Maîtrisons l'inflation grâce à la technologie verte ?

OPINION. Depuis la crise financière mondiale de 2008, l'inflation de l'UE a été constamment faible. Mais avec la pandémie et l'excès de liquidité, l'inflation enregistre une accélération inattendue et semble se prolonger. Pourquoi la BCE n'arrive-t-elle pas à maîtriser cette inflation ? Comment bâtir la France de 2030 ? Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière.
(Crédits : Kai Pfaffenbach)

La pandémie et les principaux facteurs de l'inflation. L'inflation est de retour à cause de plusieurs éléments, la fragilité des chaînes d'approvisionnement, des coûts de transport plus élevés : l'augmentation des prix des matières premières, l'offre de pétrole, l'augmentation de la demande globale, la pénurie de main-d'œuvre et la création excessive de monnaie. Depuis douze ans, les économies européennes sont restées sans une forte inflation. En France de 2013 à 2021, le taux d'inflation moyen est même inférieur à la moitié de son objectif soit 0,84%. Pour 2022, il faut s'attendre à une inflation en hausse. Elle est partie pour durer et pénaliser les ménages, compte tenu du rebond inattendu des faillites des entreprises et le manque d'offres pour répondre à la demande en cas de pénurie de main-d'œuvre. Avec cette remontée de l'inflation, la BCE ne devrat-elle pas arrêter les rachats des titres des dettes publiques ? La France ne devrat-elle pas investir dans de nouvelles technologies pour développer des produits climatiquement neutres ?

Technologies et crises

Le progrès technologique fait référence à la découverte de méthodes nouvelles pour améliorer la production de biens. La révolution scientifique du 17e siècle dépendait de manière critique du développement technologique d'instruments, comme le microscope, qui nous ont permis de voir des choses qui seraient autrement restées invisibles. Au 20e siècle, l'impact des nouvelles technologies sur la croissance est encore plus apparent comme par exemple la cristallographie aux rayons X, développée en 1912. La crise de 1974 est stoppée par le grand virage libéral des années 1980 et par le choc des nouvelles technologies informatiques à partir de 1985. Pourtant pour sauver nos économies en 2008 et créer le choc nécessaire, les banques centrales utilisent des solutions monétaires. Elles abaissent leurs taux directeurs jusqu'à zéro. Elles injectent beaucoup de liquidités et rachètent de la dette publique et privée. En 2020 elles prennent le même chemin et les États comme la France empruntent massivement pour soutenir leur économie. Pour sortir de la crise de la Covid19 et combattre l'inflation, le virage libéral doit céder sa place à un virage écologique. Il faut innover dans de nouvelles technologies vertes et numériques. Les changements technologiques entraînent une augmentation de la productivité du travail, du capital et d'autres facteurs de production. Les nouveaux produits doivent être climatiquement neutres et conformes au pacte vert européen.

La politique monétaire

 En règle générale, c'est la politique monétaire qui détermine l'inflation, mais avec la pandémie bien d'autres facteurs viennent s'ajouter. Il est donc difficile d'apprécier à court et moyen termes si l'inflation est due à des taux directeurs bas ou au non-resserrement des programmes de rachat des titres souverains. L'inflation réagiratelle plus à la politique monétaire de la Banque centrale européenne ou à des facteurs structurels comme la mondialisation et l'importance des investissements technologiques ? Avec les accords de libre-échange, l'impact de la mondialisation sur l'inflation s'est affaibli au cours des dernières années, tandis que la technologie exerce un rôle plus important dans les secteurs de l'environnement et du numérique, etc.

L'excès de liquidité réduit l'efficacité de la politique monétaire sur la maîtrise de l'inflation. En général l'excès de liquidité devrait être réaffecté vers les marchés à long terme avant que l'activité économique se renforce, ce qui n'est pas le cas avec l'augmentation inexplicable de la Bourse pendant cette pandémie. S'il existe encore un excès de liquidité dans un contexte de forte croissance après une récession, la demande globale impliquera une inflation à moyen terme. Dans le contexte actuel des tensions géopolitiques en Europe, le retard d'intervention de la Banque centrale européenne augmente le risque d'hyperinflation.

Une économie peut-elle croitre sans inflation ?

Si, au lieu de faire des prêts immobiliers aux particuliers, les banques prêtent plus aux entreprises pour des investissements productifs alors ces prêts entraînent des progrès technologiques, de nouveaux emplois, etc. Les salaires augmenteront sainement, le chômage restera faible et l'inflation pourra être maitrisée. En revanche si les banques prêtent excessivement à des placements immobiliers hors résidences principales ou spéculatives comme en 2021 avec une hausse record des transactions et des prix, le résultat est de l'inflation élevée et une faible augmentation des salaires. Avec la possibilité des entreprises d'augmenter leurs capacités de production pour suivre la demande, l'inflation pourra rester faible et durable. Sinon les entreprises vont réagir à la pénurie d'offres en faisant monter leurs prix. Cette augmentation entraînera de l'inflation.

La technologie absorbe l'inflation dans une production climatiquement neutre de produits respectueux de l'environnement. La principale difficulté aujourd'hui est de lutter contre l'inflation tout en combattant le CO2. La technologie verte permettra à de plus en plus d'entreprises et d'industries de franchir un point de résilience. La production de biens et de services pourrait ainsi évoluer plus rapidement que la demande des consommateurs. Le prix de ces biens ne devrait pas augmenter même si la demande augmente. Il devient plus facile de satisfaire la demande du marché pour des produits novateurs et écologiques. Autrement dit, si l'offre du bien peut toujours répondre à la demande, il n' y aura pas de place pour l'inflation. Cela signifie une production plus élevée pour un coût et des prix inférieurs. Une autre explication serait de bénéficier d'une offre d'investissement importante qui créerait une croissance avec des salaires stables : un développement rural et écologique avec un déplacement massif de salariés des villes vers la compagne. Les salaires restent contrôlés aidant ainsi l'inflation à rester faible.

France 2030 et inflation

Avec 8 milliards d'euros sur 5 ans pour le nucléaire et 6 milliards d'euros sur 5 ans pour le transport du futur et une alimentation saine, la répartition des sommes est-elle équilibrée ? Les 34 milliards d'euros du plan "investissements d'avenir" risqueront d'être financés par des emprunts d'État qui bénéficieront d'une grande liquidité et une accentuation de l'inflation. Cet investissement peut être déflationniste pour des raisons opposées à la justice climatique et sociale. Il va exercer une pression à la baisse des salaires et du niveau de vie ; ou conduira à une production de déchets radioactifs dont une grande partie restera dangereuse pendant des centaines de milliers d'années pour les générations futures.

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Commentaires 2
à écrit le 26/01/2022 à 14:50
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Cela m'embête de dire cela, cet article est nul , c'est pas l'hénergie verte qui évitera l'inflation , ils se tourne un film.

à écrit le 25/01/2022 à 11:23
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Si la solution est de faire comme d'habitude, le résultat sera habituel! Mais, on ne nous propose pas de sortir de cette "politique de l'offre" qui ne vit que d'innovation permanente avec publicité pour les écouler!

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