Comment font donc les banques françaises pour faire tant de profit

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, comment font donc les banques françaises pour faire tant de profit
(Crédits : DR)

Les profits bancaires sont en nette hausse en 2019. Ce constat est vrai pour tous les grands acteurs hexagonaux, et notamment pour les deux premiers : BNP Paribas et Crédit Agricole. Et cela peut paraître paradoxal.


Des banques prises en étau sur leur cœur de métier

Sur le papier, l'année s'annonçait sombre. Les taux à 10 ans sur les obligations d'État se sont affaissés tout au long de l'année. Et dans leur sillage, les taux accordés sur le crédit à l'immobilier ou aux entreprises n'ont pas pu inaugurer le mouvement de normalisation tant espéré par le secteur en 2018. A l'inverse, la BCE a contribué à compliquer l'équation des banques en abaissant encore un peu plus les taux déjà nettement négatifs sur les dépôts bancaires auprès de la banque centrale, de -0,4 à -0,5%.

Sur leur cœur de métier, qui consiste à produire une marge d'intérêt entre ressources liquides et prêts, les banques semblaient donc prises toujours plus en étau. Si l'on ajoute à cela la sortie graduelle et inexorable du stock de prêts ou d'actifs anciens, plus rémunérateurs, on pouvait en effet s'inquiéter de la profitabilité du secteur pour 2019 et 2020. Et faisant écho à cette inquiétude, les acteurs européens phares du secteur ont multiplié les annonces de réduction de leurs effectifs et la fermeture de certaines activités au cours de l'année : Société Générale, BNP Paribas, Barclays, HSBC, Deutsch Bank et Commerzbank, Santander, etc. Indiquant que les conditions financières et de concurrence des fintech mettaient toujours plus sous pression les coûts d'exploitation.


La diversification, clé de la résilience

Même s'il est toujours délicat de tenir un propos transversal sur l'ensemble des acteurs bancaires, la clé d'explication de la résilience de la profitabilité bancaire réside 1) dans les volumes et 2) dans la diversification des métiers de la banque. Dans le contexte très particulier des taux zéro, les intermédiaires financiers sont à la recherche de rendements.

Ils les trouvent aujourd'hui : sur les activités de conseil, d'intermédiation, d'exécution concernant les opérations de haut de bilan (émissions de dette, fusions/acquisitions notamment), autrement dit sur leurs activités de banque d'investissement et sur les commissions ayant trait à la gestion de patrimoine.

Cela est manifeste pour les deux premiers groupes bancaires français. Prenons par exemple le cas du groupe Crédit Agricole :

  • La première source de revenus du groupe aujourd'hui, ce sont les activités de gestion de l'épargne et l'assurance. C'est Amundi, le 9e gestionnaire d'actifs au monde, c'est Indosuez Wealth Management, c'est Crédit Agricole Assurances.
  • La seconde source de revenus, c'est ce que la banque dénomme l'activité « grande clientèle », autrement dit de banque d'investissement, banque conseil.
  • Ce sont ensuite les activités de banque stricto sensu en France et à l'international, puis les activités spécialisées de leasing, de financement de la consommation.


Et les principales sources de progression du profit sont sur la composante gestion d'actifs et assurance, la banque d'investissement et les activités spécialisées, notamment le leasing... Bref, la banque vit de commissions, de réalisations de plus-values latentes, de remontées de dividendes de ses activités de marché... Et cela la sauve. Idem pour la BNP qui voit sa performance tirée par sa banque d'investissement en 2019.

Ce constat conforte le modèle français de banque universelle en première analyse. Mais il ne faut pas se leurrer. Faire du volume, créer et susciter des besoins du côté des acteurs privés en matière de gestion d'actifs, en matière d'opérations en capital — notamment d'acquisitions, de levées de dettes, etc. — c'est aussi cela qui crée les déséquilibres et qui transforme les acteurs financiers en pousse-au-crime, au détriment de ceux qui endossent véritablement les risques, c'est-à-dire les ménages et les entreprises.

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Commentaires 12
à écrit le 13/04/2020 à 9:51
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Pourquoi ne parle t'on pas ici de l'effet levier? Quand une banque "possède" 100, elle peut prêter 1000. Donc même en prêtant à 1% on réalise 10% sur la somme initiale. Et si les banques se prêtent entre leur banques d'investissement, une plus valu b...

à écrit le 12/04/2020 à 8:40
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c'est une arnaque les banques ont été demandeur a ce que tous les paiement des salaire .soit effectué par virement contre une gratuite des opérations et avoir par la même occasion de nouveau client ceci remonte a la fin des années 60 et lorsque q...

à écrit le 11/04/2020 à 17:29
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Il ne faut pas oublier le cadeau de septembre de la BCE qui a offert une facilité de placement à 0% égale à 6 fois la réserve obligatoire. C'est un point important expliquant l'augmentation du nombre résultat des banques.

à écrit le 11/04/2020 à 14:47
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Bah elles volent ! pas comme clément Ader ou les freres wright hein !

à écrit le 11/04/2020 à 11:54
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Si les banques font tant de profits, il faudrait donc acheter des bancaires.... L'indice des financières a baissé de 38% depuis le 1er janvier (voir indice). Depuis 10 ans, pour exemple: SG - 65% BNP-Paribas - 50% Ces sociétés ne tiennent leur...

le 12/04/2020 à 2:08
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Je n'ai pas lu ici de conseil pour acheter "des bancaires". S'agissant du début d'année, remarquons que le monde a quelque-peu remué -- depuis Novembre même. L'article avance que l'évolution des métiers du secteur a accompagnée une année 2019 moins m...

le 13/04/2020 à 10:59
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@Pépinpom le 12/04/2020 2:08 Ne vous ne faites pas, l'article a été très bien compris. Citation "S'agissant du début d'année, remarquons que le monde a quelque-peu remué". C'est nouveau:15 000 morts par jour pendant la 1ère guerre mondiale et 25 0...

à écrit le 11/04/2020 à 10:21
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Les banques ne font pas trop de profit. Avec les volumes de crédits distribués, au moindre retournement de situation elles vont engranger des pertes monstrueuses. Et nous y sommes. La marge faite actuellement ne peut couvrir les risques. Les banques...

à écrit le 11/04/2020 à 9:44
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Comment font donc les banques françaises pour faire tant de profit a) avec les intérêts des prêts effectués avec l'argent non rémunéré des comptes courants ... b) en faisant les poches des titulaires des comptes courants en 10zaines de milliar...

le 11/04/2020 à 18:09
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Ludmilla 11/04/2020 9:44 Votre a) Le taux Euribor 1 semaine est, le 8/4/2020, à -0.517% Votre b) ma banque me fait pas les poches: c"est nouveau.. Dans mon cas, c'est l'Etat communiste en France qui me pompe. Si les banques sont saines, vous devri...

à écrit le 11/04/2020 à 9:34
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Merci, on peut voir les soldats néolibéraux détourner les yeux et faire semblant de ne pas regarder vos remarquables analyses, défendre la vérité dans un système reposant sur le mensonge c'est compliqué.

à écrit le 11/04/2020 à 8:33
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des banques qui pretent a 25 ans a 2% en empruntant a 1% sur 10 ans et sans connaitre la structure des taux, et avec des clients au profil parfois douteux et sans apport personnel, je pense qu'on en reparle dans un an quand les prmiers defauts auront...

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