau technique pour être à même de résoudre tous les incidents que ces technologies pourraient rencontrer. Les propriétaires de flottes et les OEMs (fabricant d'équipement d'origine) devraient commencer leur préparation pour mettre en place ces nouvelles formations dès à présent pour aider les conducteurs dans la transition vers cette nouvelle ère.

L'évolution des services et des modèles de maintenance.

Selon modèle de service traditionnel actuel, dit « Break and Fix », les équipements sont réparés après une défaillance, et la responsabilité de la maintenance revient au client final. A mesure que le secteur routier s'automatise, en revanche, les fabricants de camions commenceront à reprendre cette responsabilité, des coûts et risques engendrés par la maintenance.

Etant donné que les véhicules autonomes ne seront pas sujets aux mêmes défaillances que les véhicule manuels - par exemple, les arrêts de repos -, la vitesse de livraison augmentera sans aucun doute. Les attentes des clients vont donc également augmenter. C'est pourquoi, s'assurer que les véhicules sont constamment en état de marche deviendra primordial. Pour se faire, les OEMs et gérants de flottes doivent trouver des solutions pour les aider à diagnostiquer de manière proactive les problèmes des équipements, de manière à effectuer les réparations nécessaires en anticipation de la panne. Permettant aux fournisseurs de services routiers d'éviter autant que possible les interruptions de service imprévues pour conserver un client heureux et loyal.

Repenser la distribution

Aujourd'hui, entre 12% et 15% des achats aux Etats-Unis sont effectués depuis un domicile. Le service de livraison dans la journée d'Amazon n'a pas encore 2 ans, mais il représente d'ores et déjà 5% de toutes ses livraisons. D'ici 2015, ce chiffre devrait atteindre les 15%, solidifiant les attentes des clients pour une livraison rapide et gratuite (McKinsey). Cette croissance constante des exigences pour une livraison rapide et sûre poussera au développement des technologies autonomes et forcera les gérants à revoir leurs modèles de distribution.

Avec la meilleure efficacité énergétique et la diminution des pauses pour les chauffeurs que génèrent les technologies autonomes, les centres de distribution actuels et hubs restent-ils la meilleure solution ? Etant donné l'implication accrue sur la maximisation de la disponibilité des actifs et de la maintenance proactive, les hubs sont-ils aux meilleurs emplacements pour effectuer ces réparations et recevoir les pièces de rechange ? Voici quelques considérations que les fabricants (OEMs) et les gérants de flottes doivent se poser au cours de cette période de mutation de leur industrie.

Les véhicules autonomes constituent un projet intéressant. Mais il est essentiel pour les OEMs et les propriétaires de flottes de ne pas se laisser dépasser par la nouveauté de ces véhicules, au moment de mettre en place leurs stratégies pour en tirer le meilleur. En se concentrant sur ces trois critères en priorité, les décisionnaires seront capables de poser les fondations pour établir leur succès pour les années à venir.

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(*) Syncron

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2019 à 14:58
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Pour ajouter aux remarques pertinentes de valbel89 et Citoyen blasé, j'ajoute : quid de la sécurité ? Que va-t-il se passer quand un terroriste aura pris le contrôle d'un de ces engins et fait des ravages ? On va créer des batteries anti-camion sur l...

à écrit le 09/10/2019 à 11:19
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"Alors que les chauffeurs de camions prennent leur retraite, la relève est faible" Parce que les salaires sont faibles du fait d'un secteur ravagé par le dumping social.

à écrit le 09/10/2019 à 11:08
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Le bon sens voudrait que l'on diminue le nombre de camions qui sont une source de pollution. Le bon sens voudrait que l'on produise et que l'on consomme sur place. Mais le bon sens est valeur démonetarisée, la finance n'en n'a que faire.

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