Le véhicule électrique doit devenir accessible

OPINION. Les voitures électriques sont l'avenir. Elles n'émettent pas de CO2 à l'échappement, sont agréables à conduire, et leur coût d'entretien est faible. Demain, nous roulerons tous à l'électrique. Pourtant, il est indéniable qu'aujourd'hui, ces voitures sont inaccessibles pour de nombreuses personnes. Par William Todts, directeur exécutif de l'ONG Transport & Environment (T&E).
(Crédits : DR)

La situation est amenée à changer avec l'augmentation de la production de voitures électriques et de batteries. Mais on ne peut pas se contenter d'attendre. Dans cinq ans, de nombreux ménages aisés auront peut-être opté pour l'énergie solaire, les pompes à chaleur et les véhicules électriques. Pendant ce temps, les ménages modestes conduiront toujours des voitures à essence, coûteuses en carburant et néfastes pour la santé. Cette situation n'est pas acceptable, ni sur le plan social, ni sur le plan politique.

Les populistes aiment présenter la transition climatique comme un complot des élites conduisant des Tesla. S'ils ont tort de s'opposer à l'action climatique, ils ont raison de dire que nous avons besoin d'une révolution dans notre façon de soutenir les énergies plus propres que le pétrole. Les véhicules électriques sont un excellent point de départ pour cela.

Le problème des subventions aux voitures électriques

De nombreux gouvernements misent sur les subventions à l'achat pour faire baisser le prix des véhicules électriques. C'est une erreur.

Les normes européennes sur les émissions de CO2 des véhicules obligent les constructeurs automobiles à vendre un certain nombre de voitures électriques. Dans ce contexte, les subventions accordées aux voitures électriques ne créent pas d'offre supplémentaire. Ce qui se produit en revanche c'est un « shopping des subventions » : les constructeurs automobiles fabriquent des voitures chères en comptant sur les subventions. Or, seuls les plus riches peuvent dépenser plus de 20 000 euros pour une voiture neuve, un montant en-dessous duquel on trouve très peu de modèles électriques.

Enfin, les taxes et les incitations basées sur les émissions de CO2 n'incitent pas les constructeurs automobiles à mettre sur le marché des petites voitures électriques abordables. Compte tenu de la tendance générale à la montée en gamme et de la trajectoire des normes de CO2, nous risquons d'attendre longtemps pour avoir des voitures électriques à bas prix. Et lorsque ce sera le cas, l'autre risque est de voir la Chine truster ce segment. Nous avons donc besoin d'une stratégie européenne pour les véhicules électriques d'entrée de gamme. Ce sont les véhicules dont beaucoup d'Européens ont besoin.

Le leasing social pour les personnes aujourd'hui éloignées de l'électrique

Le succès phénoménal de l'automobile est souvent attribué à Henry Ford, qui a réduit les coûts de production. Mais l'invention du financement automobile moderne par General Motors a été tout aussi importante. Alors que Ford insistait pour que les gens paient comptant leur modèle T, General Motors a inventé les prêts automobiles et le crédit à la consommation, éliminant ainsi le problème du capital de départ et augmentant massivement le nombre de personnes pouvant s'offrir un véhicule.

C'est exactement ce dont nous avons besoin aujourd'hui. Des véhicules tels que la Peugeot e-208, la Renault Zoé ou la Dacia Spring peuvent aujourd'hui être loués à partir d'environ 300 euros par mois. Un système de leasing social, tel que proposé par T&E, reposant sur une subvention relative au revenus, permettrait aux personnes dépendantes de l'automobile au quotidien de louer des véhicules à partir de 100 euros par mois pour une mini-citadine. Si l'on étend ce système aux micro-voitures, les loyers pourraient être encore plus bas. Cette politique viserait les ménages qui sont aujourd'hui particulièrement éloignés de l'électrique.

Ce système de leasing social, reposant sur des véhicules dédiés, aurait un intérêt majeur pour la filière : il créerait un marché additionnel, avec des volumes prédéfinis et croissants, et des coûts marketing limités. Il permettrait des conditions favorables à la production de petits véhicules, en France et en Europe, et serait en mesure de réduire significativement les prix. L'étude de T&E montre qu'avec 800 millions d'euros par an - l'équivalent du bonus écologique -, 900 000 citoyens pourraient avoir accès à une voiture électrique. Comparé au coût des subventions aux énergies fossiles via les réductions des taxes sur les carburants, ou au coût géopolitique de notre dépendance au pétrole, ce montant est presque insignifiant.

Avec une électricité produite à partir d'énergie renouvelable et à coûts maîtrisés, l'installation de bornes de recharge dans les quartiers à faibles revenus et dans les logements sociaux, le leasing social des voitures électriques pourrait devenir un brillant exemple d'une action climatique bien menée.

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Commentaires 8
à écrit le 06/06/2023 à 1:51
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Le principe est louable, mais il manque cruellement de détails pour juger cette option. Le problème que je vois est qu'avec telle subvention (<75 €/mois (800 M€ par an/900.000 citoyens mentionnés) il est difficile de descendre le prix à 100 €/mois po...

à écrit le 03/06/2023 à 17:16
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D'ici la fin de la décennie le cout du véhicule électrique ne sera plus un sujet ; l'innovation tant technologique que commerciale d'un côté et l'effet de la concurrence de l'autre feront que les prix d'achat ou d'usage seront abordables pour le pl...

le 03/06/2023 à 17:41
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C'est plus rentable de fabriquer de grosses voitures électriques, c'est pour ça qu'on voit peu de 'petites', pas la peine de se décarcasser pour si peu de bénéfice (ça se voit quand c'est trop margé, mais cher quand on peu, là y a du gras à se faire ...

à écrit le 03/06/2023 à 13:55
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Croire que promouvoir les déplacements inutiles est un facteur de croissance, c'est être à coté de la plaque !;-)

à écrit le 03/06/2023 à 11:01
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C'est le mauvais timing, à la limite de la schizophrénie générale même mais définition du néolibéralisme nihiliste par principe, tandis que nos classes dirigeantes paupérisent les peuples occidentaux, pourquoi pas, on leur demande de payer deux fois ...

le 03/06/2023 à 13:04
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Merci de respecter les schizophrènes, la schizophrénie est une maladie mentale grave qui n'a rien à voir avec la politique

le 03/06/2023 à 17:04
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Une pratique longue de la politique entraine de la schizophrénie, c'est obligé, on ne peut pas se mentir autant de temps à soi-même sans subir de séquelles au cerveau, ya rien d'insultant la dedans seulement de la technique.

à écrit le 03/06/2023 à 10:39
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Déjà, quand je vois le mot "ONG", je sais que le type sera hors sol

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