Comment concilier croissance et souveraineté numérique...

OPINION. Aucun progrès, aucune technologie n'est viable sans confiance. C'est encore plus vrai s'agissant des technologies de l'information, aujourd'hui au cœur de l'économie, de l'emploi et même des infrastructures critiques. De la puce au cloud, « from chip to cloud », le véritable enjeu de demain est la maîtrise de la donnée B2B, sa souveraineté et bien sûr sa sécurité. (*) Par Hassan Triqui, PDG de Secure-IC
(Crédits : DR)

Pas de monde connecté sans confiance... Cloud, objets connectés (ou Internet des Objets, IoT), réseaux... : impossible aujourd'hui de passer à côté du « monde du tout connecté ». Or, si les usages et applications grand public n'ont jamais autant occupé l'espace médiatique, les enjeux industriels et même sociétaux associés sont souvent méconnus et autrement plus stratégiques.

Car là, on ne parle pas d'enceintes connectées ou de smartphones (sur lesquels planent également des dangers) mais d'usines à l'ère de l'industrie 4.0, de véhicules dont des fonctions majeures sont déjà gérées par des calculateurs électroniques et pour certaines en voie de devenir autonomes et sans surveillance humaine, et même d'infrastructures d'importance vitale, telles que les réseaux d'eau, d'électricité ou de télécommunications, eux aussi soumis aux risques majeurs du tout connecté.

La 5G propose de répondre « techniquement » à ces enjeux stratégiques d'avenir, bien plus que de satisfaire aux usages individuels, grâce à des débits de données et des temps de latence jamais égalés. En d'autres termes, il s'agit de la prospérité économique de demain, des emplois du futur et surtout de la souveraineté et de la sûreté des nations.

Mais au-delà des capacités techniques, eu égard aux problématiques et risques concernés y compris pour les populations, la question de la sécurité et de l'intégrité des données demeure fondamentale : sans sécurité, et donc sans confiance, les usages et leurs apports économiques et régaliens resteront limités.

Protéger les territoires souverains

Du plus petit capteur à la plus complexe des chaînes de production, l'intégration de l'électronique intelligente et connectée est inévitable.

Gestion assistée à distance voire autonomisée, maintenance prédictive (et corrective parfois), remontée d'informations terrain et alertes en temps réel, etc. : peu de secteurs échappent à l'ère de l'internet des objets et à la masse d'informations qu'il génère, qu'il échange et qu'il est donc nécessaire de traiter et de stocker, notamment dans le cloud ou via des relais informatiques plus locaux de type Edge computing (i.e. informatique en périphérie de réseau).

Dans tous les cas, il s'agit de garder la maîtrise de ces objets, quels qu'ils soient. Personne ne laisse une carte bancaire sans surveillance : il en est de même en matière d'objets connectés. Mais cela est loin d'être suffisant : c'est toute la chaîne de valeur de l'information qu'il est essentiel de sécuriser, du composant au serveur. On parle alors de sécurité « from chip to cloud ».

La sécurité, tout au long de la vie

Par principe, l'internet des objets implique une très grande dissémination des objets, dont le cycle de vie est à prendre en compte pour ne pas ajouter de risque, au risque déjà inhérent.

Dès lors, depuis les phases de conception, de fabrication sur la chaîne de production jusqu'au déprovisionnement, en passant par toute la phase d'exploitation, tout objet plus ou moins intelligent et connecté doit être parfaitement contrôlé, et maintenu dans son intégrité et sa sécurité, notamment par des vérifications et des mises à jour régulières. En cas de perte de contrôle, la seule solution est le recours à la désactivation de l'objet et la suppression de toutes les données qu'il contient.

Face aux risques et aux enjeux majeurs des objets connectés, et encore plus dans l'industrie et les secteurs stratégiques ou vitaux, la sécurité n'est donc pas seulement optionnelle : elle doit être pensée de bout en bout et dès la conception de l'objet au travers d'une racine de confiance, pour garantir sécurité et souveraineté aux économies nationales, désormais et encore plus demain totalement dépendantes du digital.

Et si, en Europe, la bataille du cloud B2C semble déjà avoir été perdue en faveur d'acteurs américains, celle du cloud B2B, de l'industrie 4.0, de la santé connectée et des opérateurs d'importance vitale (OIV) est toujours d'actualité : l'indépendance technologique et économique, la souveraineté politique des États européens pour les prochaines années et décennies dépendent des choix à venir.

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Commentaire 1
à écrit le 06/09/2021 à 18:21
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Non la meilleur façon de défendre la souveraineté c'est de dire qu'elle est liée au peuple et à la confiance du peuple en son pays et donc ses dirigeants. Le traité de Lisbonne ayant était un véritable anéantissement de la souveraineté française au n...

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